Intervention de François Hollande : les réactions politiques
Allongement de la durée de
cotisation pour les retraites, taxation des très hauts revenus reportée sur les
entreprises qui paient des salaires de plus d'un million d'euros, "choc
de simplification " : jeudi soir sur le plateau de France 2, le
président de la République s'est livré à un exercice d'apaisement. "J'ai
le cuir solide, le sang froid, pas les nerfs à vif " a-t-il assuré.
UMP : "Tout ça
pour ça "
Mais dans l'opposition,
l'intervention de François Hollande n'a servi à rien. "Tout ça pour ça,
on n'attendait pas grand-chose, on n'a pas eu grand-chose, c'est quelques
aveux, un aveu d'impuissance, un aveu sur la crise ", dénonce l'ancienne
ministre Nathalie Kosciusko-Morizet. Même impression pour le vice-président de
l'UMP Laurent Wauquiez :
Alain Juppé, de son côté,
se montre plus nuancé, reconnaissant l'existence de "quelques pistes
intéressantes ", notamment sur les allocations familiales, "encore
que la simple modulation en fonction des revenus ne rapportera pas grand-chose ",
affirme-t-il. "On reste dans le flou artistique ", ajoute-t-il
toutefois. Faisant référence à la "boîte à outils " évoquée par
le président, le secrétaire général adjoint du parti Geoffroy Didier affirme
que "les Français ont eu affaire à un mauvais bricoleur, sortant dans
tous les sens une boîte à outils inadaptée aux maux de la France ".
UDI : "Quel
angélisme ! "
Les représentants de l'UDI
sont également déçus par l'intervention de François Hollande. Pour Jean-Louis
Borloo, président du parti, l'intervention du président de la République est apparue
déconnectée des préoccupations des Français, perdant "la bataille du
concret ". Jean-Louis Borloo n'hésite pas à brandir le risque d'une
dissolution :
L'une des déclarations de
François Hollande sur la crise fait particulièrement réagir les parlementaires
UDI : "Le président de la République a admis n'avoir 'pas anticipé' que la
crise allait durer ", souligne le député François Sauvadet. "Quel
angélisme ! ", ajoute-t-il. "Voilà un président qui admet que lui et
son équipe n'étaient pas prêts ", renchérit le président des sénateurs
centristes François Zocchetto.
FN : "Un président
de Conseil général "
A l'extrême-droite, les
représentants du Front national ont aussi vivement critiqué l'intervention de
François Hollande. Florian Philippot le compare à un "Mario Monti
français ", qui n'a "plus de marge de manœuvre ".
"Nous n'avons plus la main sur notre destin ", ajoute-t-il. Pour
Louis Aliot, le président est coupé des réalités.
Le MoDem "resté
sur sa faim "
Le président du MoDem
François Bayrou, quant à lui, n'a pas non plus été totalement convaincu par la
prise de parole du président. "Je suis resté sur ma faim sur la première
partie, j'ai trouvé que c'était très fouillis. J'ai trouvé que quand il parle
de la dépense publique je n'ai pas réussi à suivre, il y avait beaucoup
d'incertitudes". En revanche, la deuxième partie de l'intervention a plus
satisfait François Bayrou :
"Dialogue,
détermination et pédagogie " selon le PS
Le parti de la majorité
présidentielle s'est montré solidaire avec le président de la République. Le
maire de Paris Bertrand Delanoë accueille chaleureusement "le choix du
dialogue, de la détermination et de la pédagogie " qu'a effectué
François Hollande. "Il a assumé avec lucidité et responsabilité le
devoir qui lui incombe de redresser la France avec l'esprit de justice pour
lequel il a été élu ". Le premier secrétaire du PS Harlem Désir salue
la "proximité" avec laquelle le président s'est exprimé :
"Même si cette
intervention du Président ne pourra suffire pour répondre à toutes les
questions, les attentes, les incertitudes et les angoisses de nos concitoyens,
tant elles sont immenses, elle aura eu le mérite de les rassurer ",
souligne François Rebsamen, président des sénateurs PS.
EELV : "Aller plus
loin "
Dans un communiqué, le
parti Europe Ecologie – Les Verts salue le calme dont a fait preuve François
Hollande durant son intervention : "Ce retour à une parole publique
apaisée et pacifiée est aujourd'hui salutaire. Mais le calme ne suffit pas à
tracer le cap : en cela, les écologistes appellent le président de la
République à aller plus loin ". Ils proposent de suivre les "solutions
de l'écologie ".
Parti de gauche et NPA
font le parallèle avec Sarkozy
Les réactions les plus
dures viennent certainement des partis situés les plus à gauche. Au Parti de
gauche, Jean-Luc Mélenchon a fait "une blague à la Hollande " vendredi matin : "L'Elysée est enlisé ", a-t-il déclaré, ajoutant que François Hollande "s'est totalement trompé de diagnostic ". le secrétaire national Eric Coquerel déplore l'absence de changement de
cap :
"Après quelques
secondes d'émission, François Hollande avait tout dit (...). Ni changement de
cap, ni nouveauté donc dans l'arsenal d'une politique de l'offre et de
l'austérité qu'il a vantée pendant une heure (...). François Hollande n'est
assurément plus un président socialiste (mais l'a-t-il un jour été ?) mais un
illusioniste. Voilà bien le résumé d'une politique qui ne change quasi en rien
depuis son prédécesseur. On aimerait dire 'Sarkozy sors de ce corps' mais ce
serait encore semer trop d'espoir ".
Même parallèle avec
Nicolas Sarkozy du côté du Nouveau parti anticapitaliste : "Hollande
n'a pas une seule seconde remis en cause sa politique en faveur du Medef et des
plus riches (...) Après son prédécesseur, le 'président des riches', voici donc
maintenant le président des entreprises, fier de son pacte de compétitivité.
Par contre pour la population, les temps vont continuer à être difficiles ".
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