: Reportage "À quoi ça sert d'aller voter ?" : dans le Val-d'Oise, des électeurs du RN entre déception et lassitude après la nomination de François Bayrou à Matignon

À quoi ressemblera le prochain gouvernement ? Difficile à dire, mais François Bayrou, le nouveau Premier ministre, veut rapprocher les politiques et la population, "s'attaquer au mur de verre qui s'est construit entre les citoyens et le pouvoir", a-t-il plaidé dans son discours de passation de pouvoir, vendredi 13 décembre. Mais le centriste ne fait pas l'unanimité chez tous les électeurs, notamment les sympathisants du RN, visiblement très déçus.

Sylvie promène son chien près de la mairie de Domont (Val-d'Oise), 16 000 habitants, en bordure de la forêt domaniale de Montmorency. Elle préfère suivre de loin la situation politique, "parce que ça ne m'apporte rien, si ce n'est de me décevoir et de m'énerver". Et en parlant de François Bayrou Premier ministre, elle se dit "fortement déçue. Ceci dit, lui, il doit être content, depuis le temps qu'il est au fond du placard, il en sort. Pour faire quoi ? Ça va être la même chose que Barnier et que les précédents... Pas de surprise. Je n’attends plus rien maintenant. À quoi ça sert d'aller voter ? On ne tient pas compte de nos opinions."

Comme elle, 40% des électeurs de cette commune du Val-d'Oise ont voté RN au second tour des législatives cet été. "De toute façon, malheureusement on ne peut pas agir, déplore-t-elle. Le seul pouvoir qu'on avait, c'est de voter, et aujourd'hui, voter ou pas voter, pour moi c'est pareil. Malgré le fait que depuis mes 18 ans je vais voter, là je me dis : à quoi bon ?"

"Vivement la prochaine présidentielle"

Difficile de rattraper une méfiance de plus en plus grande de ces électeurs vis-à-vis du pouvoir dans la commune voisine de Saint-Brice-sous-Forêt, 51% de bulletins RN au second tour des législatives. Et même déception des sympathisants d'extrême droite. "Savoir que c'est Bayrou qui reprend le flambeau, ça fait peur", lâche Isabelle, qui attendait un Premier ministre ferme sur la thématique de la sécurité, le sujet qui l'intéresse le plus et qui n'évoluera pas, selon elle, avec des centristes au pouvoir.

"Non, ils ont peur de parler", pense-t-elle, alors que Jordan Bardella, son favori, "je pense qu'il aurait pu faire quelque chose vu que lui aussi a connu un peu les quartiers". Elle repart en admettant qu'un Premier ministre RN se serait fait certainement censurer. Un voisin conclut : "Pour l'instant c'est le bordel, vivement la prochaine présidentielle".