La Cour des comptes pointe du doigt les politiques de l'emploi
La Cour des comptes a
analysé les politiques françaises en matière d'emploi, et son bilan est sans
appel : le dispositif "reste largement inadapté à un contexte de chômage
durablement élevé ", selon le rapport publié ce mardi. En cause, des "instruments
de politique de l'emploi parfois obsolètes ", notamment concernant
l'assurance chômage et la formation professionnelle continue.
D'un déficit de 9
milliards d'euros en 2010, l'assurance chômage est passée à un chiffre qui
pourrait atteindre 18,5 milliards de déficit en 2013. Un régime dont le
financement deviendrait "difficilement soutenable ", notamment
à cause de l'indemnisation des intermittents, qui représente "un
milliard d'euros de déficit au profit de seulement 3% des demandeurs d'emplois ".
Le système d'assurance chômage,
bien que "plus protecteur " que dans d'autres pays (car plus
accessible et avec une durée d'indemnisation plus longue), s'est par ailleurs
développé au profit des indemnisations au titre d'une activité réduite, selon
la Cour des comptes, qui chiffre à 45% des bénéficiaires en 2011 ceux qui
exerçaient une activité à temps partiel. Soit "une perte d'efficacité
sur la couverture des demandeurs d'emplois ", affirme le rapport.
Une superposition sans
coordination
Alors que la crise a
aggravé le "dualisme du marché du travail ", avec d'un côté des
"salariés protégés à l'emploi stable ", et de l'autre des "travailleurs
plus exposés ", plusieurs dispositifs n'ont pas fait leurs preuves,
comme celui des contrats aidés qui "n'ont pas permis d'obtenir des
résultats satisfaisants ". De même, la formation professionnelle
continue présente elle aussi des lacunes, n'étant pas assez orientée vers les
publics en difficulté, selon le rapport.
La Cour des comptes pointe
enfin le fait que les différents acteurs des politiques d'emploi, à savoir
l'Etat, les régions, les partenaires sociaux, et les opérateurs tels que Pôle
emploi, mènent des actions qui "se superposent sans véritable
coordination ". Par exemple, si l'Etat définit les politiques à mener,
ce sont les collectivités qui sont chargées de la formation professionnelle.
"Cette multiplicité de centres de décision ne facilite pas la mise en
place de politiques ciblées ", affirme le rapport.
Alors que la réforme du marché du travail doit être
présentée au Conseil des ministres en mars, après que patronat et syndicats
sont parvenus à un accord le 11 janvier dernier, la Cour des comptes adresse au
gouvernement 26 propositions pour réorienter ces politiques. Lors de ses vœux aux
Français en fin d'année, François Hollande a déclaré vouloir faire de l'inversion
de la courbe du chômage sa priorité pour 2013.
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