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La quasi totalité des quotidiens font leur Une sur "Un drame national"

L'ensemble des journaux titrent sur la tuerie de Toulouse, ce mardi 20 mars. "La France horrifiée" écrit Le Figaro. "La tragédie qui bouleverse la France", commente Le Parisien. La presse quotidienne régionale est à l'unisson.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les quotidiens nationaux, le 20 mars 2012. (CR)

L'ensemble des journaux titrent sur la tuerie de Toulouse, ce mardi 20 mars. "La France horrifiée" écrit Le Figaro. "La tragédie qui bouleverse la France", commente Le Parisien. La presse quotidienne régionale est à l'unisson.

Au lendemain du drame de Toulouse, tous les quotidiens français relatent l'événement.

Libération a opté pour un fond noir sur lequel sont inscrits l'identité et l'âge des quatre victimes de Toulouse lundi, et des trois militaires français tués la semaine dernière.

Libération (François Sergent)

"En l'état de l'enquête, dans le feu de la campagne électorale, les candidats, et le candidat-président en particulier, doivent se garder de toute surenchère, interprétation abusive ou exploitation politicienne de ces crimes. (...) Entre la juste solidarité et la compassion avec la communauté juive une nouvelle fois touchée et la récupération, le chemin est étroit. Jusqu'à présent, les candidats ont évité tout dérapage. Limitant même pour un jour leurs apparitions et déclarations publiques. Face à ces drames, l'union nationale, concept souvent galvaudé, est la seule réponse digne. Ce sera l'hommage le plus juste à rendre aux trois soldats, aux trois enfants juifs et à leur professeur assassinés. Les électeurs devront tenir comptables le ou les candidats qui s'écarteraient de ce geste républicain."

Le Figaro (Yves Thréard)

"Il y a le tueur ou les tueurs. Tueur de masse plutôt qu'en série, selon les psychologues. En pareilles circonstances, on a du mal à comprendre qu'un début de logique préside à semblable délire. Si ce ne sont pas des actes gratuits, la vengeance, le terrorisme, le racisme, pris isolément ou ensemble, en sont-ils les ressorts ? On peine à imaginer que le motif, quel qu'il soit, puisse être dissocié d'une folie suicidaire. Une chose est sûre : l'assassin a le souci de sa publicité et de la mise en scène de sa barbarie. Les candidats à la présidentielle ont suspendu leur campagne. Le débat politique, ses joutes et ses petites phrases sont mis entre parenthèses.

Mais la France, en deuil, meurtrie, consternée, ne doit pas rester prostrée. Elle doit s'interroger pour mieux assurer la protection de tous les citoyens. 'Sans distinction d'origine, de race ou de religion', précision de notre Constitution que cette tragique actualité commande de conserver."

La Croix (Dominique Quinio)
"(...) De telles folies meurtrières, de la Norvège aux États-Unis, bouleversent sporadiquement les sociétés occidentales. Brutales, terrifiantes, incompréhensibles. Culpabilisantes. Et chacun de chercher des explications et des responsabilités. Dans les images de violence qui envahissent les écrans et certains jeux, dans la circulation des armes, dans les discours de rejet et de racisme qui peuvent alimenter (...) les délires de certains cerveaux fragiles et perméables aux idéologies d'exclusion.

(...) Puisse ce drame inciter les différents responsables politiques à la retenue et à la prudence, dans l'usage des mots, dans l'agitation des antagonismes, dans la dénonciation de boucs émissaires. Que la campagne électorale, si bavarde (...) observe de longues minutes de silence, en hommage à trois enfants et quatre jeunes adultes arrachés à leur famille, aux blessés luttant pour leur vie, au nom d'une communauté nationale qui n'a pas su les protéger."

L'Humanité (Jean-Paul Piérot)

"(...) Affirmer que de tels crimes justifient une réponse commune de la République ne signifie pas qu'il faille interrompre le débat démocratique. L'exigence de dignité interdit à quiconque d'instrumentaliser ces crimes et la douleur qu'ils provoquent pour tenter de modifier le cours de la campagne électorale. On veut espérer que ne viendra à l'esprit de personne la tentation d'échapper au débat sur le bilan social et économique du quinquennat et sur les projets pour la France par une exploitation habile et cynique de cette série de meurtres."

L'Alsace (Francis Laffon)

"(...) L'auteur de cet acte barbare a pris notamment pour cible des enfants, eux dont toute société sacralise la protection. Comme elle sacralise la mort, autre principe universel que bafouent parfois la démence et le délire. À la déraison absolue, toute collectivité démocratique se doit de répondre par la seule volonté de savoir, de comprendre et de punir, en se gardant de tout sentiment de vengeance. (...) Il n'échappe à personne que la campagne présidentielle vient d'entrer dans sa phase officielle. (...) Jusqu'ici, redisons-le, l'unité de la compassion domine. En période électorale, le cynisme est cependant une tentation qui peut grandir. Pointer la menace est une manière de l'exorciser."

Sud Ouest (Yves Harté)
"(...) Voilà pourtant longtemps que l'on pensait la France préservée de ces miasmes. Comme si notre pays n'en savait pas assez de son histoire, de ses guerres et de ses souffrances, pour en avoir extirpé la racine de ce qui conduit à un tel geste. Ce n'est pas simplement la communauté juive qui, depuis hier, est en deuil. C'est un pays entier qui pleure ses enfants. Prenons garde. Il y a des phrases qui vont comme des mouches noires, laissant derrière elles de putrides idées.

Il est heureux que, depuis hier, on puisse faire une pause dans une campagne présidentielle dont la tonalité mauvaise et les arguments employés n'augurent rien de bon. Car on oublierait volontiers que montrer l'autre du doigt arrive, un jour, à le désigner avec un pistolet. Et que la fraternité s'inscrit au même titre que la liberté au front de notre patrie. S'il est un seul souhait à proposer en un instant qui ne doit être que de silence, c'est que nul n'oublie que tous les mots que nous prononçons peuvent à tout instant se charger de poudre. Et se changer en balles."

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