Jean-Marc Ayrault, le baron nantais du PS, est nommé Premier ministre
Sans surprise, François Hollande a fait le choix de Jean-Marc Ayrault, un proche, comme Premier ministre. Il est président du groupe PS de l'Assemblée. Portrait du baron socialiste nantais qui accède à Matignon sans jamais avoir été ministre.
Avec Jean-Marc Ayrault, dont le nom circulait depuis des jours, le nouveau président de la République a choisi comme premier ministre un proche et un pilier socialiste de cette France de l'ouest qui a voté Hollande.
Largement réélu depuis 1989, le maire de Nantes passe pour un homme de consensus, à l'(importante) exception de la polémique sur l'aéroport Notre-Dame-des-Landes. Portrait du nouveau chef du gouvernement.
Fils d'un ouvrier agricole et d'une couturière
Selon sa fiche Wikipedia, qui devrait battre mardi 15 mai des records de consultation, M. Ayrault, qui a soufflé le 25 janvier dernier ses 62 bougies, est fils d'un ouvrier agricole, Joseph, et d'une couturière, Georgette Uzenot.
Né à Maulévrier, en Maine-et-Loire, où il passe son enfance, il devient, après des études à Nantes, professeur d'allemand. Une langue qui devrait le servir pour aider François Hollande à renégocier - s'il y arrive- le traité européen avec la chancelière Angela Merkel dans un sens plus favorable à la croissance.
A Nantes, un "bâtisseur" à qui l'on reproche l"Ayraultport"
Le jeune Ayrault choisit très tôt de s'engager en politique. Après avoir milité adolescent au Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, il participe en 1971 au congrès d'Epinay (qui voit François Mitterrand mettre la main sur le PS) avant d'adhérer dès 1972 au Parti socialiste.
La mairie de Saint-Herblain, qu'il conquiert en 1977, à 27 ans, devenant ainsi le plus jeune maire de France, lui sert de tremplin pour celle de Nantes qu'il ravit à la droite en 1989. Depuis, il y est constamment réélu.
Même ses adversaires politiques le reconnaissent, le maire socialiste a réveillé la belle endormie : développement du tram, rénovation du centre-ville, multiplication ou amplification des festivals culturels (La Folle journée de Nantes, Le Festival des 3 continents, installation de la troupe Royal de Luxe...).
Principale ombre au tableau de ce bâtisseur : le projet de construction, à 30 km de Nantes, de l'aéroport Notre Dame-des-Landes, l'"Ayraultport" qui fédère de multiples oppositions (écologistes, agriculteurs dont l'exploitation est menacée...).
Des opposants ont obtenu, après une grève de la faim de 28 jours de l'un d'entre eux, un moratoire : l'expulsion des agriculteurs et habitants récalcitrants n'aura lieu qu'après l'extinction de leurs recours en justice, ce qui pourrait leur faire gagner deux ans.
Le président du groupe PS a une image de "rassembleur..."
Autre corde à son arc, M. Ayrault, élu pour la première fois député de la 3e circonscription de Loire-Atlantique en 1986, devient président du groupe socialiste en 1997.
Commentaire de son premier adjoint à la mairie Patrick Rimbert : "ce n'était pas gagné d'avance. Je l'ai vu travailler de manière tenace en mettant tout le monde d'accord, en faisant le lien avec le gouvernement, avec le groupe...".
Celui qui a une image de rassembleur et d'homme de consensus devra désormais cimenter un gouvernement. Inconvénient : pas plus que François Hollande, il n'a d'expérience ministérielle. La France sera dirigée par un duo qui ne connaît pas personnellement les arcanes du pouvoir gouvernemental.
Et la première polémique ...
Reste enfin la polémique sur la condamnation en 1997 de Jean-Marc Ayrault à six mois de prison avec sursis et 30.000 francs (4.600 euros) d'amende pour favoritisme dans l'attribution d'un marché public, qui a refait surface.
Cette condamnation a été "anéantie par une réhabilitation intervenue en 2007" et "l'invoquer" revient à se mettre en infraction avec la loi pénale, a précisé Me Jean-Pierre Mignard, avocat du député-maire de Nantes. Il a souligné que les "transgressions dans ce domaine "ont fait l'objet régulièrement de condamnations pour diffamation".
Jean-Marc Ayrault a réagi publiquement en déclarant à l'AFP : "Ma probité personnelle n'a jamais été mise en cause. Il n'a jamais été question d'enrichissement personnel ou de financement politique". " Et de conclure : "honnête homme je suis, honnête homme je resterai".
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