François Hollande à Dakar : "Le temps de la Françafrique est révolu"

François Hollande a tenu
à exprimer vendredi à Dakar sa grande confiance en l'avenir de l'Afrique. Il y
a dévoilé sa vision des rapports entre la France et le continent africain. "Le
temps de la Françafrique est révolu" , a-t-il affirmé, longtemps applaudi.
Un discours très attendu, cinq ans après le discours controversé de Nicolas
Sarkozy. "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas
assez entré dans l'Histoire" , avait déclaré l'ancien président de la
République. Le journal sénégalaisLe Quotidien dans son édition de vendredi présente
une photo du président français sous un titre en forme de jeu de mot :
"Franc soit Hollande!" . L'article
explique qu'une comparaison allait être faite avec le discours de Nicolas
Sarkozy. François Hollande en était totalement conscient.

Remettre l'homme
africain dans l'Histoire

Le président français a voulu marquer sa différence.
Il a utilisé à de nombreuses reprises le mot "Histoire", qui avait
tant fait couler d'encre après le discours de Nicolas Sarkozy en 2007. "L'Histoire
que nous avons en commun est belle, rebelle, cruelle" , commence le chef
de l'État. 

Le président de la République a
ensuite évoqué les deux Guerres Mondiales et l'enrôlement des soldats
sénégalais. "La France se souvient qu'en
1914 et en 1940 elle a pu compter sur le concours de Sénégalais enrôlés de gré
ou de force. Par deux fois, le sang a coulé, je ne l'oublierai jamais." L'Assemblée Nationale sénégalaise applaudit longuement.

Le Sénégal comme modèle

François Hollande a cité
le Sénégal en "exemple" pour le reste de l'Afrique. "Les trois
premiers présidents sénégalais ont su, dans leur diversité, transmettre le
flambeau à leur successeur, permettant à votre pays de réussir des alternances
sans déchirement" , a-t-il dit. Il a évoqué le nombre de femmes députés : "Cela m'inspire beaucoup de modestie. La France doit prendre exemple" ,
a-t-il déclaré, un sourire dans la voix.

Le Mali

François Hollande ne
pouvait l'éviter. Il a évoqué le Mali, pays frontalier du Sénégal, frappé au
Nord par des violences.

"Au Nord du Mali,
nous sommes obligés d'agir. Il y a des pratiques mafieuses, des groupes terroristes,
du trafic de drogues, qui menace une grande partie de l'Afrique de l'Ouest.
Nous sommes là pour prendre nos responsabilités" , a-t-il expliqué. Il a prôné
une intervention de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de
l'Ouest) et de l'Union africaine (UA). Et d'aller plus loin.

"U ne résolution au
Conseil de Sécurité va être prise pour donner un cadre légal à ce que les
Africains décideront d'eux-mêmes d'engager" (François Hollande)

François Hollande doit ensuite visiter l'île de Gorée,lieu de mémoire de
la traite négrière située au large de Dakar, puis il est attendu samedi à
Kinshasa, en République démocratique du Congo, pour assister au XIVe sommet de
la Francophonie.