franceinfo en campagne. À Forbach en Moselle, Florian Philippot en position inconfortable
Jusqu’au deuxième tour des élections législatives le 18 juin prochain, franceinfo zoome chaque jour sur une circonscription. Mardi, direction la 6e circonscription de Moselle, où Florian Philippot, vice-président du Front national possède une courte tête d'avance sur le candidat LREM.
Passé le premier tour des élections législatives, franceinfo poursuit son tour de France des circonscriptions. Après Carpentras dans la 3e circonscription du Vaucluse et Le Touquet dans la 4e du Nord-Pas-de-Calais, direction ce mardi 13 juin en Moselle, dans le bassin houiller de Lorraine, durement touché par le chômage (12% sur le secteur). Le Front national est en tête, à Forbach, dans la 6e circonscription, avec la candidature très médiatique de Florian Philippot.
Lundi soir, il faisait bon flâner dans la rue principale de Freyming-Merlebach, la deuxième ville de la circonscription. Comme lors de ces longues et ensoleillées soirées de juin, lors desquelles le soleil se couche sur les petits immeubles de cette ville entourée de collines boisées.
"Les gens sont dans le flou total"
La boulangerie de Vincent Igül est encore ouverte. L'odeur du pain chatouille les narines jusque sur le trottoir et, entre deux confections de gâteaux colorés, Vincent accepte de parler politique. Par gentillesse, et surtout parce qu'il aimerait en parler un peu moins. "Les élections ont trop duré. Les gens sont dans le flou total", estime-t-il. Ici, le candidat le plus connu est le Républicain Pierre Lang, le maire de la ville et député sortant. Cette fois-ci, le premier tour de l'élection législative a eu raison de lui. Vincent, lui, connaît au moins un des dix autres candidats : Florian Philippot, le très médiatique bras droit de Marine Le Pen qui vire en tête à la bouée du premier tour. Mais de peu : seulement 600 voix d’avance sur son poursuivant de La République en marche.
Philippot, un parachutage raté ?
C’est pourtant la troisième élection de Florian Philippot dans le bassin minier : on a vu l’homme tenter les législatives de 2012, puis les municipales à Forbach, et en outre été élu conseiller municipal mais a démissionné. Florian Philippot, serait-il, alors, un parachutage raté ? "Moi je connais des chantres de l’ancrage local qui sont toujours derrière moi… Moi je suis toujours qualifié, je suis très connu et très apprécié dans la circonscription. Peut-être le plus, et de loin", répond l’intéressé, qui passait la journée de lundi à Paris pour répondre à la presse nationale.
Objectif visé : les 62% d’abstentionnistes de la circonscription. Aussi compte-t-il accélérer sa campagne : "Il y a beaucoup d’électeurs, notamment du Front national, qui ont voté pour Marine Le Pen à la présidentielle, qui sont restés chez eux dimanche dernier mais qui vont se déplacer pour le second tour, analyse le candidat frontiste. Je ferais sûrement beaucoup plus de porte-à-porte parce que je n’ai pas eu le temps d’en faire beaucoup alors que je pense que c’est très efficace. Et je vais aussi faire une réunion publique dans la circonscription…"
"Rajouter un député Macron de plus ne sert à rien"
Florian Philippot a même une sorte de refrain de campagne : rajouter un député Macron de plus ne sert à rien, il faut une autre voie. Le macroniste en question, c’est Christophe Arend, chirurgien-dentiste, 41 ans. Il a déposé sa candidature pour le second tour à la préfecture à Metz dès lundi. Inconnu du public il y a un mois, il est un pur produit du mouvement En Marche ! S’il admet être porté par la vague Macron, il estime aussi que face à Florian Philippot, sa bonne connaissance des enjeux locaux est payante. "J’habite là-bas, j’ai ma famille et mes enfants là-bas, alors j’ai tout intérêt à ce que les choses se passent bien. Parce que si les choses ne se passent pas bien, alors je vivrai dans une région où les choses ne se passent pas bien ! Monsieur Philippot, lui, peut aisément aller d’un endroit à un autre, et ce n’est pas cela que je recherche", affirme-t-il.
"Monsieur Philippot boira la tasse"
Si Christophe Arend assure à qui veut l’entendre qu’il n’est jamais tranquille et que sa campagne continue sans interruption, il espère tout de même de très confortables reports de voix. À commencer par celles d’un macroniste dissident, Laurent Kleinhenz, ex-socialiste, maire de Farébersviller, qui espérait l’investiture En Marche ! et qui a rassemblé plus de 14% des suffrages. "Le score est acquis pour monsieur Arend, prédit Laurent Kleinhenz. Il fera le plein au second tour puisqu’un front républicain se dégagera. Donc monsieur Philippot boira, j’en ai bien peur, la tasse. Étant donné qu’il n’a pas été présent sur le terrain, qu’il n’a pas "mouillé le maillot", qu’il n’a pas été "au charbon", comme on dit chez nous, on se pose des questions…"
Les lendemains de la nouvelle majorité pourraient ne pas chanter
Le maire Les Républicains de Freyming Merlebach, Pierre Lang, qui finit troisième sur la circonscription, appelle lui aussi à voter pour le candidat En Marche ! Ce vieux briscard de la politique, qui faisait sa dernière campagne législative, ne prédit pourtant pas des lendemains qui chantent à la nouvelle majorité. "Je pense qu’elle ne durera pas, analyse-t-il. Nous aurons 400 ou 450 députés nouveaux. Dans les premiers mois, ce sera formidable. Tout le monde découvrira les locaux, les dorures de la République. Mais on ne mélange pas aisément des écolos dans l’âme avec des gestionnaires. Ni des socialistes avec des Républicains recyclés. Dans les mois qui viennent, les différentes sensibilités vont éclore et on s’apercevra qu’elles ne sont pas forcément compatibles pour faire une majorité pour le progrès de notre pays." Parmi les dossiers tests, le nucléaire et le débat sur les gaz de schistes, loin d’être clos. Y compris dans l’ancien bassin minier…
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