Migrants, conditions de travail des policiers... Christophe Castaner présente sa feuille de route
Dans un entretien au "JDD", le nouveau ministre de l'Intérieur promet de s'inscrire dans les pas de Gérard Collomb, auquel il vient de succéder.
Contrôles migratoires, conditions de travail des policiers, violence dans certains quartiers : Christophe Castaner, nommé le 16 octobre, dresse sa feuille de route de ministre de l'Intérieur dans un long entretien au JDD, dimanche 21 octobre, en reprenant les chantiers-clés ouverts par Gérard Collomb.
Sur l'immigration
Sur la question migratoire, Christophe Castaner se dit "inquiet" de la situation à la frontière espagnole depuis quelques mois. Il va nommer un "coordonnateur sécurité", qui sera un haut fonctionnaire, pour "mieux organiser les contrôles et le dialogue avec les autorités espagnoles". Depuis le début de l'année, "on a recensé en Espagne 48 000 entrées irrégulières en provenance du Maroc – soit une augmentation de 155%" et "les non-admissions à la frontière franco-espagnole ont augmenté de près de 60% dans les Pyrénées-Atlantiques par rapport à l'an passé", selon lui.
Le ministre revendique une "politique ferme contre l'immigration irrégulière". "Un tiers des demandeurs d'asile en France ont été déboutés dans un autre pays d'Europe, c'est inadmissible. Nous n'avons pas vocation à être une 'instance d'appel' des déboutés de l'Allemagne ou de l'Italie", ajoute-t-il.
Il doit également échanger dans "les tout prochains jours" avec ses homologues européens, dont le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini. Ce dernier a envoyé samedi des policiers patrouiller à la frontière franco-italienne afin d'empêcher les refoulements de migrants, au lendemain de la reconduite de trois clandestins, qualifiée de normale par la France. "Dans la plupart des zones frontalières, la coopération avec la police italienne se passe bien. Je comprends qu'il y a un besoin de renforcer cette coopération dans la région de Bardonnèche. Ne comptez pas sur moi pour ajouter de la polémique à la polémique", ajoute Christophe Castaner.
Les relations entre Rome et Paris se sont tendues ces derniers mois. L'Italie accuse ses partenaires européens, à commencer par la France, de l'avoir laissée seule gérer la crise migratoire et les quelque 700 000 migrants arrivés sur ses côtes depuis 2013.
Sur les conditions de travail des policiers
Le ministre, qui sera épaulé par un secrétaire d'Etat, l'ex-patron du renseignement intérieur Laurent Nuñez, adresse également des signes aux policiers, en rappelant la hausse de 3,5% du budget de son ministère. Christophe Castaner reconnaît que les policiers "ont raison de [se] plaindre" de la vétusté de leur matériel, rappelant que 300 millions d'euros par an seront consacrés à la rénovation de l'équipement, auxquels s'ajoutent 130 millions pour la rénovation de la flotte automobile.
La direction générale de sécurité intérieure (DGSI) sera, elle, dotée de 22,5 millions d'euros supplémentaires affectés à des investissements technologiques. Ses trois sites devraient également être réunis en un seul. Sur le plan symbolique, Christophe Castaner veut également "mettre un terme" à "la protection à vie des anciens ministres de l'Intérieur" et la ramener à cinq ans après la fin de leurs fonctions.
Sur les tensions dans "certains quartiers"
Lors de son départ fracassant, Gérard Collomb avait évoqué les difficultés dans les quartiers et sa crainte que "nous vivions face à face" en France. Christophe Castaner évoque à son tour une "situation de tension extrême et une très grande violence dans certains quartiers". Il doit se rendre dimanche au commissariat de Champigny (Val-de-Marne), où des policiers ont été insultés dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux cette semaine.
"Partout où l'on voit que la République recule, il faut agir. Reconquérir mètre carré par mètre carré la souveraineté républicaine dans certains quartiers. Ce sera un combat", ajoute-t-il.
Sur l'organisation de l'islam en France
Sur un autre chantier attendu, Christophe Castaner annonce qu'il présentera à Emmanuel Macron dans "quelques jours" les résultats de la consultation organisée dans chaque département sur l'organisation de l'islam en France.
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