Propos de Bruno Retailleau sur l'État de droit : "Stupéfiant, désastreux et vraiment très inquiétant", réagit la Ligue des droits de l'Homme
C'est "stupéfiant, désastreux et vraiment très inquiétant", réagit lundi 30 septembre sur franceinfo Patrick Beaudouin, président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), après les propos de Bruno Retailleau sur l'État de droit. Le nouveau ministre de l'Intérieur estime que l'État de droit n'est "pas intangible, ni sacré" et que "c'est un ensemble de règles, une hiérarchie des normes, un contrôle juridictionnel, une séparation des pouvoirs, mais [que] la source de l'État de droit, c'est la démocratie, c'est le peuple souverain".
"La remise en cause de la notion d'État de droit, c'est ce qui me choque le plus", affirme le président de la LDH, "parce que l'État de droit, c'est ce qui caractérise les régimes de démocratie, par opposition à des régimes autoritaires dits désormais ultralibéraux, c'est même ce qui distingue de la dictature, puisque la dictature, c'est le rejet de l'État de droit". Selon lui, "c'est ce qui distingue une dictature d'un État qui respecte les lois, qui respecte les droits des citoyens et citoyennes qu'il protège et qui garantit les notions d'égalité, de liberté et de fraternité". "C'est un socle absolument essentiel si l'on veut rester dans un pays qui correspond justement à tout ce que sont ces valeurs", insiste-t-il.
"Notre société est déjà sous tension permanente"
Le ministre de l'Intérieur a également tenu des propos durs sur l'immigration, se disant favorable à un référendum ou au rétablissement de la double peine. "Il n'est pas question de dire qu'il ne faut pas un certain contrôle de l'immigration", concède Patrick Beaudoin, "mais tenir des propos aussi clivants, en disant que l'immigration n'est pas une chance, en remettant en cause l'État de droit dans un contexte où notre société est déjà sous tension permanente, c'est extrêmement dangereux et ça ne sert à rien", juge-t-il. "Essayons de voir avec lucidité les problèmes existants et de les résoudre, non pas par des anathèmes et des formules à l'emporte-pièce et démagogiques mais par un véritable raisonnement", plaide-t-il.
Selon le président de la LDH, "le discours de Bruno Retailleau, ce n'est, ni plus ni moins, que le discours du RN", soulignant que les cadres du parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen s'en sont "félicité très vite". Bruno Retailleau "s'intègre vraiment dans cette logique de l'extrême droite qui ne peut que conduire au pire".
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