La campagne numérique de François Hollande, "un levier du militantisme"
Autour de Vincent Feltesse, l'équipe de campagne numérique de François Hollande a lancé lundi 12 mars ses "goûters du web". L'occasion de faire le point sur une campagne web destinée à encourager la mobilisation militante et les appels aux dons.
Quel dispositif ?
A partir de ce lundi 12 mars, l'équipe numérique de François Hollande a décidé d'organiser chaque semaine un "goûter du web" au quatrième étage du QG de campagne, avenue de Ségur à Paris, afin de faire le point sur l'activisme numérique et la mobilisation militante.
Coordonnée autour de Vincent Feltesse, maire de Blanquefort et président de la communauté urbaine de Bordeaux, l'équipe web du candidat socialiste compte 35 personnes auxquelles sont associés les dix membres de l'équipe web du PS. Un vaste dispositif qui leur a permis d'organiser des "ripostes-party" où les militants sont appelés à meubler les réseaux sociaux durant meetings et émissions politiques télévisées.
Avec un budget global de 2 millions d'euros (pour l'ensemble de la campagne), la machine est lancée depuis la Primaire avec deux sites web : toushollande.fr et francoishollande.fr.
La "bataille du web" est-elle gagnée ?
"Le web est plutôt à gauche", remarque, réjouit, Vincent Feltesse. "Lors du meeting de Villepinte, on a gagné la bataille des hashtags". Mais le responsable de l'équipe numérique de François Hollande ne sait que trop bien que gagner la bataille numérique ne signifie pas remporter celle des urnes. L'expérience de 2007 reste dans toutes les mémoires. "Il faut rester modeste", dit-il.
Ainsi, même si la campagne numérique 2012 prend de l'importance, "le web n'est pas encore devenu un média à part entière", ajoute l'élu socialiste, précisant que le site francoishollande.fr tourne autour de 40 000 visiteurs uniques, dont plusieurs pics au-dessus des 100 000. De bons chiffres certes, mais loin de rivaliser avec les audiences télés des passages des candidats dans les grandes émissions politiques comme Des paroles et des actes (#DPDA).
L'activisme numérique est donc conçu par l'équipe de campagne de François Hollande comme le prolongement de la campagne de terrain. Et se doit d'être d'abord un outil de mobilisation. C'est dans ce sens que le dispositif évolue. "Nous avons l'intuition que le web est un levier du militantisme et non pas sa base. Tous les efforts sont mis pour le 20 mars, lorsque débutera l'égalité du temps de parole", précise le Monsieur Web du candidat socialiste.
Quelles nouveautés ?
Pour être en ordre de marche le 20 mars, puis le 5 avril, début officiel de la campagne, l'équipe web de François Hollande avance dans plusieurs directions. "Nous souhaitons aller plus loin sur la mobilisation financière et physique, développe Vincent Feltesse. Nous avons pris le pari de travailler avec le PS sur de nouvelles formes de militantisme."
- Enrichir la base de données
Grâce à la Primaire socialiste, les équipes de campagne socialistes ont récupéré une importante base de données : "plusieurs centaines d'adresses mails et de numéros de téléphone", se félicite Vincent Feltesse. Par l'évolution des supports (une nouvelle mouture du site du PS est prévue ainsi qu'une nouvelle application pour smartphones et un site consacré aux procurations) et une approche de plus en plus ciblée, l'équipe de François Hollande espère "monter en puissance" sans acheter de bases de données. Au contraire de l'UMP, dénonce-t-on au QG du candidat socialiste. "Nous faisons une campagne militante et citoyenne, pas commerciale."
- Appel aux dons
Puisque l'argent est le nerf de toute lutte électorale, le web sert l'équipe du candidat pour faire des appels aux dons. Ce que Vincent Feltesse définit comme "la mobilisation financière". Mais surtout, via les canaux numériques, François Hollande appelle à des micro-dons de 2 ou 5 euros. Une application pour smartphones à cet effet devrait même être développée.
Un à deux appels aux dons seront donc lancés chaque semaine. Le premier a eu lieu le 8 février et 430 000 euros ont d'ores et déjà été récoltés.
- Segmentariser les contenus
Fort d'une bonne connaissance du web et d'une "analyse quotidienne quasi-scientifique" des chiffres et des statistiques, l'équipe numérique de François Hollande souhaite être "au plus près des personnes qui viennent sur nos sites", explique Vincent Feltesse. Soit, proposer du sur-mesure à l'internaute avec une "segmentarisation fine du public". Et des contenus.
"On fait l'effort de s'adapter à la demande des gens", explique-t-on à l'étage web du QG de campagne du député de Corrèze. Ainsi, puisque les contenus "décalés" fonctionnent, les sites de campagne du candidat vont développer leurs web-séries. Après le , une dizaine de synopsis a été listée. De même, le PS va poursuivre sa mise en ligne d'infographies hebdomadaires sur le bilan de Nicolas Sarkozy ainsi que multiplier les chats avec des personnalités de l'équipe de campagne de François Hollande.
- Faciliter le porte à porte
La prochaine étape de la mobilisation socialiste passe également par le porte à porte. Et pour cette opération de "mobilisation physique", Vincent Feltesse et son équipe comptent bien s'appuyer sur le réseau et les outils numériques.
Le site toushollande.fr va ainsi servir de base de données pour les militants qui pourront y voir les bureaux de vote les plus importants et ainsi "savoir où aller faire du porte à porte". L'outil doit également servir à recruter les 10 000 "mobilisateurs" espérés pour convaincre 5 millions de foyers. "François Hollande a intégré cette mobilisation numérique pour reproduire le principe de proximité quand il se déplace", explique le maire de Blanquefort. 65 000 portes auraient ainsi déjà "été ouvertes" et recensées sur leur site.
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