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Guadeloupe: le Medef local reste inflexible

L'accord salarial conclu en Guadeloupe "n'engage que ceux qui l'ont signé", a lancé samedi le N.1 du Medef sur l'île
Article rédigé par France2.fr
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Pour le leader du LKP en Guadeloupe, Elie Domota, l'accord signé dans la nuit est "un premier pas". (© F2)

L'accord salarial conclu en Guadeloupe "n'engage que ceux qui l'ont signé", a lancé samedi le N.1 du Medef sur l'îleL'accord salarial conclu en Guadeloupe "n'engage que ceux qui l'ont signé", a lancé samedi le N.1 du Medef sur l'île

Willy Angèle a affirmé vendredi que son organisation et 7 fédérations patronales locales ne signeraient pas l'accord salarial partiel conclu entre le LKP et une partie du patronat.

"Je ne peux pas concevoir que l'on puisse nous imposer d'appliquer un accord qui ne concerne même pas 5% des salariés de l'île", a-t-il renchéri samedi sur France-Info

Vendredi, le patron du Medef local avait rejeté la demande du Medef national, qui souhaitait que son antenne guadeloupéenne reprenne les négociations. Pour Willy Angèle, l'accord conclu jeudi s'est fait entre le LKP (collection contre l'exploitation, à l'origine de la grève générale) "et des organisations patronales minoritaires qui sont très proches du LKP".

Le Medef et les autres organisations patronales -CGPME, UPA, transports, BTP, tourisme et industrie notamment- qui affirment représenter 90% des salariés guadeloupéens, veulent négocier sur leur propre proposition d'accord interprofessionnel "qui est sur la table depuis lundi".

Le Medef national, "ayant reçu toutes les assurances de sécurité nécessaire de la part des pouvoirs publics", avait appelé "le Medef Guadeloupe à revenir à la table de négociation", tout comme le secrétaire d'Etat Yves Jégo. Affirmant avoir été victime mercredi d'une "tentative d'agression physique" par Elie Domota, le leader du LKP, Willy Angèle avait déclaré: "C'est moi qui vais apprécier si ma sécurité est assurée. Mme Parisot est à 7000 km."

Rosan Mounien, un dirigeant du LKP, a indiqué vendredi que le collectif aviserait "de l'attitude à tenir" sur cette question après une nouvelle journée de négociation samedi. 19 autres revendications sont désormais sur la table, dont le gel des loyers et la baisse des prix de produits de base.

L'accord Bino

Le LKP a signé jeudi soir un accord avec deux organisations patronales, l'Union des chefs d'entreprise de Guadeloupe et le collectif des entrepreneurs, portant sur une augmentation de 200 euros des bas salaires. Le texte porte le nom d'"Accord Bino", en hommage au syndicaliste tué par balles dans la nuit du 17 au 18 février dans le cadre des émeutes qui ont émaillé le mouvement de contestation sociale, a fait savoir le LKP.

Elie Domota, le leader du LKP, le "collectif contre l'exploitation" à l'origine de la grève générale qui paralyse l'île depuis le 20 janvier, a parlé d'un "premier pas", sans appeler à la fin de la grève. Bien que la grève se poursuive, selon Max Evariste (FO), autre leader du LKP, "logiquement" l'accord "devrait déboucher sur une reprise du travail assez rapidement".

L'accord négocié en Guadeloupe prévoit une augmentation de 200 euros des bas salaires, conforme aux revendications du LKP. Cette somme est atteinte grâce à un montage incluant les participations de l'Etat, du patronat et des collectivités locales. Il concerne les salariés qui touchent jusqu'à 1,4 smic par mois (environ 1.400 euros). Pour les autres salariés, une augmentation de 6% sera négociée dans chaque branche, selon la CFDT locale.

Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo a précisé que 100 euros seraient versés par l'Etat pendant deux ans, 50 par les collectivités locales et 50 par les patrons. L'accord entrera en vigueur le 1er mars et concerne pour l'instant une minorité de salariés: 15.000 à 17.000 des 85.000 salariés guadeloupéens, selon le préfet Nicolas Desforges. Un chiffre contesté par le Medef Guadeloupe qui estime leur nombre à seulement 3500. Vendredi, Yves Jégo a également promis un futur "plan de sauvetage de l'économie pour les Antilles", notamment pour les "PME qui sont dans des difficultés épouvantables", et "un plan de relance de l'activité touristique".

Depuis Paris, Nicolas Sarkozy a affirmé vendredi matin : "Ca progresse. J'ai bon espoir qu'on y arrive. J'irai dans quelques semaines aux Antilles pour tenir scrupuleusement tous les engagements que j'ai pris."

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