Témoignages "Un élève m'a dit : 'T'es pas française, rentre chez toi !'" : avant les législatives, ces profs s'interrogent face à la montée des idées d'extrême droite à l'école

Avant le premier tour des élections législatives, des enseignants confient leurs inquiétudes quant aux prochaines décisions de la future Assemblée nationale.
Article rédigé par franceinfo
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Des élèves dans une salle de classe parisienne. Image d'illustration. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Elle l'assure : le racisme se développe depuis quelques années parmi ses élèves. Amina est professeure d'éco-gestion dans un lycée professionnel de Seine-et-Marne depuis vingt-quatre ans. La Franco-Marocaine ne cache pas son choc : "Cette année, un de mes élèves m'a dit : 'T'es pas française, rentre chez toi !' C'est un discours qui se banalise", raconte-t-elle.

Et elle le constate aussi en salle des professeurs : "Il y a de plus en plus de collègues qui épousent les idées du Front national, comme la préférence nationale."

"Le discours de la haine, je l'ai vu exploser depuis les attentats de 2015. L'amalgame s'est instauré et j'ai eu l'impression qu'on n'avait plus les mêmes valeurs, ni les mêmes combats."

Amina, professeure d'éco-gestion en Seine-et-Marne

à franceinfo

Et elle reconnaît avoir peur de cette montée de l'extrême droite, tout comme Virginie, enseignante dans un collège rural de Corrèze. "Avoir le RN au gouvernement, ça me pose question. Et ça me pose question que des enseignants puissent accepter ça !", estime-t-elle.

"C'est se tirer une balle dans le pied"

Des enseignants qui craignent aussi les conséquences d'une arrivée au pouvoir du Rassemblement national sur les élèves : "C'est un peu incompatible d'être enseignant et de voter pour le RN, car si on réfléchit bien, c'est se tirer une balle dans le pied, parce qu'on perdrait une mixité des élèves", développe Alexis, professeur depuis deux ans en Seine-Saint-Denis. "T'es un élève à problèmes ou en difficulté, va voir ailleurs, on ne veut plus de toi', ça va être résolu comme ça, il n'y aura pas d'autre solution...", se désole-t-il.

Anna, enseignante en CE2 à Paris, préfère ne pas parler politique avec ses collègues qui sont séduits par les idées du Rassemblement national : "C'est lâche, mais c'est le mieux que je puisse faire !, ironise-t-elle. Je pense que d'être dans un métier, où on est tout le temps au contact des enfants, devant la diversité, c'est compliqué de voter pour des idées si discriminantes et si violentes !"

La jeune enseignante, qui a été contractuelle pendant trois ans, se dit très inquiète et n’imagine pas exercer son métier sous un gouvernement d’extrême droite : "Je n'appliquerai jamais des lois qui contreviennent à des valeurs fondamentales pour moi, comme le respect d'autrui, la non-discrimination des individus, l'acceptation de tous les élèves tels qu'ils sont."

"Je ne regarde pas les nationalités différentes des élèves, ce qui compte pour moi, c'est d'enseigner !"

Anna, enseignante en CE2 à Paris

à franceinfo

Plusieurs enseignants croisés affirment qu’ils pourraient quitter l’Education nationale si le prochain gouvernement est trop éloigné de leurs valeurs, voire partir de France pour aller à l’étranger.

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