François Fillon est dans "une stratégie de diversion", dénonce le Syndicat de la magistrature
Katia Dubreuil, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, s'est indignée, mercredi sur franceinfo, des propos tenus par François Fillon à l'encontre de la justice lors de l'annonce de sa prochaine convocation chez les juges.
François Fillon, le candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle, s'est exprimé mercredi 1er mars. En annonçant sa convocation par les juges d'instruction en vue d'une mise en examen. François Fillon a dénoncé "une enquête menée exclusivement à charge" sur les soupçons d'emplois fictifs dont aurait bénéficié son épouse. Cette stratégie est "malheureusement tristement classique et cause des dégâts importants dans une démocratie", a déclaré Katia Dubreuil, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, mercredi sur franceinfo.
franceinfo : Que répondez-vous aux accusations de François Fillon ?
Katia Dubreuil : En réalité, François Fillon s'est inscrit dans la même lignée que lors de ses précédentes interventions. On est dans le cas d'une stratégie de diversion. Malheureusmemt, c'est tristement classique. Cela cause quand même des dégâts importants dans une démocratie, quand, à ce niveau de responsabilités publiques, on accrédite l'idée d'un complot des juges et des médias.
François Fillon joue le peuple contre la justice, comme si le fait d'enquêter suite à des indices d'infraction était contraire à la démocratie. En réalité, il n'y a pas de caractère inédit dans la façon dont l'enquête est menée. À cet égard, dans ce qu'il a déclaré mercredi, il y a de nombreuses inexactitudes.
Quelles sont ces inexactitudes ?
François Fillon affirme qu'une convocation lancée quelques jours après la désignation des juges est sans précédent. Dans la majorité des cas, lorsque le juge d'instruction est saisi à la suite d'une infraction, c'est le plus souvent dans le cas d'un défèrement. Cela signifie que la personne se retrouve devant le juge juste après la fin de sa garde à vue. Ensuite, elle est mise en examen, parfois 48 heures après le début de l'enquête. Dans une grande majorité des affaires, les gens sont jugés en comparution immédiate, 48 heures après l'infraction. Ils peuvent se retrouver en prison plusieurs années suite à ce jugement très rapide.
François Fillon a également affirmé que "le choix" de la date du 15 mars "est entièrement calculé". Qu'en pensez-vous ?
Quelle aurait été la bonne date de convocation ? On peut se poser la question. Quand des indices d'infraction existent et que la justice mène une enquête, il est légitime qu'elle cherche à conduire l'enquête à son terme, à charge et à décharge, pour arriver à la manifestation de la vérité. C'est le rôle de la justice.
Il y a par ailleurs une échéance qui est l'élection présidentielle. Potentiellement, si François Fillon est élu, il pourrait bénéficier d'une immunité pendant un certain nombre d'années. Que dirait-on si, à l'inverse, la justice ne faisait rien pendant cette période avant l'élection présidentielle ?
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