Budget 2019 : l’annonce des six milliards d’euros de baisse d’impôts est un "leurre" selon Familles rurales
Alors que le gouvernement annonce une baisse d'impôts de six milliards d'euros dans son budget 2019, l'association Familles rurales dénonce un "leurre". Selon elle, ces baisses seront effacées par l'inflation ou encore la hausse du prix de l'essence.
Après la présentation du budget 2019 en Conseil des ministres et l’annonce d’une baisse d’impôts de six milliards d’euros pour les ménages, Dominique Marmier, le président de l’association "Familles rurales" a réagi lundi 24 septembre sur franceinfo : "C’est une annonce qui se fait avec beaucoup de fracas, mais c’est plutôt un leurre."
franceinfo : Est-ce que cette baisse d’impôts garantit une hausse du pouvoir d’achat ?
Dominique Marmier : Pas vraiment, parce qu’on pense que c’est une annonce qui se fait avec beaucoup de fracas, beaucoup d’écoute, mais c’est plutôt un leurre. Effectivement, le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure des familles parce qu’on s’aperçoit bien que depuis 2011, sous Nicolas Sarkzoy et François Hollande, les familles ont beaucoup contribué. Les prélèvements obligatoires ont coûté presque 40 milliards d’euros pour les ménages.
Si certaines mesures vont dans le bon sens – je pense à la baisse de la taxe d’habitation, bien sûr, aussi à la désocialisation des heures supplémentaires, à certaines augmentations de certains minimas sociaux – on en voit d’autres qui sont vraiment pénalisantes pour les familles. Je pense surtout à la désindexation des allocations familiales, parce que ces dernières ne vont augmenter que de 0,3 % alors que l’inflation va être de 2 %.
Selon vous, l’inflation ne sera pas compensée par cette baisse d’impôts ?
Non, parce qu’effectivement, les allocations familiales, les pensions de retraite, les allocations logement vont être désindexées de l’inflation. Cela représente déjà un coût de 3 milliards d’euros. Si je prends également la hausse du carburant avec + 6,5 centimes sur le gazole [par litre] et puis 3 centimes sur l’essence [par litre], on arrive à un effort supplémentaire pour les ménages de 2,8 milliards d'euros. Ce qui fait déjà un total de presque 6 milliards, rien qu’avec la désindexation des allocations familiales et la hausse des carburants. On voit bien que le résultat n’est pas là pour les ménages.
Quelles auraient été les bonnes mesures, à vos yeux ?
Je tire la sonnette d’alarme par rapport à la hausse [du prix] des carburants, notamment pour les familles. Je suis président de Familles rurales, donc des familles qui vivent dans des territoires ruraux. (…) On n’a pas d’autre possibilité que de prendre une voiture ou deux voitures par ménage. Et là, une fois de plus, ce sont les familles des territoires ruraux qui n’ont pas d’alternative, qui n’ont pas de compensation, qui vont faire un effort supplémentaire par rapport à d’autres. Là, on voit bien qu’elles sont pénalisées.
Le deuxième point qui est très important, ce sont les allocations familiales. Depuis sept ou huit années maintenant, il y a eu la modulation des allocations familiales, il y a eu la baisse aussi du quotient familial, ce qui fait que la politique familiale est vraiment mise à mal. (…) Au niveau des structures d’accueil de la petite enfance, nous sommes sous-dotés dans les territoires ruraux, ce qui pose un véritable problème de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.
On se bat depuis plusieurs années avec les pouvoirs publics pour améliorer les conditions pour les familles. Quand on met à mal la politique familiale, et qu’on pénalise aussi au niveau de la mobilité, je crois que c’est la double peine pour les familles. Surtout quand, dans le même temps, les services publics sont en nette diminution dans les territoires ruraux.
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