Ce que l'on sait de la plainte pour "menaces et violences psychologiques" déposée par une avocate contre Eric Dupond-Moretti
La plainte a été déposée mardi contre le ministre de la Justice. Ce dernier était encore avocat au moment des faits, en février 2020. Il nie formellement les accusations le visant.
Eric Dupond-Moretti doit faire face à une nouvelle plainte. Selon une information révélée par le HuffPost et Mediapart, que France Télévisions a pu confirmer, le ministre de la Justice, déjà mis en examen pour "prise illégale d'intérêts" par la Cour de justice de la République, est accusé de "menaces et violences psychologiques". Une plainte a ainsi été déposée devant le procureur de la République d'Evreux (Eure), mardi 22 septembre, par l'avocate Nathalie Tomasini. Cette fois, ce n'est pas la Cour de justice de la République, saisie pour les crimes ou délits commis par les ministres en exercice qui devrait mener l'instruction, car les faits remontent à février 2020. Soit cinq mois avant la nomination du célèbre pénaliste place Vendôme.
Des insultes lors d'un procès
Le motif de la procédure déposée auprès du procureur de la République d'Evreux, que franceinfo a pu consulter, est "menaces et violences psychologiques". La plaignante, Nathalie Tomasini, a déposé plainte dans cette ville car les faits s'y sont déroulés entre le 10 et le 14 février 2020 lors d'un procès en appel pour un féminicide. Eric Dupond-Moretti défend alors l'accusé et Nathalie Tomasini, connue pour avoir été l'avocate de Jacqueline Sauvage, représente les parties civiles.
Selon la plainte, l'actuel garde des Sceaux aurait "tenu des propos extrêmement dénigrants et violents" à l'encontre de Nathalie Tomasini et de Janine Bonaggiunta, autre avocate des parties civiles. D'après David Koubbi, qui représente Nathalie Tomasini, Eric Dupond-Moretti aurait traité ses consœurs d'"hystériques", de "saloperies de putes", de "hontes du barreau" ou encore de "commerçantes du malheur". Enfin, Eric Dupond-Moretti aurait levé le poing en direction de sa consoeur et dit : "Je ne sais pas ce qu'il me retient."
La plaignante se dit choquée
Dans la plainte, l'avocat de Nathalie Tomasini affirme que sa cliente a "subi un important choc émotionnel consécutif à la violence verbale et gestuelle" d'Eric Dupond-Moretti. La plaignante déclare ne vouloir "rien obtenir de plus que la simple reconnaissance du préjudice qu'elle a subi et la sanction de l'homme à l'origine de ces propos extrêmement violents, et des menaces de violence physique à son encontre". Ainsi, elle ne réclame que "la somme d'un euro symbolique" de dommages et intérêts.
L'entourage du ministre nie les faits
Selon l'entourage du ministre de la Justice, "Eric Dupond-Moretti dément formellement avoir proféré les insultes". "Comment peut-on imaginer qu'une avocate n'ait pas immédiatement signalé, comme cela aurait été son devoir, au président de la cour d'assises, au bâtonnier local et à son bâtonnier, les faits dont elle aurait été victime ?" s'interroge-t-il, accusant Nathalie Tomaini d'avoir attendu près d'un an après sa nomination pour porter plainte.
Toujours dans la même réponse, ce proche du garde des Sceaux fait état d'un soi-disant différend entre l'ex-avocat pénaliste et son ancienne consœur. Il estime qu'Eric Dupond-Moretti "fait l'objet d'une tentative de chantage depuis maintenant près d'un an de la part de son ancienne consœur Nathalie Tomasini qui l'accuse de façon mensongère de faits qui seraient survenus en février 2020 alors qu'il était avocat." Et de rappeler qu'elle avait publiquement accusé Eric Dupond-Moretti à l'antenne de RTL en mars 2020. Il avait alors saisi l'Ordre des avocats.
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