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Karachi : Villepin atténue ses attaques sur les rétrocommissions

Après avoir allumé la mèche vendredi en affirmant que de "très forts soupçons" de rétrocommissions existaient dans l'affaire de l'attentat de Karachi, qui a coûté la vie à 11 Français en 2002, l'ex-premier ministre Dominique de Villepin a changé de ton. Il a affirmé ce soir sur RFI et TV5 qu'"à sa connaissance", il n'y avait "aucun lien" entre l'arrêt des commissions et l'attentat.
Article rédigé par franceinfo
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Accusateur le vendredi, conciliateur le dimanche. Dominique de Villepin a effectué un spectaculaire revirement dans l'affaire de l'attentat de Karachi, qui a coûté la vie à 15 personnes, dont 11 Français de la Direction des constructions navales, en 2002, dans la capitale pakistanaise.

Interrogé ce dimanche sur RFI et TV 5, l'ancien premier-ministre de Jacques Chirac a affirmé qu'il n'y avait “pas de preuve formelle de rétrocommissions” dans cette affaire. C'est à dire de sommes de retours de pots-de-vin vers la France, après avoir été versés au Pakistan. Une pratique illégale.

“A ma connaissance, il n'y a aucun lien” entre l'arrêt, après l'élection de Jacques Chirac en 1995, du versement de certaines commissions “qui n'avaient aucun lien avec le contrat”, et l'attentat . “Nous sommes dans un cas en 1995, nous sommes dans l'autre cas en 2002, ce n'est pas le même gouvernement pakistanais, ce ne sont pas les mêmes circonstances au Pakistan”, ajoute-t-il.

Plus surprenant encore : il se réjouit que le chef de l'Etat ait “marqué sa volonté de transparence” en promettant de transmettre les documents nécessaires à la justice pour l'enquête. Un hommage que Nicolas Sarkozy doit particulièrement savourer dans la bouche de son mortel ennemi politique.

Dominique de Villepin a beau répéter qu'il y avait des “soupçons” sur la légalité de certaines commissions “illégitimes”, ses propos tranchent avec ses attaques de vendredi. Il faisait alors état de “très forts soupçons” de rétrocommissions vers la France en 1995 et visait sans le nommer Edouard Balladur et son équipe de campagne présidentielle, orchestrée par... Nicolas Sarkozy. Des déclarations qui ont provoqué une réponse rapide de la garde rapprochée du Président de la République, par la voix de Claude Guéant, son secrétaire dénonçant dans un communiqué une “succession d'insinuations” et une “rumeur malveillante”. Nicolas Sarkozy lui-même a dû revenir sur l'affaire hier, promettant tous les documents “en temps et en heure”, ce qui a provoqué la colère des familles des victimes.

Des familles qui avaient décidé samedi de sursoir à la plainte qu'elles comptaient déposer contre Dominique de Villepin. Les nouvelles déclarations de l'intéressé pourraient les faire changer d'avis.

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