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"Je ne suis pas seul" sur l'Europe, déclare François Hollande entouré de sociaux-démocrates de l'Union

François Hollande n'est pas seul pour dire non au "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance", le nom officiel du document voulu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Le socialiste en a fait la démonstration, samedi 17 mars à Paris.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
François Hollande avec les leaders sociaux-démocrates européens (FRED DUFOUR / AFP)

François Hollande n'est pas seul pour dire non au "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance", le nom officiel du document voulu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Le socialiste en a fait la démonstration, samedi 17 mars à Paris.

François Hollande a reçu samedi 17 mars, lors d'une réunion publique au Cirque d'hiver à Paris, devant de très nombreux journalistes européens, allemands notamment, un soutien remarqué des socialistes (ou sociaux-democrates) européens.

Ceux-ci étaient représentés notamment par Massimo d'Alema (ancien Premier ministre italien), Sigmar Gabriel, leader du SPD allemand, Pier Luigi Bersani (leader du Parti démocrate italien) où Martin Schulz, le socialiste allemand président du Parlement européen.

Tous ont répété qu'il fallait modifier le traité de stabilité voulu par le couple Sarkozy-Merkel pour y ajouter un volet croissance, ce que ne cesse de marteler le candidat socialiste à la présidentielle depuis le début de la campagne.

Du petit lait pour M. Hollande qui a fait ainsi la preuve que cette revendication, moquée par la droite, il n'était pas le seul à la porter."Je ne suis pas seul", a-t-il répété, sur le parterre de la salle de spectacle, entouré de ses "camarades" européens.

"L'Europe peut changer de visage"

Sigmar Gabriel, qui entend disputer la chancellerie à Angela Merkel en 2013 l'a clairement exprimé devant un auditoire ravi. "Nous soutenons une réorientation du traité européen", a-t-il dit avant de revendiquer lui aussi "une initiative européenne de croissance" et de défendre, comme M. Hollande, des "projets-bonds" au niveau européen.

Les ténors européens de gauche ont tour à tour dénoncé la finance, "la rigueur sans âme" imposée par les conservateurs, leur manque de "vision", et le besoin de "relancer le grand rêve européen". Ils ont tous insisté sur l'importance de l'élection française, comme possible moteur d'un changement global en Europe.

"Au cours des 18 prochains mois, l'Europe peut changer de visage", a rappelé Massimo d'Aléma, ancien dirigeant communiste italien qui fut président du conseil à Rome en 1999 et 2000.

Le leader de la gauche italienne, Pier Luigi Bersani, qui lui aussi attend les prochaines législatives en 2013, a lancé : "A vous, cher François, de faire le premier pas. Ainsi notre parcours en sera facilité". Sigmar Gabriel a affirmé pour sa part : "Avec François Hollande, on va changer la France, puis l'Allemagne et après l'Europe".

"L'Europe c'est une espérance"

Difficile tâche ensuite pour le dirigeant français d'intervenir sur cette question européenne dans un contexte où le "non" à l'Europe prend une place croissante.

Presqu'une semaine après le discours de Villepinte du président-candidat, dans lequel il avait attaqué l'Europe, M. Hollande s'est livré à un exercice d'équilibriste en rejetant le traité européen tout en défendant l'idée que "l'Europe, c'est une espérance".

Accueillis par des "François Président", le candidat socialiste a chaleureusement salué les sociaux-démocrates européens, rassemblés par la Fondation Jean-Jaurès, puis donné le ton de son intervention : "il y a pour les progressistes un devoir, redonner un avenir à l'Europe".

Un avenir qui passe donc par la renégociation du traité signé par les Européens en mars dernier mais pas encore adopté par les différents pays.

"Jamais une élection française n'aura eu un tel enjeu", a souligné M. Hollande qui a parlé d'une "alternance au service de la France. Une alternance au service de l'Europe" et a ironisé - il ne peut s'en empêcher - sur la "Sainte alliance" des conservateurs européens au service du "candidat-sortant".

Il s'est livré à une attaque en règle contre le traité européen qualifié de "pacte d'austérité". Il a noté que ce pacte était déjà remis en doute par d'autres pays, comme l'Espagne et même les Pays-Bas (deux pays touchés par un recul du PIB plus important que prévu). Pour M. Hollande, ce traité, qui est aussi "un risque" qui, selon lui, crée "les conditions d'une crise économique durable".

Sa volonté de le changer "n'est pas une improvisation électorale, je laisse ça à d'autres, c'est un choix européen".

"Création d'eurobonds"

Le candidat socialiste a fixé les termes de la négociation qu'il entreprendra "si le peuple français" lui donne le pouvoir : "obtenir des nouveaux instruments pour de nouveaux objectifs".

Ces nouveaux moyens sont au nombre de quatre : augmentation les interventions de la Banque européenne d'investissement, création des eurobonds pour financer des projets, taxation des transactions financières (pour les pays qui le voudront) et mobilisation des fonds structurels européens.

Quant aux objectifs, M. Hollande a cité l'énergie, la recherche et la rénovation urbaine.

Le candidat socialiste a donné un cadre à l'Europe qu'il souhaite : "réussissons la transition économique, la transition financière, la transition écologique, pour que les ressources soit maitrisées, la transition énergétique, la transition générationnelle pour donner à la jeunesse la place qu'elle attend, voilà la responsabilité de la génération de ceux qui demain doivent diriger l'Europe".

Reprenant une idée de Jacques Delors, il s'est prononcé pour une "Europe de l'énergie" en critiquant "l'expérience de la liberalisation" qui selon lui a abouti à une "hausse des prix" et à "la création de monopoles privés". Résultat, M. Hollande affirme qu'il instaurera "une directive cadre sur les services publics".

"Une europe ouverte pas offerte"

Le candidat socialiste n'a pas oublié les opposants à l'Europe et les dernières annonces du "candidat-sortant" sur l'immigration, Schengen, la concurrence internationale ou la gouvernance européenne.

Il a évoqué l'immigration. "Nul besoin de menacer", a-t-il dit à l'adresse de M. Sarkozy tout en évoquant l'idée d'une possible réforme du traité de Schengen, mais avec les autres pays européens. "Je n'accepterai pas que l'immigration soit utilisé comme un objet de discorde en France comme en Europe", a ajouté le candidat socialiste.

A propos du commerce extérieur, le député de la Corrèze a affirmé qu'il fallait plus de "réciprocité des échanges commerciaux". Critiquant la découverte de ce sujet par le candidat de l'UMP après cinq ans de présidence, il a affirmé vouloir "une Europe ouverte pas offerte".

M. Hollande, qui n'a pas hésité à critiquer le traité européen, s'est montré défenseur de l'idée européenne - ce qui est rare dans cette campagne - souhaitant plus de défense européenne, plus de présence de l'Europe sur la scène internationale, plus de social, au nom des "valeurs" humanistes de l'Europe, plus d'importance pour le Parlement européen.

Dans l'enceinte du Cirque d'hiver, samedi, l'Europe a souvent été accolée aux mots "vision", "espérance" et "rêve". Ce n'est pas tous les jours !

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