Inflation, superprofits, fonds vert... Ce qu'il faut retenir des pistes évoquées par Elisabeth Borne
La Première ministre a laissé filtrer dans "Le Parisien" les plans de son gouvernement pour contrer la crise climatique et contenir la hausse des prix, notamment ceux de l'énergie.
Des annonces, des mises au point et quelques chiffres. Dans un entretien accordé au journal Le Parisien (article payant) publié samedi 27 août, Elisabeth Borne a présenté les pistes de son gouvernement pour la rentrée. Au programme : la lutte contre l'inflation galopante due en partie à la guerre en Ukraine, mais aussi contre le réchauffement climatique. Franceinfo vous résume les grands axes avancés par la Première ministre dans cet entretien.
Des "dispositions" pour contenir l'inflation
Elisabeth Borne promet que le gouvernement prendra "les dispositions spécifiques" pour atténuer les effets sur le pouvoir d'achat d'une inflation qui n'en finit plus d'inquiéter (+6,1% sur un an, selon l'Insee). "Les Français peuvent être rassurés, nous amortirons les hausses, a déclaré la Première ministre, nous n'allons pas laisser les prix de l'énergie exploser." Sans préciser davantage les contours de ces dispositions, la Première ministre a expliqué qu'une attention particulière serait portée aux ménages les "plus fragiles".
Il faut donc s'attendre à de nouvelles mesures pour remplacer le bouclier tarifaire, qui a permis de limiter l'inflation dans l'Hexagone grâce au gel des prix du gaz et de l'électricité. La fin de ce dispositif, dont la facture dépasse les 20 milliards d'euros pour l'Etat, doit intervenir à la fin de l'année 2022. Pour affronter la crise de l'énergie, qui se fait fortement sentir sur les marchés de gros, le gouvernement a appelé les ménages à la sobriété, mais n'entend pas surveiller les usages. "Soyons clairs, on ne va pas contrôler les Français chez eux", a tempéré Elisabeth Borne, qui souhaite néanmoins que "chacun soit conscient de la gravité du moment".
Un "fonds vert" de 1,5 milliard d'euros pour la transition écologique des collectivités
Face à la crise climatique, Elisabeth Borne a annoncé la création d'une enveloppe pour aider les collectivités à s'adapter. La cheffe du gouvernement a précisé que ce "fonds vert" serait doté d'un budget de 1,5 milliard d'euros. Pour la locataire de Matignon, ce fonds doit les aider à "mettre en place des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre". Concrètement, cette aide pourra servir à la rénovation énergétique des bâtiments, des écoles notamment, mais aussi à ramener "de la nature dans les villes" ou encore à installer "des parkings relais", suggère la Première ministre.
À ce fonds public s'ajoute une "planification écologique" nationale, dont les détails devraient être connus avant la fin de l'année. "Nous agirons dans tous les domaines de notre vie : les bâtiments, le transport, l'industrie, l'agriculture, la gestion de l'eau", a listé Elisabeth Borne. Un plan global donc, plutôt que des mesures ciblées, comme la régulation des vols en jet privé évoquée par Clément Beaune, son ministre délégué chargé des Transports. "Je ne veux pas rentrer dans ce débat-là", a-t-elle tranché.
Une taxe sur les superprofits pas exclue
Alors que des pans entiers de l'économie française sont en berne, certains acteurs génèrent des profits exceptionnels. Contrairement à l'Italie, le Royaume-Uni ou l'Espagne, la France ne taxe pas les superprofits des géants pétroliers par exemple. Une situation qui fait débat et qui pourrait bientôt changer. "Je ne ferme pas la porte", a assuré la Première ministre, qui compte pour l'instant sur la bonne volonté du secteur privé. "Je pense que le plus efficace et le plus concret pour les Français, c'est quand une entreprise, quand elle le peut, baisse les prix pour le consommateur et donne du pouvoir d'achat à ses salariés", a-t-elle résumé, en faisant référence à la "prime Macron", dont le plafond a été fortement rehaussé.
Un recours possible au 49.3 pour voter le budget à l'Assemblée
A l'automne, le gouvernement affrontera la première grande épreuve de la législature sans majorité absolue à l'Assemblée nationale : le vote du projet de loi de finances (PLF). Elisabeth Borne n'exclut pas de recourir à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote sauf motion de censure. "Nous aviserons, car les Français ne nous ont pas demandé l'immobilisme", a répondu la Première ministre, interrogée sur cette éventualité. "Je suis aussi consciente que, pour un groupe d'opposition, c'est symbolique de voter un budget. Mais le cas échéant, il y a des outils dans la Constitution pour pouvoir avancer", a-t-elle glissé.
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