Guerre des meetings : match nul entre Nicolas Sarkozy et François Hollande ?
Dimanche 15 avril, François Hollande (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) se sont livrés à un duel parisien à distance. Un affrontement par meeting interposé qui ne devrait déboucher sur aucun vainqueur selon les politologues. Explications.
L'affrontement par meeting interposé entre Nicolas Sarkozy et François Hollande dimanche ne devrait déboucher sur aucun vainqueur, chaque candidat ayant atteint son objectif premier : remonter le moral des troupes pour le président-candidat et mobiliser dès le 1er tour du côté du candidat socialiste, selon des politologues.
"Les vainqueurs... ce sont Nicolas Sarkozy et François Hollande!"
Les deux favoris se sont ainsi livrés dimanche après-midi à la démonstration de force attendue, à une semaine du premier tour, en attirant tous deux plusieurs dizaines de milliers de personnes à Paris, place de la Concorde et sur l'esplanade du Château de Vincennes.
"Les vainqueurs... ce sont Nicolas Sarkozy et François Hollande!", affirme à l'AFP le politologue Stéphane Rozès. "Clairement l'un et l'autre (...) cherchaient à maximiser le vote utile au premier tour", relève-t-il encore, à J -6 de la première manche.
Montrer ses muscles
"L'enjeu, c'est de montrer ses muscles, agir sur la mobilisation", souligne Frédéric Dabi de l'institut Ifop. "Il était quasi impossible qu'il y ait un grand gagnant. Il n'y en a pas eu", renchérit Gaël Sliman de BVA, pour qui ces deux rendez-vous populaires n'ont livré "aucune surprise". Selon M. Sliman, c'est le président-candidat qui pouvait "espérer le plus" de ce rassemblement militant, près de 25 ans après une réunion identique en faveur de Jacques Chirac.
Toujours donné largement battu dans les sondages, Nicolas Sarkozy "a envoyé symboliquement un message à ses troupes (...) celui que tout n'est pas perdu", décrypte M. Sliman. Le prétendant de l'UMP à l'Elysée devait en effet, selon lui, combattre le "défaitisme" d'une partie de son camp, dans la foulée d'une mauvaise série de sondages, et tenter de peser sur le rapport droite-gauche. La gauche atteint pour l'heure autour de 46%, or "il faudrait pour la droite qu'elle redescende à 43%", afin d'espérer l'emporter le 6 mai, considère le politologue de BVA.
Urgence pour Nicolas Sarkozy
La "scénographie" avait ainsi son importance, selon M. Rozès, qui décrit un Nicolas Sarkozy "arrivé et reparti seul après un discours devant une foule quadrillée". François Hollande est lui resté plusieurs dizaines de minutes après son discours pour prendre un bain de foule, signer des autographes.
M. Sarkozy se devait de montrer qu'il garde "toutes ses chances, qu'il draine toujours du monde, avec les images de marées humaines, de drapeaux..." souligne de son côté M. Dabi. L'urgence pour le président-candidat était "d'éviter le découragement et la démobilisation des sympathisants de droite", note-t-il.
Aucun effet ?
Pour François Hollande, l'enjeu résidait plutôt, selon M. Rozès, dans "le double risque d'abstention et de dispersion des voix, en premier lieu vers Jean-Luc Mélenchon". Le député de Corrèze devait montrer que "la victoire est à portée de mains" mais qu'il ne fallait pas croire que les jeux étaient faits, malgré l'embellie de ces derniers jours dans les études d'opinion, explique de son côté M. Dabi.
Quoi qu'il en soit, les politologues interrogés partagent tous l'analyse que ces deux meetings ne changeront pas fondamentalement les choses.
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