Hommage à Jacques Chirac : "Le président était un phénomène", rapporte Peer de Jong, son ancien aide de camp
"Ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était le petit restaurant avec ses collaborateurs", se rappelle l'officier. "C'était une façon pour lui de se libérer de tout ce poids énorme qui pesait sur lui".
"Le président Chirac était un phénomène", a déclaré sur franceinfo dimanche 29 septembre Peer de Jong, l'ancien aide de camp du président Jacques Chirac de 1995 à 1997. "C'est un homme qui a voulu tout de suite avoir un pouvoir simple, un pouvoir modeste, un pouvoir près des gens", se rappelle-t-il. "Toute sa vie, il a été vers les autres, et maintenant les gens viennent vers lui", souligne-t-il, ému.
Qu'est-ce que cela vous inspire tous ces gens qui sont venus rendre hommage à Jacques Chirac aux Invalides dimanche ?
Le président Chirac était un phénomène. C'est un phénomène dans le pouvoir, c'est un phénomène dans sa vie politique, c'est un phénomène dans les relations aux autres. Il y a un véritable engouement. J'ai beaucoup voyagé avec lui, et partout il serrait des mains, il rencontrait des gens. Parfois, il détournait même son chemin de quelques dizaines de mètres pour aller saluer quelqu'un qui était un peu loin, un gardien, un soldat, un employé... C'est un homme qui toute sa vie a été vers les autres, et maintenant les gens viennent vers lui.
En quoi cela consiste d'être l'aide de camp du président de la République ?
C'est un métier très particulier parce qu'il n'y a pas de règles. On va dire que globalement, on gère l'emploi du temps, l'environnement direct du chef de l'État donc ses déplacements, ses voyages, la vie de tous les jours. J'étais colonel à ce moment-là et je recevais des ordres directement du chef de l'État. C'est très complexe parce qu'il n'y a pas de hiérarchie et il vous donne des impulsions directement. C'est ainsi que le jour de son arrivée en 1995, il se change dans son bureau. J'étais très surpris qu'il se change devant moi comme ça et il me donne comme on dit dans l'armée une volée d'ordres, c'est à dire qu'il me donne quelques consignes, par exemple : à partir de maintenant on s'arrêtera à tous les feux rouges. Et tout le temps où je suis resté avec lui, il veillait à ce que son véhicule s'arrête. Donc c'est un homme qui a voulu tout de suite avoir un pouvoir simple, un pouvoir modeste, un pouvoir près des gens, et il l'a fait tout de suite, dès qu'il est arrivé au pouvoir.
C'était facile de travailler avec lui ?
La personnalité de Jacques Chirac est extrêmement ouverte, extrêmement facile, extrêmement libre. Et avec un officier, c'était simple parce qu'il connaissait très bien l'armée. C'est d'ailleurs le dernier chef d'État qui avait fait une guerre, donc il connaissait très bien le milieu militaire. Il avait été lieutenant et il avait hésité à être officier, donc c'était facile à ce niveau-là.
Dans la vie de tous les jours, on n'est pas chef d'État si on est juste quelqu'un de gentil, modeste et pratique. Donc c'était quand même une brute de travail, il travaillait tout le temps.
Peer de Jong, ancien aide de camp du président Jacques Chiracà franceinfo
II commençait le lundi et il terminait le lundi donc ça n'arrêtait jamais. Il voyageait énormément, donc il y avait une astreinte extrêmement forte et des contraintes extrêmement fortes. C'est un homme qui dynamisait son environnement. Comme c'est un homme agréable, c'est un homme qui faisait partager ses envies. Il allait boire une bière, il allait manger quelque chose, il disait : 'Bon les gars, on va se taper une petite saucisse', et il nous emmenait avec lui. Ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était le petit restaurant avec ses collaborateurs, et puis il pouvait dire des blagues, il était très à l'aise. C'était une façon pour lui de se libérer de tout ce poids énorme qui pesait sur lui, parce qu'un chef d'État c'est quand même l'homme qui porte la France.
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