Il était le patriarche, le symbole du Front national, et elle vivait tranquillement dans son ombre. Mais quand Marine Le Pen prend la succession de son père à la tête du parti, en 2011, des désaccords avec son fondateur s'affichent rapidement.Sur la stratégie d'abord. Elle veut dédiaboliser le FN à tout prix, le rendre "fréquentable", écarter tout dérapage, quand lui trouverait "dommage que le Front national essaie de ressembler à d'autres partis dans le but de se dédiaboliser". Jean-Marie Le Pen n'a pas vraiment laissé le champ libre à sa fille, il continue d'encadrer ses faits et gestes et de prendre la parole quand il le souhaite.Ultra-libéralisme contre État stratègeMais les Le Pen divergent également du point de vue des idées. Jean-Marie était, dans les années 1980, un ultra-libéral, alors que Marine défend aujourd'hui un État stratège, fort sur le plan économique. Il veut garder la retraite à 65 ans, elle la veut à 60. Et Jean-Marie Le Pen trouve que sa fille délaisse les thèmes traditionnels du FN, comme l'immigration, pour des questions économiques et sociales.