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La proposition de la SNCF pour SeaFrance ? "Du grand n’importe quoi", répond la CFDT

La réponse n'a pas tardé. Moins de 24 heures après la proposition de reclassement du patron de la SNCF, le secrétaire du comité d'entreprise de SeaFrance l'a qualifiée de "peu crédible", jeudi 5 janvier, sur France Info, ajoutant "c'est du vent".
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'avenir de SeaFrance sera tranché par le tribunal de commerce de Paris, le 9 janvier 2011. (AFP - Denis Charlet)

La réponse n'a pas tardé. Moins de 24 heures après la proposition de reclassement du patron de la SNCF, le secrétaire du comité d'entreprise de SeaFrance l'a qualifiée de "peu crédible", jeudi 5 janvier, sur France Info, ajoutant "c'est du vent".

Sans présager de l'issue de la réunion de travail prévue jeudi 5 janvier entre le ministre des Transports,Thierry Mariani, les représentants de la SNCF et les salariés de SeaFrance, ces derniers ont déjà fait savoir ce qu'ils pensent de l'offre du patron du rail..

"C'est du vent", "du grand n'importe quoi", a déclaré le matin même sur France Info, Eric Vercoutre, le secrétaire du comité d'entreprise de SeaFrance. "On veut encore nous parler de reclassements alors que ce n'est pas le corps de métier des marins...", a-t-il fait valoir.

Reportage France 2 Olivier Sibille et Dominique Mas, 5 janvier 2012

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Mercredi soir, le patron de la SNCF, Guillaume Pépy, s'était dit prêt à proposer un reclassement dans l'entreprise à "l'ensemble des salariés" de SeaFrance.

Deux refus en quatre jours

La réponse adressée à la SNCF n'est pas le premier coup de colère des salariés de SeaFrance.

Dans une lettre adressée mercredi 4 janvier en réponse à Nicolas Sarkozy, les leaders de la CFDT de l'entreprise, dont le projet de Scop est le seul en lice pour sauver la compagnie en liquidation judiciaire, ont jugé irréalisables les propositions avancées deux jours auparavant par le président de la République.

Les artisans du projet de coopérative ouvrière (Scop) pour SeaFrance ont renvoyé mercredi la balle dans le camp de M. Sarkozy.

Ce dernier avait décliné en début de semaine un plan de sauvetage en quatre volets : la liquidation de l'entreprise, le licenciement des salariés, le versement par la SNCF, propriétaire de la société, de fortes indemnités pour leur permettre de les réinjecter dans la coopérative, sans oublier le rachat des bateaux par la compagnie ferroviaire, qui relouerait ensuite les ferries à la coopérative.

"Niet" ont répondu les membres de la CFDT. "La solution esquissée" par le chef de l'Etat "ne peut être envisagée en raison de l'insécurité juridique qu'elle engendre", ont-ils écrit en pointant toute une série d'obstacles juridiques, commerciaux et techniques.

Le fond du problème

Filiale à 100% de la SNCF, SeaFrance est la dernière société française à assurer la liaison maritime Calais-Douvres. Elle emploie 880 personnes à Calais (Pas-de-Calais) et génère au moins autant d'emplois indirects, mais elle est déficitaire.

La concurrence du tunnel sous la Manche ouvert en 1994 et la crise économique de 2008-2009 sont passées par là. En 2010, SeaFrance a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 151 millions d'euros mais a enregistré une perte nette de 240 millions d'euros.

Elle a donc été placée en liquidation judiciaire, le 16 novembre, avec maintien de l'activité jusqu'au 28 janvier, après le rejet du plan recapitalisation à hauteur de 160 millions d'euros par la Commission européenne au motif que celui-ci n'était pas conforme aux règles européennes de la concurrence.

Depuis, le seul projet de reprise de SeaFrance est celui d'une coopérative défendu par la CFDT Maritime Nord. Mais il y manque 50 millions d'euros.

Un "trou" qui risque de peser fort lundi 9 janvier, date à laquelle doit statuer le tribunal de commerce de Paris sur ce projet de reprise.

Les solutions des autres candidats

Interrogé sur le dossier, François Hollande a défendu l'idée d'une intervention directe de l'Etat "via une banque publique d'investissement qui n'est pas là aujourd'hui". "Il y a le FSI - c'est un fonds qui pourrait être dédié à l'investissement - qui aurait pu participer", a-t-il déclaré le 3 janvier sur France 2.

Pour le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, la seule solution est de monter une société coopérative d'intérêt collectif, et pas une "Scop classique".

Cela "permet d'associer les salariés, les collectivités locales, des investisseurs privés, des usagers et l'Etat lui-même" permettant "non seulement de sauver l'entreprise, mais de l'arrimer au service public des transports", écrit-t-il dans un communiqué. "Une telle solution nécessite de désobéir aux diktats de la Commission européenne, qui interdit à l'Etat d'investir dans une entreprise privée. Et cela, Sarkozy refuse de le faire", insiste-t-il.

Le candidat du Nouveau Centre, Hervé Morin, a lui fait part de son "étonnement" devant la position de M. Sarkozy dans le dossier. "Il ne faut pas oublier que, coopérative ouvrière ou non, une entreprise n'existe que si elle a devant elle un marché, que si elle est en mesure de pouvoir développer son activité".

Sur ce dernier point, beaucoup de gens le pensent.

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