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La lettre de Sarkozy "au peuple français" : une copie de Mitterrand 1988 ?

Nicolas Sarkozy a décidé de s'adresser au "peuple français" au moyen d'une lettre. Une démarche qui n'est pas sans rappeler la "lettre à tous les Français" qu'avait écrite François Mitterrand lors de la campagne de 1988. Ressemblances et différences.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La lettre de Nicolas Sarkozy "au peuple français" (DR)

Nicolas Sarkozy a décidé de s'adresser au "peuple français" au moyen d'une lettre. Une démarche qui n'est pas sans rappeler la "lettre à tous les Français" qu'avait écrite François Mitterrand lors de la campagne de 1988. Ressemblances et différences.

Nicolas Sarkozy s'est-il inspiré de François Mitterrand pour écrire sa "lettre au peuple français" ? Les deux documents, logiquement très différents sur le fond, présentent cependant de nombreux points communs sur la forme.

Par ailleurs, la lettre de Nicolas Sarkozy est plus courte que celle de François Mitterrand : 76 694 caractères contre 108 719.

La couverture :

Comme "la lettre à tous les Français" de François Mitterrand en 1988, la couverture du document de Nicolas Sarkozy affiche un texte calligraphié "mes chers compatriotes", terme que François Mitterrand emploie lui à la fin de sa lettre.

Comme le texte de 1988, la lettre est bordée d'un triple liseré. Il est tricolore chez Nicolas Sarkozy. Il était en noir et blanc chez François Mitterrand en 1988.

L'ouverture :
Les deux lettres ouvrent sur une justification de la missive. Citations :

-Sarkozy :
je veux m'adresser à chacun de vous. Je veux le faire le plus directement possible, sans aucun intermédiaire. Je veux le faire par écrit, car l'écrit demeure, l'écrit engage.

-Mitterrand :
J'ai choisi ce moyen, vous écrire, afin de m'exprimer sur tous les grands sujets qui valent d'être traités et discutés entre Français, sorte de réflexion en commun, comme il arrive le soir, autour de la table, en famille.

La justification de la candidature
Les structures des deux lettres se ressemblent.

-Sarkozy
J'ai longuement réfléchi avant de prendre la décision de me présenter à l'élection présidentielle. J'ai conscience de l'honneur que vous m'avez déjà fait en m'accordant vos suffrages en mai 2007. Je sais la détermination, l'imagination, l'engagement de chaque instant qu'exige l'exercice de cette fonction.

-Mitterrand
J'achève un septennat qui, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, a connu l'alternance, c'est à dire le changement de majorité parlementaire, et ce à deux reprises, dont l'une, en 1986, aurait pu déboucher sur une crise grave. Tout en m'inclinant, comme c'était mon devoir, devant la volonté populaire, j'ai maintenu, grâce à votre confiance, l'autorité de ma fonction. C'est de cette confiance que je me réclame aujourd'hui pour que nous tirions ensemble la leçon de ces événements.

La conclusion
Là encore, Nicolas Sarkozy s'inspire de François Mitterrand. Les deux lettres se terminent par une citation. De Gaulle pour Sarkozy. Jaurès pour Mitterrand. Comme Mitterrand, Sarkozy termine sa lettre par sa signature.

-Sarkozy
La France est un grand pays, une grande nation. Les Français sont un grand peuple.
Souvenons-nous de ces paroles du général de Gaulle : «Si nous n'étions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche. Mais nous sommes le peuple français.»
Je sais que vous aimez la France. Je veux vous convaincre qu'il faut avoir foi en elle.
Françaises, Français, plus que jamais cette France gravée dans votre coeur a besoin de vous.
J'ai besoin de vous.
Aidez-moi à construire la France forte.

-Mitterrand
Mes chers compatriotes, la vraie responsabilité politique oblige à prendre en compte les problèmes de société tels qu'ils se posent et se transforment. Elle oblige aussi à rappeler à tous que rien n'est jamais donné, qu'une vie se construit à chaque instant, que l'effort est la loi.

" Aller à l'idéal et comprendre le réel ", enseignait Jean Jaurès aux lycéens d'Albi, Jaurès dont je m'inspire.

Vous reconnaîtrez dans ces mots, je l'espère, l'ambition du projet qui m'engage auprès de vous pour les années à venir. Mais quel homme, quel groupe d'hommes y suffirait ? La France unie, elle, le pourra.

Croyez, mes chers compatriotes, à mes fidèles sentiments.

La lettre aux Français de Mitterrand en 1988 (DR)

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