Giscard coûte plus cher à l'Etat que Sarkozy et Chirac
Selon les calculs du député René Dosière, les dépenses allouées aux activités de VGE s'élèvent à 2,5 millions d'euros par an, contre 2,2 millions d'euros pour Nicolas Sarkozy et 1,5 million pour Jacques Chirac.
Un tiercé inattendu. Il y a deux semaines, Mediapart détaillait les largesses que l'Etat accordait à Nicolas Sarkozy en tant qu'ancien président de la République. Mais le député socialiste René Dosière révèle, mardi 27 janvier, que l'ancien chef d'Etat qui coûte le plus cher aux finances publiques est Valéry Giscard d'Estaing. Jacques Chirac monte sur la troisième marche de ce podium, devancé par l'actuel patron de l'UMP.
Rémunération, locaux, véhicules, personnel, agents de sécurité, primes... Selon les calculs du député Dosière, spécialiste des questions de gestion des finances publiques, VGE coûterait à l'Etat la bagatelle de 2,5 millions d'euros par an, Nicolas Sarkozy 2,2 millions d'euros et Jacques Chirac 1,5 million.
Comment arrive-t-on à un tel montant ?
Sur son blog, le député René Dosière détaille comment il a réussi à se procurer ces informations. Un véritable chemin de croix, car les coûts sont supportés par plusieurs administrations dans une certaine opacité.
Les dépenses de fonctionnement. Les dépenses automobiles, de même que les loyers et l'entretien des bureaux alloués aux anciens présidents sont pris en charge par Matignon. Ces "dépenses de fonctionnement" s'élèvent à plus de 343 000 euros par an pour Valéry Giscard d'Estaing, plus de 309 000 euros pour Nicolas Sarkozy et un peu moins de 243 000 euros pour Jacques Chirac.
Les dépenses de personnel. Au fil de ses recherches, René Dosière a découvert que les dépenses de personnel étaient, en revanche, prises en charge par chaque ministère mettant un agent à disposition. Le député a donc dû leur poser des questions écrites, auxquelles ils sont tenus de répondre sous deux mois.
On apprend ainsi que Valéry Giscard d'Estaing dispose de cinq sous-officiers (deux de l'armée de terre et trois de la marine), dont le coût (plus de 286 000 euros par an) est assumé par le ministère de la Défense. De son côté, le ministère des Finances met trois agents à la disposition de VGE, quand il n'en met que deux auprès de Jacques Chirac et un auprès de Nicolas Sarkozy. René Dosière attend toujours la réponse à sa question posée au ministère de l'Intérieur.
Les primes des collaborateurs. Ce n'est pas tout : les collaborateurs des ex-présidents ont également droit aux "indemnités de sujétion particulière", qui ont remplacé en 2002 les primes en liquide qui étaient versées aux membres des cabinets. En 2014, relève le député, elles se sont établies à près de 125 600 euros pour le personnel au service de Jacques Chirac, à plus de 155 000 euros pour le personnel de Valéry Giscard d'Estaing, et à près de 300 000 euros pour le personnel de Nicolas Sarkozy.
Que dit la loi sur les moyens alloués aux anciens présidents ?
Une loi de 1955, toujours en vigueur, octroie aux anciens présidents un traitement équivalent à environ 6 000 euros mensuels. Les autres moyens qui leur sont accordés par l'Etat sont détaillés dans une lettre adressée en 1985 à Valéry Giscard d'Estaing et restée confidentielle jusqu'en 2010. "Le président de la République a estimé nécessaire de définir (...) un certain nombre de règles fixant de manière permanente le statut dans la nation", écrivait Laurent Fabius, alors Premier ministre.
Selon ce courrier de Matignon, l'Etat leur met à disposition un appartement de fonction, la gratuité des transports publics, une voiture de fonction et pas moins de 13 personnes (agents de sécurité, collaborateurs, chauffeurs...). "Le document énumère un certain nombre de prestations mais elle n'en fixe pas le montant, explique à francetv info René Dosière. Donc c'est à chaque président de faire état de ses demandes et on ne résiste pas à un ancien chef de l'Etat."
La situation peut-elle évoluer ?
A écouter René Dosière, il est indispensable que les choses évoluent. La situation actuelle est "inadmissible", juge le député. "Matignon explique que ce courrier de 1985 vaut décision, explique-t-il. Mais dans un Etat de droit, on ne peut pas penser qu'une lettre, en quelque sorte personnelle, quasiment privée, puisse servir de base juridique à un statut des anciens présidents."
Faire évoluer la situation et mieux encadrer les moyens alloués par l'Etat ne serait pas bien compliqué à mettre en œuvre, d'après lui. "Je ne suis pas sûr qu'une loi soit nécessaire, estime René Dosière. Le gouvernement n'arrête pas de prendre des décrets, il suffirait d'en avoir un du Premier ministre pour faire bouger les choses, il est tout à fait en mesure de se saisir de ces questions." Le député espère que la médiatisation de ces importantes dépenses poussera l'exécutif à agir.
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