Les dernières cartes de Hollande pour redresser sa courbe de popularité
Arrivé à la moitié de son mandat, le président de la République s'exprime jeudi sur TF1. Francetv info s'interroge sur les ultimes atouts qui restent dans le jeu du chef de l'Etat pour redorer son blason auprès des Français.
La mi-temps du quinquennat est sifflée. Pour marquer le coup, François Hollande a décidé d'intervenir sur TF1, jeudi 6 novembre. Objectif : tracer les grandes lignes de la deuxième partie de son quinquennat. Pour le chef de l'Etat, la situation est difficile. Il est le président de la Ve République le plus impopulaire. Les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous et 97% des Français estime qu'il a "plutôt échoué" sur la question de l'emploi.
Sans parler d'échec, le ministre du Travail François Rebsamen a admis, sur i-Télé, que le bilan à mi-mandat de François Hollande était "insatisfaisant", expliquant que les réformes mettent du temps à porter leurs fruits. Francetv info s'est interrogé sur les leviers d'action qui pourraient permettre au chef de l'Etat de regagner un peu de crédit auprès des Français.
Lancer des propositions chocs
Pour préparer son interview de mi-mandat, François Hollande aurait demandé à ses ministres, selon Les Echos, de plancher sur de nouvelles idées de réformes structurelles pour la France. Selon Le JDD, le chef de l'Etat pourrait placer la suite de son mandat sous le signe des réformes institutionnelles et sociétales. Une loi sur la fin de vie ou encore la proportionnelle pour les élections législatives pourraient être à l'ordre du jour. Il pourrait aussi avancer de nouvelles idées sur l'emploi et la jeunesse, croit savoir Le Point. Joint par francetv info, le député socialiste Gwendal Rouillard, qui fait partie du noyau dur des hollandais, ajoute quelques éléments à la liste : "Ce qui est important pour nous, c'est le chantier européen, la reconquête industrielle et la réussite de la transition énergétique."
Parmi les proches du président, certains se méfient de cette stratégie, tempère Le Figaro. Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, ou Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale, estiment qu'avant de faire de nouvelles annonces, il faudrait déjà rendre lisible la politique mise en place depuis deux ans. Mais le président se trouvant dos au mur, il n'aurait d'autre choix que de faire des propositions pour "aller de l'avant", confie un proche au quotidien.
Une stratégie qui ne convainc pas le politologue Thomas Guénolé, contacté par francetv info : "Tout repose sur sa capacité à résoudre le problème du chômage de masse. Du coup, toute autre proposition n'aura pas d'impact sur l'opinion." Il pointe une exception à ce constat, en évoquant les mesures concernant le pouvoir d'achat de certains Français, une piste déjà exploitée par le gouvernement avec la suppression de la première tranche d'impôt sur le revenu.
Changer son image
Depuis le début de son mandat, François Hollande a multiplié les erreurs de communication. Maladroit sur certains dossiers comme celui du conflit à Gaza, affaibli par les couacs de son gouvernement et les démêlés avec le fisc des ministres Cahuzac et Thévenoud, esseulé sous la pluie, le président a peiné à dessiner sa stature présidentielle. Il pourrait saisir l'occasion de cette interview pour tenter de modifier son image. "Le défi, c'est de renouer un rapport de confiance avec les Français", dévoile Gwendal Rouillard. Pour cela, Jérôme Fourquet, de l'institut de sondage Ifop, conseille au chef de l'Etat de se montrer "déterminé à prendre les problèmes à bras-le-corps" pour "espérer que l'opinion lui saura gré d'avoir fait le job, même si les résultats n'étaient pas au rendez-vous".
"Je ne pense pas qu'il parvienne à changer son image jeudi, ça fait plus de deux ans qu'il n'y arrive pas", tranche, sévère, Thomas Guénolé. Pour le chercheur, cela ne sert à rien de forcer sa nature, la bonne communication politique consiste à mettre en valeur les points forts de l'individu. Du coup, la seule solution serait de revenir à la stratégie de départ, "c'est-à-dire jouer sur le côté 'monsieur Tout-le-monde', le président normal proche des Français".
Se concentrer sur l'international, comme Chirac
François Hollande a rencontré sur la scène internationale les principaux succès de la première partie de son mandat. L'intervention au Mali comme les bombardements contre l'Etat islamique en Irak ont reçu le soutien d'une majorité de Français. Par conséquent, la tentation pourrait être grande pour le chef de l'Etat de se concentrer sur son domaine réservé, en laissant Manuel Valls mettre les mains dans le cambouis de la politique intérieure. "Dans un monde où les affaires internationales prennent de plus en plus de place, ce serait effectivement logique de fonctionner avec cette répartition-là, confirme Thomas Guénolé, il devrait s'inspirer de la méthode Chirac et laisser Manuel Valls prendre les coups".
Une stratégie que François Hollande n'a pourtant pas choisi d'adopter. "Il est normal qu'il soit au combat, il rappelle les orientations de sa politique intérieure et laisse Manuel Valls procéder ensuite aux différents arbitrages", tente de justifier Gwendal Rouillard. Mais pour Thomas Guénolé, si le président n'adopte pas cette stratégie, c'est avant tout à cause de Manuel Valls, qui se "comporte en communicant et qui passe plus de temps à préparer l'après-Hollande qu'à gouverner".
Clarifier ses intentions pour la présidentielle de 2017
Et si François Hollande surprenait tout le monde jeudi soir en annonçant qu'il ne se représente pas en 2017 ? Une option qui lui permettrait de se concentrer sur la fin de son action sans se soucier de sa réélection. Le scénario ne paraît pas invraisemblable, sachant que 84% des Français ne souhaitent pas que le chef de l'Etat se représente, selon un récent sondage Odoxa, et que certains, comme l'ancien Premier ministre Michel Rocard, lui ont glissé cette recommandation. Mais pour Thomas Guénolé, il s'agit d'un très mauvais conseil : "A la seconde où vous l'annoncez, tout fout le camp et vous ne pouvez plus gouverner, car tout le monde se met à préparer la suite sans vous."
D'ailleurs, François Hollande ne semble pas en avoir l'intention. Depuis plusieurs semaines, ses relais cherchent à imposer l'idée d'une candidature Hollande en 2017. "Sa candidature est parfaitement légitime et je ne comprends même pas que la question des primaires soit posée", illustre Gwendal Rouillard. Pour coordonner l'action, les "soldats de Hollande" (30 à 40 députés hollandais) se retrouvent tous les mardis matin à l'Assemblée. Par ailleurs, le conseiller élyséen Vincent Feltesse reçoit les élus tous les mois pour un "bilan perspective", confie Gwendal Rouillard.
Au regard de la situation économique, si le président compte se représenter, "sa meilleure stratégie pour être réélu reste la dissolution", lâche Thomas Guénolé. Pour que cela fonctionne, le président doit disposer d'un bon prétexte, comme le rejet par les députés d'un texte important, à l'image de la loi de finances, détaille le politologue. La fenêtre de tir s'est refermée cette année, mais le chercheur juge le scénario plausible à l'automne 2015 : "Il est possible d'imaginer un arrangement en coulisse avec les [socialistes] frondeurs pour arranger une dissolution".
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