Justice sociale : les thèses défendues par la droite et par la gauche s'opposent souvent
Justice sociale. En ces temps de crise, le concept est brandi par nombre de candidats à l'élection présidentielle. Mais au-delà des mots, se cachent des conceptions et des propositions différentes. Voire même opposées. Examen des thèses en présence.
Construction morale et politique, la justice sociale s'entend comme les principes qui organisent la répartition équitable des droits sociaux et des devoirs au sein d'une collectivité.
Jusque-là, rien de complexe. Sauf que derrière le vocable, se pose la question de la définition des droits et devoirs sociaux, et en conséquence, des règles sociales de répartition ou de redistribution.
Et c'est là qu'émergent les divergences.
"Les inégalités sociales sont une expression de la différence"
Pour la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), think-thank proche de l'UMP, "les inégalités sociales sont une expression de la différence. À ce titre, elles sont inévitables, irréductibles, et jouent un rôle majeur dans la vie d'une société et dans son dynamisme". D'où l'objectif fixé : l'égalité des chances et non la réduction en soi des inégalités sociales.
Selon cet institut, "si la définition d'une vie digne dépend de critères matériels... et de critères immatériels comme l'éducation, elle doit aussi intégrer la prise en charge d'une fonction d'intérêt collectif'" appelée "contribution à l'utilité sociale" ou "l'obligation de rendre à la société un service d'intérêt général... en contrepartie de la solidarité qu'elle fait jouer en sa faveur".
"Sortir de la logique de guichet"
L'UMP est sur cette ligne. Dans sa première convention nationale du projet 2012 intitulé "Le rendez-vous du courage", le parti souhaite "que la protection sociale soit fondée sur les droits et les devoirs de chacun, et que l'on passe d'une logique d'assistance à une logique de responsabilité". Autrement dit, "sortir de la logique de guichet".
D'où une série de propositions, notamment dans le champ des prestations sociales. Voulant créer un écart plus important entre revenus du travail et assistance, le parti propose notamment de fusionner la prime pour l'emploi et le revenu de solidarité active (RSA) "activité", c'est-à-dire complémentaire du revenu du travail.
Il veut aussi faire en sorte que le cumul des prestations sociales, hors allocations familiales, des bénéficiaires du RSA "socle" - destiné aux personnes sans emploi - ne dépasse pas 75% du revenu minimum (Smic) et rendre les allocations chômage dégressives, dès que le taux de chômage diminuera.
La remise en cause de l'Etat providence
A gauche, on déplore que les termes de "justice sociale" aient été galvaudés depuis une trentaine d'années au motif qu"elle serait une entrave à la liberté et au progrès économique. Car derrière cette approche, pointe la remise en cause de l'Etat providence.
Selon Terra Nova, think thank proche de la gauche, les "progressistes" doivent s'inscrire en rupture avec l'idée que le pauvre est le premier responsable de sa situation.
En conséquence, ils doivent "assumer une démarche faite à la fois de solidarité et d'exigence, qui ne nie pas la nécessité que les personnes concernées se mobilisent pour se sortir de leurs difficultés, mais qui affirme d'abord la responsabilité des pouvoirs publics et de la société à leur égard".
Des mesures concrètes
La situation des plus fragile n'est par ailleurs pas une donnée intangible.
L'écart entre les 10% de ménages les plus pauvrement dotés et les 10% de ménages les plus richement dotés a augmenté de plus de 30% entre 2004 et 2010, selon l'enquête Patrimoine 2010 de l'Institut national de la statistique et des études économiques, publiée fin novembre 2011.
Un constat qui fait dire à l'économiste Thomas Piketty : "notre système d'impôts directs sur le revenu est en faillite".
Dans un entretien au magazine Alternatives Economiques en janvier 2011, ce professeur à l'Ecole d'économie de Paris, proche du parti socialiste, préconisait non plus des ajustements mais de "tout remettre à plat".
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