Grand débat : "Il y a obligation pour le gouvernement de donner des signaux très forts pour répondre aux attentes"
Pour Vanik Berberian, président de l'association des Maires ruraux de France (AMRF), "ça oblige le gouvernement à tenir compte de tout cet apport", alors que les conclusions du grand débat sont attendus lundi.
Vanik Berberian, président de l'association des Maires ruraux de France, appelle, ce dimanche, que franceinfo, le gouvernement à "donner des signaux très forts pour répondre aux attentes des citoyens." La synthèse des différentes contributions du grand débat sera présentée le 8 avril par les cinq garants de l'exercice, en présence d'Edouard Philippe.
franceinfo : Qu'attendez-vous du gouvernement aujourd'hui ?
Vanik Berberian : Il faut d'abord saluer cette opération qui a permis aux gens de s'exprimer. Je crois que c'est quelque chose de tout à fait inédit, dont on n'avait jamais vu la réalisation, ça a été dans toutes les parties du pays, il y a eu un travail et une écoute tout à fait intéressants, c'est remarquable. Donc, ça oblige le gouvernement à tenir compte de tout cet apport. Il va falloir trouver des réponses, c'est là que les choses vont se compliquer puisque, dans ces doléances, il y a des choses qui sont convergentes, d'autres contradictoires et on sait très bien que tout ne pourra pas trouver réponse. Pour autant, il y a obligation pour le gouvernement de donner des signaux très forts pour répondre aux attentes des citoyens qui sont vraiment très fortes.
Justement, vous qui avez assisté à de nombreuses réunions publiques, quelles sont les attentes qui reviennent le plus ?
Tout dépend de l'endroit où l'on se place et de la composition du groupe. Pour ce qui concerne les territoires ruraux, la question de la reconnaissance des territoires comme partie prenante du développement du pays est quelque chose qui est entendu assez fréquemment. La nécessité d'une meilleure considération, évidemment. Et puis, de pouvoir répondre aux besoins du quotidien. Il faut se souvenir que le mouvement est parti du projet de taxer de manière plus forte le carburant, alors que l'on sait que, en milieu rural, la question de la mobilité est une vraie difficulté. Donc, des réponses immédiates du quotidien. On peut aussi parler de la santé et des services publics en général. Au-delà de ça, c'est aussi la possibilité de vivre à peu près normalement quel que soit l'endroit où l'on se trouve.
Il y a un sentiment qui revient souvent, celui de l'inégalité…
Il faut quand même se souvenir que l'égalité est un mot important de la devise de la République, et, sur nombre de sujets, urbains, ruraux - parce que vous pouvez aussi avoir des territoires urbains qui sont en déshérence en matière culturelle ou en matière de santé, par exemple - la volonté est celle-là : de pouvoir avoir accès à l'ensemble des services du quotidien. Je prends un exemple plus précis : celui du numérique, où, aujourd'hui, on a bien compris qu'il y a une mutation sociétale qui se fait, qui entraîne la dématérialisation des opérations administratives. Sauf qu'il y a des endroits où il n'y a pas de réseau, tout le monde n'a pas d'ordinateur chez lui, tout le monde n'a pas la formation pour utiliser ces outils, et, donc, vous avez des gens qui se trouvent exclus parce qu'ils n'ont pas les moyens de répondre à leur besoin. Ça, c'est une forme de fracture sociétale qu'il faut absolument résoudre, et c'est de la responsabilité du politique de trouver une solution à ça. Je crois qu'il y a une dimension psychologique à tous ces sujets-là, et l'on oublie trop souvent cet aspect. Je pense qu'un premier signal a été donné avec la volonté de permettre aux citoyens de s'exprimer.
La deuxième chose est de manifester un intérêt et peut-être changer un peu de comportement : on a vu des politiques arriver avec leur assurance et leur certitude, c'est quelque chose qui passait assez mal. Là, nous sommes dans la forme. Après, sur l'action, des réponses concrètes ça peut être, par exemple, de remettre des arrêts de train dans des gares en milieu rural, trouver rapidement une solution à cette question de la désertification médicale, dont on parle depuis trente ans, comment se fait-il que l'on n'a toujours pas trouvé de réponse à ça ? Pour ce qui nous concerne nous, nous avons été entendus sur la nécessité d'avoir un agenda rural. La ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault a engagé une réflexion avec cinq élus qui vont faire des propositions concrètes dans les semaines qui viennent. Pour nous, la reconnaissance de ce que peuvent apporter les territoires ruraux dans le développement du pays est quelque chose d'essentiel.
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