Projet de loi sur les séparatismes : "Rien sur l’université, la santé ou les prisons", le député LR Eric Diard regrette de "grands absents"
L'élu Les Républicains salue toutefois l'article 25 "qui crée un nouveau délit de mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'images".
"Il y a vraiment des éléments intéressants", dans le projet de loi sur le séparatisme que Gérald Darmanin présentera mercredi 9 décembre en Conseil des ministres, mais le député LR Eric Diard regrette de "grands absents" dans le texte. "Rien sur l’université, la santé, les prisons où le séparatisme sont très prégnants", selon le co-auteur du grand rapport sur la radicalisation dans les services publics. Eric Diard pointe également du doigt les hôpitaux et certains clubs de sport, notamment de combat, où "on ne doit pas montrer sa religion".
franceinfo : Est-ce que ce projet de loi va dans le bon sens ?
Eric Diard : Il y a des articles qui paraissent très intéressants, notamment suite au tragique attentat contre Samuel Paty. Je pense à cet article qui permet de mieux protéger les agents des services publics et de donner des circonstances aggravantes lorsqu'il y a des menaces et des pressions qui pèsent sur eux pour des motifs religieux. L'article 25, dont on parle beaucoup, qui crée un nouveau délit de mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'images relatives à la vie privée et familiale, me semble également intéressant. Dans notre rapport, en juin 2019, nous avions demandé à redonner le pouvoir aux préfets de contrôler les associations sportives. Ça va enfin apparaître. Il y a vraiment des éléments intéressants comme encore la scolarisation obligatoire. Par contre, il y a des grands absents. Rien sur l'université, rien sur la santé, rien sur les prisons où la radicalisation et le séparatisme sont très prégnants.
Comment faire accepter le respect des valeurs de la République sans porter atteinte aux libertés fondamentales?
C’est sûr que c’est délicat parce que d'un côté, vous avez la laïcité dans notre Constitution, mais en face, vous avez la liberté de conscience et la liberté religieuse. Mais lorsqu’on met par exemple en avant l'obligation de signer une charte de laïcité dans certains services publics, ce n'est pas anticonstitutionnel et cela me paraît déterminant. Je pense qu'il faut notamment que, dans les universités, où je n’ai rien vu, il faut conditionner les subventions des associations étudiantes à la signature d'une charte des valeurs de la République. Il y a des associations étudiantes qui ne respectent plus les valeurs de la République et qui sont force de séparatisme. Et il faut lutter également là-dessus.
Dans quels secteurs avez-vous observé le plus de phénomènes de radicalisation?
Dans les prisons, les hôpitaux, les universités, dans certaines associations sportives, et notamment dans les clubs de combat. Il y a trop de détenus, Merah, Nemmouche, qui sont entrés dans nos prisons pour des faits de droit commun, des stupéfiants ou des vols, et qui sont ressortis radicalisés. Les prisons sont des foyers de radicalisation. Il y a trop de détenus qui font du prosélytisme en prison. Ensuite, je citerai Patrick Pelloux qui dit ‘Je ne reconnais plus mon hôpital, je ne reconnais plus mon université’. Là aussi, dans les hôpitaux et dans les universités, s'est développé un prosélytisme et parfois même une radicalisation. Et enfin, un phénomène qui, au début du rapport, ne m'apparaissait pas évident. Il y a eu un développement du communautarisme dans certaines d'associations sportives et même de radicalisation dans certains sports de combat. On l'a vu avec le jeune Tchétchène qui a tué Samuel Paty. Il pratiquait la lutte dans un club communautariste comme l’assaillant qui avait poignardé des passants dans le quartier Opéra à Paris en mai 2018. Il y a un facteur de radicalisation énorme dans ces clubs. Vous ne pouvez pas faire du prosélytisme dans un club sportif, souvent financé par des subventions publiques. Bien évidemment, le prosélytisme et le communautarisme ne basculent pas toujours dans la radicalisation. Cependant, dans le sport, on ne doit pas montrer sa religion. Nous sommes dans une sphère publique.
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