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Cinq fois où l'opposition a réclamé la démission de Christophe Castaner depuis sept mois

Arc de triomphe saccagé, "attaque" de la Pitié-Salpêtrière... En poste depuis octobre 2018 seulement, le ministre de l'Intérieur est en première ligne face aux critiques de tous bords.

Article rédigé par franceinfo
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Christophe Castaner lors d'une conférence de presse, le 19 avril 2019, au ministère de l'Intérieur, à Paris. (NICOLAS MESSYASZ/SIPA)

"Si le gouvernement ne produit pas la preuve de ce qu'il affirme, je pense que le ministre de l'Intérieur ne peut plus rester ministre de l'Intérieur." La tête de liste du parti Génération.s aux élections européennes, Benoît Hamon, a réclamé, jeudi 2 mai sur franceinfo, le départ de Christophe Castaner, après que celui-ci a qualifié d'"attaque" l'intrusion de manifestants du 1er-Mai dans l'enceinte de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

Nommé mi-octobre 2018 en remplacement de Gérard Collomb, Christophe Castaner est l'une des cibles privilégiées de l'opposition, qui réclame, mois après mois, sa démission. Lui jure qu'il ne pense pas à partir.

En novembre, après des violences sur les Champs-Elysées

Le 24 novembre, lors du deuxième samedi de mobilisation des "gilets jaunes", les Champs-Elysées sont investis par 8 000 manifestants, qui "snobent" le Champ-de-Mars mis à disposition par la préfecture. Des barricades sont montées avec du matériel de chantier, le mobilier urbain est dévasté, des commerces sont vandalisés... Deux jours après, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, accuse l'exécutif de passivité face aux casseurs et estime qu'"il y a une volonté du gouvernement d'avoir des images spectaculaires".

Le même jour, son parti lance une pétition "Castaner démission". Le ministre est notamment accusé de "manipulation" pour avoir affirmé que les violences étaient le fait de "séditieux qui ont répondu à l'appel de Marine Le Pen" de se rendre sur les Champs.

En décembre, après le saccage de l'Arc de triomphe

A la suite d'une nouvelle journée de violences sur les Champs-Elysées et la place de l'Etoile, plusieurs partis réclament, les 2 et 3 décembre, un changement place Beauvau. "Depuis le début du conflit des 'gilets jaunes', le ministre de l'Intérieur attise les tensions au lieu de les apaiser et expose nos forces de l'ordre aux dangers au lieu de créer les conditions du retour au calme, déplore le mouvement de Benoît Hamon, Génération.s. Après ce énième échec, Monsieur Castaner, nommé ministre de l'Intérieur par complaisance et non par compétence, doit démissionner."

Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, juge "inadmissible" de ne pas avoir "protégé l'Arc de triomphe" et demande "la démission de Christophe Castaner, qui est un incapable et un cynique".

En janvier, après la blessure de Jérôme Rodrigues

Le 27 janvier, au lendemain de la onzième journée de manifestations des "gilets jaunes" à Paris, marquée par la blessure à l'œil de Jérôme Rodrigues, c'est au tour de Jean-Luc Mélenchon d'appeler au départ du ministre de l'Intérieur. "Nous en sommes à 12 ou 13 ou 14 éborgnés, un mort, quatre mains arrachées, égrène le leader de La France insoumise. Le ministre Castaner est incapable de faire face à l'organisation de la paix publique. Il doit s'en aller."

En mars, après un nouveau pillage des Champs

Commerces, banques et hôtels dégradés, kiosques incendiés, fourgon de gendarmerie brûlé... Après un épisode de violences sans précédent sur la "plus belle avenue du monde", samedi 16 mars, le gouvernement a reconnu des "dysfonctionnements" dans le dispositif de sécurité mis en place dans la capitale. Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a été évincé mais Christophe Castaner est lui maintenu dans ses fonctions.

"Le ministre de l'Intérieur ne peut pas rester en poste, estime, le 17 mars, Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains. Il doit partir." Sa collègue Lydia Guirous abonde : "Pas à la hauteur", "Christophe Castaner doit avoir le courage et la décence de démissionner". Même son de cloche au Rassemblement national : le "ministre du laxisme" doit "s'en aller s'il n'est pas capable d'assurer l'ordre".

En mai, après la présumée "attaque" d'un hôpital

Le 1er mai, quand des manifestants entrent de force dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et quand certains d'entre eux tentent (sans succès) de pénétrer dans un service de réanimation, Christophe Castaner dénonce une "attaque" - et maintient ensuite sa version des faits, remise en cause par des témoignages et des vidéos (notamment celle-ci) apparus ensuite. "Le président de la République devrait prendre la seule décision qui s'impose, c'est de démettre de ses fonctions le ministre de l'Intérieur parce qu'il a délibérément construit une histoire qui n'existait pas", réagi Benoît Hamon, leader de Génération.s, le lendemain.

Vendredi 3 mai, Nicolas Dupont-Aignan l'accuse d'avoir "menti" et d'avoir "voulu manipuler l'opinion". "Il doit démissionner", dit le député de l'Essonne, rejoint par le député de La France insoumise Adrien Quatennens : "Christophe Castaner doit partir, il n'est pas à la hauteur de de sa fonction, il ne se comporte pas en homme d'Etat". Le ministre a fini par reconnaître, vendredi : "Je n'aurais pas dû employer le mot 'attaque'", ajoutant que le qualificatif "d'intrusion violente" était plus adapté.

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