"Un réquisitoire doit être fondé en droit et il ne l'était pas", dénonce l'un des avocats de François Fillon
"On est tous d'accord pour dire que les personnes publiques doivent rendre des comptes, pour dire que la morale c'est important, déclare Me Antonin Levy. Mais au-delà de la morale il y a le droit".
Le procès de l'ancien Premier ministre François Fillon et de son épouse Penelope, jugés pour détournement de fonds publics et pour des soupçons d'emploi fictif, a pris fin mercredi. Le tribunal correctionnel rendra son jugement le 29 juin mais l'un des avocats de l'ancien candidat à la présidentielle, Me Antonin Lévy, dénonce d'ores et déjà sur franceinfo jeudi 12 mars un réquisitoire qui "doit être fondé en droit" et qui "ne l'était pas".
Le Parquet national financier a requis cinq ans d'emprisonnement dont deux ferme, 375 000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité pour François Fillon, trois ans avec sursis et 375 000 euros d'amende contre Penelope Fillon.
Preuves éludées, témoins non entendus, "enquête à charge"...
"Après neuf jours de débats, on a apporté la preuve de deux choses, insiste Me Levy. D'abord, la preuve du travail de Penelope Fillon, qu'elle faisait tant pour son époux que pour Marc Joulaud. Par ailleurs, la preuve de ce que ce dossier d'instruction avait été conduit dans un seul but, qui était de les ramener devant le tribunal, en éludant volontairement des preuves, en n'entendant pas des témoins qui pouvaient témoigner de son travail. Quand vous avez un train sur des rails pour arriver à une gare d'arrivée, ce n'est jamais une surprise quand le train est à l'heure".
L'avocat a plaidé la relaxe et dénonce une "enquête à charge". "On a de très nombreux témoins qui confirment ses déclarations quand elle décrit son travail, on a des preuves de travail, et on a ensuite surtout une enquête qui a volontairement mis de côté les éléments qui pouvaient prouver ce travail, des saisies qui ont été faites dans d'extrêmement mauvaises conditions", insiste-t-il.
Quand on ne veut pas trouver, on ne trouve pas !
Me Antonin Lévy, avocat de François Fillonà franceinfo
"C'est bien d'avoir des mots forts et de taper haut, c'est mieux de le justifier", a par ailleurs réagi Me Lévy aux mots du PNF, qui a qualifié François Fillon d'homme "cynique", "appâté par le gain". "Ce qui nous a manqué, au regard d'un dossier, c'est la preuve, la justification d'une réclamation aussi haute, conteste Me Levy. On est tous d'accord pour dire que les personnes publiques doivent rendre des comptes, pour dire que la morale c'est important, mais au-delà de la morale il y a le droit".
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