Reportage Gouvernement de Michel Barnier : "Ça ne changera pas grand chose", selon les salariés résignés du groupe alimentaire LDC dans la Sarthe

Franceinfo sonde les Français et leurs attentes du nouveau gouvernement de Michel Barnier. Mercredi, parole à des salariés qui souhaitent l'abrogation de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
Article rédigé par Louise Buyens
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des employés emballent poulets dans l'usine LDC (fermiers de Loué) à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). (LUCIE AMADIEU / RADIO FRANCE)

Direction Sablé-sur-Sarthe, dans la Sarthe, où se trouve le siège du groupe alimentaire LDC. C'est le numéro 1 de la volaille en France avec des marques comme Le Gaulois, Maître Coq, Loué ou Marie.  Une centaine de sites sont répartis en France et en Europe, dont plusieurs sont à Sablé-sur-Sarthe, où la première attente des salariés concerne la réforme des retraites et l'abrogation de l'âge de départ à 64 ans. Le nouveau Premier ministre a affirmé vouloir "ouvrir le débat" pour une "amélioration" de la réforme des retraites.

Au cœur de la zone industrielle, au milieu des usines, un gros rond-point a été le théâtre des manifestations de centaines de salariés pendant la réforme des retraites. "J'ai été manifester beaucoup de fois l'année dernière, dit Gilles, 57 ans, encore écœuré, j'ai perdu beaucoup d'heures pour visiblement rien du tout, parce que 49-3 et terminé !" 

Le site du groupe alimentaire LDC à Sablé-sur-Sarthe, dans la Sarthe, en septembre 2024. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO)

Il partira à 61 ans et trois mois parce qu’il a commencé à travailler jeune. "Avec la réforme Macron, j'ai pris quinze mois de plus. J'aurais préféré partir à 60 ans, mais malheureusement, pas de bol", se résigne-t-il.

"On a des douleurs au dos parce qu'on porte beaucoup."

Corinne, salariée LDC

à franceinfo

Tous les corps qui passent les portes des usines sont usés et abîmés, comme celui de Corine, 52 ans. Son travail consiste à mettre des étiquettes sur les barquettes de poulet, des gestes très répétitifs. "J'ai déjà été opérée des deux épaules, j'ai fait les canaux carpiens, explique Corine.  Moi, je m'occupe des machines, donc on a le 'célo' à changer - le 'célo', c'est le film qui emballe des barquettes. Le 'célo' le moins lourd, il fait 13 kg et on monte jusqu'à 21 kg. Et ensuite on a les étiquettes, les étiquettes, Le rouleau des étiquettes fait 4 kg donc on change l'étiquette des fois 10 à 15 fois par jour." 

"La santé avant le travail"

Dans ces conditions, Laurence refuse de travailler plus longtemps : "À 61 ans et neuf mois puisqu’aujourd'hui la loi est comme ça, c'est au moins de faire une retraite progressive. Il y aura une perte d'argent, mais c'est aussi un choix personnel. C'est ma santé avant le travail." Mais tous ses collègues ne peuvent pas se le permettre. En moyenne, selon leur ancienneté, ils touchent entre 1 500 et 1 800 euros nets par mois.

Retraites et pouvoir d’achat, y aura-t-il du changement avec le nouveau Premier ministre Michel Barnier ? Cette autre salariée n'y croit plus : "Ils nous disent des belles choses pour être élus, pour faire le buzz, je ne sais pas, mais au final on n’entend rien, on voit qu'il n'y a rien qui change vraiment. Il peut y avoir un nouveau gouvernement, un nouveau ministre, mais avec le même président, ça ne changera pas grand-chose", estime Charlène. Alors les salariés essaient de faire bouger les lignes à leur niveau dans l’usine. La semaine dernière encore, ils ont débrayé pour décrocher de meilleures conditions de travail.

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