Génocide arménien : à Nicolas Sarkozy, la lettre d'Aznavour "reconnaissant"
Dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy, Charles Aznavour fait part de ses "sentiments de fierté, de reconnaissance et de justice rendue" après l'adoption par l'Assemblée de la loi pénalisant la négation des génocides, dont celui des Arméniens.
Charles Aznavour a exprimé par lettre au président de la République sa "reconnaissance", après l'adoption par l'Assemblée, jeudi 22 décembre, d'une proposition de loi réprimant la négation du génocide des Arméniens en Turquie, en 1915.
"La liberté d'expression n'est pas celle de manipuler l'Histoire"
"Vous vous êtes exprimé à plusieurs reprises pour la condamnation du négationnisme par la loi en rappelant à juste titre que la liberté d'expression, ce n'est pas celle de manipuler l'Histoire ni celle de nier les évidences historiques", écrit le chanteur d'origine arménienne dans ce courrier adressé au président de la République et rendu public par l'AFP lundi.
"Il y a dix ans, la France avait inspiré des sentiments de fierté aux 500.000 Français d'origine arménienne, en devenant le premier Etat au monde à donner force de loi à la reconnaissance du génocide arménien", affirme l'artiste de 87 ans, qui vit en Suisse depuis une quarantaine d'années . "Aujourd'hui, nous sommes fiers que notre Assemblée nationale préconise la pénalisation du négationnisme", ajoute-t-il.
"A Erevan, lors de votre visite d'Etat exceptionnelle en octobre dernier, en vous rendant au Mémorial du Génocide arménien, vous avez appelé la Turquie à revisiter son histoire, écrit encore Charles Aznavour, et vous avez redit tout votre engagement en faveur de I'adoption d'une loi française sur la condamnation du Génocide arménien et de leurs descendants".
Le chanteur a été nommé en 2009 ambassadeur d'Arménie en Suisse et représentant du pays auprès du bureau européen des Nations unies.
La négation du génocide arménien peut être punie d'un an de prison, selon la proposition de loi
L'Assemblée nationale a adopté jeudi une proposition de loi UMP réprimant d'un an de prison et d'une amende la contestation du génocide
arménien de 1915-17.
Le texte a provoqué la colère d'Ankara qui réfute le caractère génocidaire des massacres survenus dans les dernières années de l'Empire ottoman.
"Le président français Sarkozy a commencé à rechercher des gains électoraux en utilisant la haine du musulman et du Turc", a estimé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Il y a en France quelque 500.000 descendants d'Arméniens ayant fui la Turquie au début du siècle dernier, en particulier en Ile-de-France, à Marseille et en région lyonnaise.
Ankara a rappelé son ambassadeur en France
A la suite de ce vote, la Turquie a rappelé son ambassadeur en France, et a annoncé le gel de la coopération politique et militaire entre les
deux pays, pourtant alliés au sein de l'Otan.
Ces sanctions contre la France ne portent par sur les échanges commerciaux ou l'activité des entreprises françaises en Turquie, mais M. Erdogan a averti qu'il pourrait y avoir plusieurs trains de mesures contre la France.
Un texte qui a peu de chances de passer avant la présidentielle
Le texte doit désormais être inscrit à l'ordre du jour du Sénat. N'étant pas inscrit en urgence, il a peu de chances de passer avant l'élection présidentielle.
L'auteure de cette proposition de loi, la députée UMP des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer, a porté plainte lundi à Marseille après avoir reçu des menaces et avoir vu son site internet piraté par des militants pro-Turquie.
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