La classe politique est révoltée par l'incendie criminel contre Charlie Hebdo
La rédaction du journal satirique Charlie Hebdo a été la cible d'un incendie criminel la veille de la publication d'un numéro spécial rebaptisé "Charia Hebdo". A droite comme à gauche, les responsables politiques sont scandalisés.
L'incendie volontaire de la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, qui publie mercredi un numéro spécial rebaptisé "Charia Hebdo", en référence à la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie avec en une la caricature du prophète Mahomet hilare, provoque de vives réactions dans la classe politique.
Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë s'est dit "révolté" par cet incendie. "Je veux condamner avec la plus grande fermeté cet acte de violence qui est aussi un acte de violence contre la liberté d'expression", a-t-il lancé sur RMC et BFMTV. "On peut ne pas être d'accord avec le numéro de Charlie Hebdo mais nous sommes dans une société qui a besoin d'une liberté d'expression", a ajouté M Delanoë.
Le maire de la capitale a même offert son aide au journal : "Cette attaque me révolte et si je peux aider Charlie Hebdo à retrouver des locaux pour pouvoir faire vivre son journal et sa liberté je le ferai."
François Hollande, le candidat du parti socialiste à l'élection présidentielle a fait part de via son compte Twitter. Le favori des sondages n'a pas hésité à le "fondamentalisme religieux sous toutes ses formes" qui, selon lui, "doit être dénoncé."
Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à la présidentielle, a qualifié de "répugnant" l'incendie dont a été victime Charlie Hebdo, dans l'hypothèse où serait confirmé son caractère criminel. "Si c'est un incendie volontaire, c'est tout à fait répugnant, je veux dire ma sympathie mon affection à l'équipe de Charlie Hebdo , je suis sûr que le journal va trouver la force en lui de rebondir", a-t-il déclaré sur Europe 1.
M. Mélenchon a également tenu à appeler les auditeurs et le public à "avoir la discipline intellectuelle de ne pas confondre une poignée d'imbéciles, d'abrutis qui seront rudement châtiés, je l'espère, avec la masse de nos compatriotes musulmans qui pratiquent leur foi en toute tranquillité."
Le premier ministre, François Fillon, a fait part de son indignation et a demandé au ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, que "toute la lumière soit faite" et que "les auteurs soient poursuivis." "La liberté d'expression est une valeur inaliénable de notre démocratie et toute atteinte à la liberté de la presse doit être condamnée avec la plus grande fermeté. Aucune cause ne saurait justifier une action violente", affirme dans un communiqué M. Fillon.
Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie, a estimé que les auteurs de l'incendie et du piratage du site internet du journal sont des "ennemis de la démocratie." Sur France Info, NKM a insisté : "Attaquer un journal physiquement dans ses locaux et son site Internet, c'est se désigner comme un ennemi de la démocratie." "On ne négocie pas le droit de la presse à coup de bombe", a-t-elle asséné.
Xavier Bertrand, le ministre du Travail et de la Santé, s'est déclaré sur RTL "profondément choqué" par l'incendie. "Heureusement, a-t-il ajouté, que la liberté d'expression dans un pays comme le nôtre est garantie et protégée contre tous les excès et contre tous les arbitraires."
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a quant à lui condamné, s'il était avéré, "l'attentat" dont a été victime Charlie Hebdo. "Il est nécessaire que tous autant que nous sommes, quelles que soient nos sensibilités, nous condamnions avec la plus grande force ce qui n'est rien d'autre qu'un attentat contre un journal dans un pays qui doit incarner la liberté d'expression", a-t-il déclaré.
Eva Joly, candidate d'Europe écologie-Les Verts à la présidentielle, a apporté son soutien à la rédaction de Charlie Hebdo sur : "Tout mon soutien à la rédaction de Charlie Hebdo victime d'un incendie d'origine criminelle que je condamne fermement."
Corinne Lepage, candidate à la présidentielle de son parti écologiste Cap21, contre cet acte criminel sur son compte Twitter : "Brûler un journal est un acte de guerre contre les libertés d'expression et d'information. De tout coeur avec Charlie." Mme Lepage même aux journaux de publier demain la Une de Charlie Hebdo demain en signe de solidarité.
Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate et candidate à la présidentielle, condamne également ces violences. "Je condamne bien sûr, vous savez que l'église catholique a eu aussi son site qui a été piraté pendant le week-end ?", a-t-elle affirmé sur i-Télé. "Nous sommes un état laïc, toutes les religions et les croyances ont la possibilité d'exister", a-t-elle ajouté.
Marine Le Pen, présidente du Front national, en déplacement à Washington, a condamné l'incendie l'imputant à des "groupes politico-religieux décidés à contester le modèle laïc" de la France. "La multiplication de ces violences démontre que le gouvernement doit maintenant faire preuve de fermeté sur la montée de ces groupes politico-religieux qui imposent leur loi et, quand ils ne le peuvent pas, le font avec la violence".
Charlie Hebdo avait déjà reçu des menances en 2006 lors de la publication des caricatures du prophète Mahomet, qui avait fait scandale. Le tribunal correctionnel de Paris en 2007, puis la cour d'appel de Paris en 2008, avaient relaxé Philippe Val, alors directeur de la publication, après une plainte déposée par la Grande Mosquée de Paris et de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF).
A l'époque, Nicolas Sarkozy était ministre de l'intérieur, et avait manifesté son soutien au journal satirique en faisant lire une lettre écrite de sa main à son avocat le jour de l'ouverture du procès. "Je préfère l'excès de caricatures à l'absence de caricature, avait écrit Nicolas Sarkozy. Il avait pris parti pour Charlie Hebdo au nom de la "liberté de sourire de tout."
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