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Comment Benoît Hamon est passé de ministre à frondeur

Moins de deux mois après sa démission, l'ex-ministre multiplie les attaques contre la politique gouvernementale, une "menace" pour la République selon lui.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Benoît Hamon assiste à l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle (Charente-Maritime), le 29 août 2014. (XAVIER LEOTY / AFP)

Moins de deux mois après son départ du gouvernement, Benoît Hamon rejoint le camp des frondeurs. Après s'être abstenu lors d'un vote sur le budget 2015 à l'Assemblée nationale, l'ancien ministre tance la politique menée par le gouvernement, qui représente, d'après lui, une "menace" pour la République.

Comment le socialiste se distance-t-il du gouvernement depuis sa démission ? Francetv info revient sur son parcours de frondeur.

Acte 1 : Hamon claque la porte du gouvernement

Le socialiste n'a fait qu'un passage éclair au ministère de l'Education : 147 jours, exactement. Après avoir critiqué la ligne économique du gouvernement, menacé de limogeage, le successeur de Vincent Peillon n'a d'autre choix que de démissionner, lundi 25 août : "J'ai décidé de partir", explique Benoît Hamon à France 2.

Benoît Hamon : "j'ai décidé de partir" du gouvernement de Manuel Valls (FRANCE 2)

La veille, à la fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), il exprimait son "désaccord" avec la politique du gouvernement, aux côtés de son collègue Arnaud Montebourg. "On n'est pas loin des frondeurs", confiait alors le ministre au Parisien.

Pour Montebourg et Hamon, une Fête de la Rose au parfum de dissidence (VERONIQUE GAUREL, PIERRE BERETTA - FRANCE 3)

Acte 2 : Hamon rassemble ses soutiens

Comme chaque année, Benoît Hamon rassemble l'aile gauche du Parti socialiste dans les Landes, dimanche 5 octobre, à l'occasion de l'université de rentrée de son courant "Un monde d'avance". Devant ses partisans, il poursuit ses critiques et appelle au "rassemblement de la gauche", avec les écologistes et les communistes,
assurant n'avoir "aucun plaisir à voir sa famille politique échouer", ni "aucune jouissance à voir d'autres que moi persister dans l'erreur".

Au passage, l'ex-ministre s'interroge sur les raisons de son limogeage. "Quelle audace" y avait-il à "demander une politique qui soutienne le pouvoir d'achat des Français", commence-t-il à énumérer. A "dire qu'il fallait augmenter le smic, demander le dégel du point d'indice (...) demander qu'il y ait plus d'étudiants boursiers", à "demander une extension du RSA aux moins de 25 ans".

Acte 3 : Hamon s'abstient sur le budget

Benoît Hamon a fini par rejoindre la cohorte des frondeurs, à l'occasion de l'adoption du budget 2015 à l'Assemblée nationale. Le gouvernement n'a pas pu compter sur la voix de l'ancien ministre, qui a préféré s'abstenir, mardi 21 octobre, comme 38 autres de ses collègues socialistes, dont Aurélie Filippetti.

Il s'agit-là du plus haut niveau atteint par les frondeurs sur un budget depuis le début de leur mouvement de contestation de la politique économique du gouvernement il y a six mois.

Jean-Christophe Cambadélis déplore le manque de "loyauté" de Benoît Hamon et Aurélie Filippetti. Invité de RTL, mercredi 22, le premier secrétaire du Parti socialiste se dit "choqué" par le fait que "deux ministres de la République qui ont quitté le
gouvernement et qui avaient accepté les arbitrages budgétaires au mois de juillet se soient abstenus".

Cambadelis critque Hamon et Filippetti (RTL)

Acte 4 : Hamon évoque une "menace" pour la République

Dans la foulée, Benoît Hamon demande à Jean-Christophe Cambadélis de ne "pas réagir avec ses nerfs". "J'essaie d'être utile à ma famille politique", se justifie l'ex-ministre à l'antenne de RFI, sans oublier de décocher de nouvelles flèches en direction de l'exécutif.

La politique de l'exécutif "menace la République", dénonce Benoît Hamon, car "elle réduit les capacités d'intervention de la puissance publique". "Et la menace de la République, c'est la préparation tout droit, comme on s'y prépare pour 2017, d'un immense désastre démocratique, poursuit-il. Non seulement l'arrivée au second tour de la présidentielle de Marine Le Pen sans coup férir, mais en plus la menace que demain, elle dirige le pays."

Les propos de Benoît Hamon ne passent pas auprès de son ancien collègue Stéphane Le Foll. "Il va trop loin, une limite a été franchie, estime le porte-parole du gouvernement sur BFMTV. La cohérence serait qu'il quitte le PS."

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