Droit à la différenciation des territoires : "C'est le changement le plus important peut-être qu'il y aura dans ce mandat", estime une géographe
Pour la géographe Béatrice Giblin, directrice de la revue de géographie et de géopolitique Hérodote, le passage clé du discours de Jean Castex concerne la déconcentration.
Jean Castex a répété le mot "territoire" à 25 reprises dans son discours de politique générale le 15 juillet, y associant plusieurs mesures. Une référence tout sauf anodine pour Béatrice Giblin, géographe et directrice de la revue Hérodote revue de géographie et de géopolitique, qui réagissait sur franceinfo jeudi. "Je pense que c'est marquer une rupture, après un gouvernement et un Emmanuel Macron très centrés sur Paris." "Après avoir négligé les collectivités locales au début de son mandat, la crise des "gilets jaunes" est passée par là, et très clairement c'est renouer avec ce qu'on appelle "la France d'en bas", par rapport à une France d'en haut qui serait éloignée des territoires." Pour la géographe, le passage clé du discours de Jean Castex concerne la déconcentration.
Là il y a quand même des choses importantes, quand il dit qu'il faut des fonctionnaires au niveau départemental, alors qu'on avait, au contraire, depuis 25 ans entendu souvent dire que les départements étaient un échelon dépassé... Ce n'est pas une décentralisation, c'est plus une déconcentration.
Béatrice Giblinà franceinfo
"Ces services de l'État qui avaient vu leur service s'amoindrir à la suite de la décentralisation des années 1980, ce qu'on appelait les directions départementales de l'équipement, de l'agriculture, on a l'impression qu'on va les relancer. Il dit qu'on va libérer les territoires, qu'on va les réarmer, et qu'il va falloir le droit à la différenciation. C'est le changement le plus important peut-être qu'il y aura dans ce mandat", avance Béatrice Giblin.
"On a toujours traité les territoires en France de la même manière au nom de l'égalité des territoires, or, là on parle de différenciation. Là c'est clairement dit, le droit à la différenciation qui devrait même être mis dans une loi organique, c'est un changement énorme", souligne la géographe qui y voit un "message très fort aux élus des différentes collectivités territoriales françaises", à moins d'un an des élections régionales.
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