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Fabrice Lhomme : "François Hollande a le sentiment d'avoir redressé la France"

Fabrice Lhomme, co-auteur avec Gérard Davet d'un livre d'entretiens avec le chef de l'Etat, décrit sur franceinfo un François Hollande convaincu "d'avoir réussi". Mais "il constate le décalage abyssal entre son impression et celle des Français" précise le journaliste du Monde.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Fabrice Lhomme, le 4 novembre 2015 (MEHDI FEDOUACH / AFP)

C'est livre qui fait couler beaucoup d'encre. Fabrice Lhomme, journaliste au quotidien Le Monde et Gérard Davet publient un livre d'entretiens avec François Hollande intitulé Un président ne devrait pas dire ça... Dans l'ouvrage, François Hollande y évoque de nombreux sujets : Nicolas Sarkozy, dont il dresse un portrait au vitriol, l'islam ou encore son bilan à la tête du pays qui semble en net décalage avec le sentiment des Français.  

franceinfo : Pensez-vous que François Hollande avait besoin de s'expliquer et de rétablir sa vérité à quelques mois de la présidentielle ?

Fabrice Lhomme : Je pense qu'il avait besoin de nommer les choses, de dire ce qu'il a fait, de se justifier. Mais il y a un autre aspect : ce n'est pas un livre de confidences, c'est un livre d'enquête. Et c'est plutôt nous qui l'avons poussé dans ses retranchements et contraint à dire des choses qu'il avait sur le cœur. Quitte parfois à choquer et à surprendre le lecteur…

Une déclaration de François Hollande, "La femme voilée d'aujourd'hui sera la Marianne de demain", fait beaucoup réagir. Qu’a-t-il voulu dire ?

Isolée de son contexte, elle peut en effet être déformée et caricaturée. Alors que le raisonnement de François Hollande est limpide : s'il y a un problème aujourd'hui avec l'islam radical, il pense que les choses vont s'arranger, il est optimiste. Il pense que l'islam, comme toutes les autres religions, a vocation à s'intégrer à la République. Pour lui, la femme qu'on dépeint asservie par une religion sera intégrée demain, comme les autres, dans la République française laïque.

Certains estiment que les choix du gouvernement ont favorisé le terrorisme sur le sol français. François Hollande se sent-il responsable ?

Quelque part oui. Non pas parce qu'il aurait commis des actes qu'il regretterait, mais juste parce qu'il est président de la République. Et il a été marqué, traumatisé même, par cette scène qu'on lui a rapportée de policiers ayant trouvé des téléphones portables sur les victimes du Bataclan. Certaines victimes de l'attentat avaient enregistré les propos des terroristes leur tirant dessus, et l'un d'eux disait : ‘On fait ça pour se venger de ce qu'a fait votre président, Hollande’. Ce sont des propos qu'il aura toujours en tête. Et je crois qu'il culpabilise de ce point de vue-là.

François Hollande dit aussi qu’il voudrait qu'on dise de lui, parce que c'est la vérité, qu’il a été courageux. En doute-il ?

Oui, ce sont ses doutes. Lui, il a le sentiment d'avoir bien fait, d'avoir redressé la France, d'avoir réussi. Et il constate le décalage abyssal entre son impression et celle des Français. Son dernier espoir c'est celui-là : quitte à perdre, qu'au moins son legs soit reconnu, qu'au moins l'Histoire le juge comme un président qui a fait son maximum pour le pays.

Fabrice Lhomme : "François Hollande a le sentiment d'avoir redressé la France"

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