L'Alsace est l'une des deux régions métropolitaines, avec la Corse, dirigée par l'UMP et pourrait basculer à gauche
A moins de quatre semaines du 1er tour des régionales, la prudence est de mise dans les états majors mais les troupes sont mobilisées.
La droite souhaite à tout prix conserver la région qu'elle avait déjà sauvée en 2004 mais la gauche, au vu de récents sondages, rêve d'un grand Chelem...
Outre la crise économique et les nombreuses suppressions d'emploi que connaît la région, le décès du président sortant, Adrien Zeller, a ouvert le jeu. UDF passé à l'UMP en 2002, l'élu se distinguait notamment pour son soutien à une décentralisation renforcée rendant les régions "plus fortes" et plus autonomes, thème porteur dans une région longtemps favorisée par sa proximité avec l'Allemagne et la Suisse.
Aujourd'hui, c'est Philippe Richert qui conduit les listes de la majorité. Face à lui, la gauche et les Verts se préparent. Jacques Fernique, leader d'Europe Ecologie dans la région, a réussi à s'entendre avec le MEI d'Antoine Waechter, qui avait claqué la porte des Verts en 1994, une entente non négligeable étant donné le score de 5,85% réalisé au scrutin européen de juin dernier. "Le MEI a un poids électoral en Alsace et on sent qu'il y a une demande forte pour une écologie rassemblée, qui ne se contente pas de dire qu'elle existe mais qui puisse accéder aux responsabilités. La fenêtre est ouverte et ça peut-être une belle porte-fenêtre", reconnaît d'ailleurs Jacques Fernique.
Les verts, clé du scrutin
Autre nouveauté de taille, la position d'Antoine Waechter jusque-là farouchement attaché à l'indépendance de l'écologie politique et qui a accepté le principe d'une alliance avec le PS entre les deux tours. Mais avant le scrutin du 21 mars et d'après un sondage IFOP, les écologistes unis s'affirmeraient comme la deuxième force politique régionale au premier tour (21%), derrière l'UMP (34%), et devant le PS (18%).
Ils l'emporteraient même d'une courte tête (44% contre 43%) sur la droite au second, dans l'hypothèse où ils dirigeraient une liste commune avec les socialistes emmenés par Jacques Bigot, président de la communauté urbaine de Strasbourg.
A l'extrême droite, le Front national mené par Patrick Binder, et concurrencé par Alsace d'Abord, mouvement "régionaliste, européen et identitaire" vise la barre des 10% pour figurer au second tour.
La centrale de Fessenheim rapproche Gauche et Vert
Mise en service en 1977, l'avenir de la plus ancienne centrale nucléaire de France divise. Située en pleine nature au bord du Rhin à 25 km au nord de Mulhouse, la centrale a connu plusieurs incidents, présentés comme mineurs.
Conçu en théorie pour une durée de vie de 40 ans, la question de sa fermeture est toutefois officiellement posée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), organe administratif indépendant qui a entamé l'année dernière une inspection des installations devant se conclure en 2011 par un verdict de mort, ou une prolongation de vie jusqu'en 2017.
Du côté des écologistes, la position est sans appel. La fermeture de la centrale est leur cheval de bataille. "C'est un point incontournable pour nous", dit Djamila Sonzogni, numéro deux sur la liste d'Europe Ecologie.
Le Parti socialiste, très pragmatique, d'autant qu'il ne s'est jamais positionné à l'échelle nationale au premier plan de la lutte anti-nucléaire, joue la montre. "La centrale pose des problèmes de sécurité et la question de son démantèlement devrait logiquement être à l'ordre du jour" se contente de dire la tête de liste des socialistes en Alsace, Jacques Bigot.
Une prudence de circonstance car en période de crise, prôner l'arrêt d'une installation qui emploie 800 personnes sans parler des activités y afférents n'est pas électoralement aisé. Pour Jacques Bigot, la région devra interpeller les autorités sur le coût des travaux nécessaires au maintien en service de l'installation et qui risquent, dit-il, de manquer pour le développement d'énergies alternatives.
Plus radical, les écologistes souhaitent eux convertir la centrale en "laboratoire du démantèlement" dans la perspective de la mise à l'arrêt d'autres centrales dans le monde. "Ce projet unique en Europe sera facteur d'innovation, d'attractivité du territoire et de création d'emplois", disent-ils dans leur programme.
A droite, cette convergence vert-rose suscite l'ironie. "Le PS s'aligne sur les positions des Verts et des altermondialistes. Demain, ce sera sur tous les sujets", dénonce Philippe Richert. Pour cet ancien professeur de sciences naturelles, fermer Fessenheim serait contre-productif, le réseau ne pouvant actuellement se passer de ses mégawatts. "Nous avons besoin de cinq à dix ans pour développer les énergies de substitution", poursuit-il en préconisant, dans l'attente, de prolonger la durée de vie des centrales.
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