Interdiction des animaux sauvages dans les cirques itinérants : Sea Shepherd regrette que les zoos soient "complètement passés entre les mailles" des nouvelles mesures
Lamya Essemlali, présidente de la branche française de l'organisation de défense de la biodiversité, affirme que les éléphants vivent "deux fois moins longtemps" en captivité qu'en milieu naturel.
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a présenté mardi 29 septembre une série de mesures pour le "bien-être de la faune sauvage captive". Les animaux sauvages dans les cirques itinérants vont progressivement être interdits en France, a-t-elle annoncé. Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France et co-présidente de "Rewild" a regretté ce mardi sur franceinfo que les zoos soient "complètement passés entre les mailles de ces nouvelles mesures". Elle demande que les Français soient consultés par référendum pour dénonçant "des petits lobbies qui mènent la danse".
franceinfo : Regrettez-vous l’absence de calendrier précis ?
Lamya Essemlali : Je comprends qu'on ne puisse pas prendre ces mesures du jour au lendemain, mais effectivement, il serait important d'avoir un calendrier clair et surtout des mesures très claires, c'est-à-dire qu'est ce qu'on va faire avec les animaux ?
Puisque c'est le bien-être animal et le respect du vivant qui motive tous ces changements, pourquoi se limiter aux dauphins et aux orques ?
Lamya Essemlalià franceinfo
Pourquoi ne pas inclure les otaries et les phoques? Pourquoi pas les éléphants qui sont des animaux migrateurs qui vivent deux fois moins longtemps en captivité, que ce soit dans les cirques ou dans les zoos, que dans le milieu naturel ? Donc là, c'est vraiment un débat qui mérite d'être étendu de toute urgence.
Selon vous, tout est urgent ?
Tout est urgent et surtout, je me rends compte que les zoos sont complètement passés entre les mailles de ces nouvelles mesures avec une ministre qui, quand même, nous explique que la captivité animale a des vertus en termes d'éducation. Je pense que c'est un débat qu'il faut avoir. Barbara Pompili dit aussi que la captivité contribue à la conservation de la biodiversité. Donc, là encore, il va falloir qu'on fasse la lumière sur tout ça parce qu'on justifie l'exploitation d'animaux qui sont intrinsèquement inadaptés à la captivité - les éléphants en sont un exemple phare - pour des raisons qui sont fallacieuses.
Vous ne faites pas de distinctions entre les cirques et les zoos ?
Les zoos sont clairement dans la même mouvance. Alors effectivement, on retire la partie itinérante, mais on le voit au niveau des chiffres et au niveau de la conservation, les zoos ont une partie infinitésimale dans les vraies mesures de conservation. Et puis, il est faux de dire que les animaux vivent plus longtemps en captivité, y compris dans les zoos, que dans le milieu naturel. C'est toute la question de l'éducation du public via des animaux qui sont maintenus dans des conditions absolument inadaptées à leurs besoins physiologiques et émotionnels, sociétaux, comme les éléphants. On nous dit qu'en fait, ils sont victimes de braconnage et que donc la captivité permet de les sauver. C'est absolument faux.
Les éléphants vivent deux fois moins longtemps en captivité qu'en milieu naturel, même si on prend en compte le braconnage.
Lamya Essemlalià franceinfo
Vous rejetez l’argument selon lequel la captivité permet de maintenir l'espèce par la reproduction ?
C’est absolument faux. Avec "Rewild", on a racheté un zoo en décembre. On a accès à toutes les bases de données et on voit bien que les programmes d'élevage et de conservation qui sont mis en place par l'Association française des parcs zoologiques ne tiennent absolument pas ses promesses en matière de conservation. On a des couples de deux mâles qui sont censés faire de la reproduction. On a des groupes qui sont maintenus avec uniquement un seul sexe. On a des frères et des sœurs ensemble.
Quand on prend le temps de se pencher sur le sujet et qu'on épluche en fait les résultats des zoos en matière de conservation de la biodiversité, on se rend compte qu'il s'agit en fait d'une vaste escroquerie.
Lamya Essemlalià franceinfo
Et il est temps de faire la lumière là-dessus. Donc, je me réjouis de ce qui s'est passé ce matin parce que ça ouvre la porte sur tout ça et un débat qu’on va pouvoir poser.
Jusqu’à consulter les Français par référendum ?
Tout à fait. C’est ça aussi l'intérêt d'être dans un État de droit qui donne la voix aux citoyens. Donc, ça devient un sujet de société et il est normal de donner aux citoyens la possibilité de s'exprimer là-dessus. Et qu'on arrête d'avoir des petits lobbies qui finalement mènent la danse. Au peuple de s'exprimer là-dessus.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.