Cécile Duflot juge "inouï" l'abandon de l'encadrement des loyers par Manuel Valls
Cette promesse de campagne de François Hollande ne sera finalement appliquée qu'à Paris, "à titre expérimental".
C'était l'un des engagements de campagne de François Hollande et l'une des mesures phares de la loi Duflot : l'encadrement des loyers sera désormais "limité à Paris" et réalisé "à titre expérimental", comme l'a révélé Manuels Valls, vendredi 29 août, lors de la présentation d'un plan destiné à relancer le secteur immobilier. L'encadrement des loyers "a été voté par l'unanimité de la majorité et le Premier ministre tout seul annonce son abandon, c'est inouï !", a réagi l'ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot quelques heures après les annonces du Premier ministre. Elle juge la méthode "antidémocratique".
"Ce n'est pas ma loi, c'est la loi de la majorité, c'est la traduction de l'engagement numéro 22 de François Hollande", a-t-elle ajouté. Selon la députée Europe Ecologie-Les Verts, il s'agit d'un "cadeau fait aux lobbies". "On a cédé à une opération de communication et d'intoxication en oubliant des centaines de milliers, voire des millions, de personnes qui souffrent de la crise du logement", a poursuivi Cécile Dulfot, qui estime qu'"on avait les moyens d'agir".
Un tacle à Cécile Duflot ?
Alors qu'il dévoilait une batterie de mesures chocs visant à relancer la construction immobilière, Manuel Valls a expliqué au sujet de l'encadrement des loyers : "Nous avons assez de recul pour juger des difficultés de sa mise en œuvre", affirmant que "les conditions techniques ne seront pas réunies avant des mois, voire des années" pour une application à plus grande échelle.
Au passage, Manuel Valls a précisé que le dispositif Duflot, du nom de l'ancienne ministre du Logement, portera désormais celui de Sylvia Pinel, actuelle titulaire du portefeuille. Du côté d'EELV, certains y voit bel et bien une attaque personnelle du Premier ministre contre CécileDuflot. Les deux politiques entretiennent des relations extrêmement tendues et ce, déjà du temps où ils évoluaient au sein de la même équipe gouvernementale.
Loi #ALUR, c'est moi où #Valls piétine l'intérêt des locataires pour se venger politiquement? Bonjour le niveau de l'homme d'état...
— Julien Bayou (@julienbayou) 29 Août 2014
Les écologistes s'insurgent, mais pas uniquement
Sur les réseaux sociaux, de nombreux responsables d'Europe Ecologie-Les Verts ont condamné ce quasi abandon de l'encadrement des loyers, une des mesures emblématiques de la loi Alur. Parmi eux, la secrétaire nationale du parti Emmanuelle Cosse, invitée à l'université du PS, estime que "limiter l'encadrement des loyers revient à enterrer une mesure de justice sociale votée par toute la gauche".
Défaire autoritairement ce qu'ont voté les parlementaire après de longs débats, 1 belle manière de s'asseoir s/ le suffrage universel #alur
— Emmanuelle Cosse (@emmacosse) 29 Août 2014
Les écologistes ne sont pas les seuls à réagir sur le demi-tour annoncé par le Premier ministre. "La loi Duflot était un engagement de campagne de François Hollande, c'est donc le président de la République que Valls désavoue", affirme le député UMP Eric Ciotti. Tout comme l'élu socialiste frondeur, Daniel Goldberg.
La loi Duflot était un engagement de campagne de François Hollande, c'est donc le Président de la République que #Valls désavoue. #alur
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 29 Août 2014
Il y a une différence entre une application pragmatique d'#ALUR et renoncer à appliquer des mesures importantes de la loi
— Daniel Goldberg (@GoldbergDaniel) 29 Août 2014
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