La primaire à gauche fait des émules à droite
En déclarant mercredi que la primaire est un "processus moderne qui convient à droite comme à gauche", le Premier ministre François Fillon a dit tout haut ce qui se murmurait tout bas depuis plusieurs semaines dans les rangs de l'UMP.
"C'est un processus que nous avons nous-mêmes dans les statuts de l'UMP pour désigner des candidats à de futures élections, à condition de ne pas avoir le président sortant, comme c'est le cas actuellement", a-t-il précisé.
Longtemps affublée de tous les maux par la majorité, la primaire socialiste donne donc désormais des idées à la droite française pour les futures élections.
Les trois débats entre les candidats à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012 en France ont fait des jaloux parmi leurs adversaires politiques.
Leur forme, non conflictuelle et plutôt promotionnelle par rapport aux affrontements médiatiques traditionnels, et surtout l'exposition qu'ils ont donnée aux ténors socialistes ont attiré l'attention de la majorité.
La déclaration de François Fillon:
Il est donc exclu d'y avoir recours pour la présidentielle de 2012, a ainsi affirmé le chef du gouvernement, sans convaincre François Hollande.
Le favori de la primaire socialiste, dont le premier tour aura lieu dimanche, a en effet réagi aux propos du Premier ministre, sans attendre le coup d'envoi du dernier débat.
"Si le Premier ministre a trouvé que ça pouvait intéresser la droite, je me demande pourquoi il ne le fait pas pour 2012. Pourquoi attendre 2017 ? Si c'est une bonne procédure, il faut la faire aussi à droite", a dit amusé le député de Corrèze.
La primaire n'est plus taboue à l'UMP
Il n'y a cependant pas que la gauche pour poser le problème. Des voix s'élèvent à l'UMP, notamment celle du député Bernard Debré, pour organiser une primaire pour les élections municipales de 2014 à Paris ou la présidentielle de 2017.
François Fillon, auquel on prête l'intention de briguer la mairie de Paris dans trois ans pour s'en servir de tremplin pour la prochaine présidentielle, et Jean-François Copé, candidat déjà déclaré pour 2017, sont naturellement concernés au premier chef.
"Je n'ai pas combattu ces primaires", a dit jeudi sur Europe 1, le secrétaire général de l'UMP, pourtant souvent acerbe envers la compétition interne des socialistes.
La droite avait en effet ouvert le feu dès l'été en critiquant l'existence même de la primaire socialiste, ouverte à tous les électeurs, et le supposé danger de "fichage" qu'elle représentait.
Le principe de la primaire, cependant, n'est aujourd'hui plus tabou dans ses rangs, comme l'a clairement indiqué jeudi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse. "J'ai toujours défendu le processus des primaires qui permet de faire émerger des candidatures plus originales", a dit sur Radio Classique la ministre du Budget, à qui l'on prête l'intention de se lancer dans la course pour la présidentielle de 2017.
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