François Fillon, un "homme dangereux" qui a joué "son dernier atout", selon la presse étrangère
Après sa décision de poursuivre sa campagne et ses attaques contre le système judiciaire, le candidat de la droite à la présidentielle est accusé de "bafouer l'Etat de droit" par des quotidiens européens.
François Fillon, qui a choisi de se maintenir dans la course à l'Elysée malgré sa possible mise en examen, s'est dit victime d'un "assassinat politique", accusant de ce crime aussi bien la justice que le gouvernement et les médias, lors d'une conférence de presse, mercredi 1er mars. Le lendemain, quasi unanimement, la presse française, nationale et régionale, voit dans ces déclarations un "suicide politique", qui va "causer des dégâts à la démocratie" et "à la République". Seul Le Figaro estime que François Fillon "a eu raison" de "contre-attaquer crânement en portant l'affaire devant l'arbitre suprême des sociétés démocratiques : le suffrage populaire".
Et à l'étranger ? "Monsieur Propre n'existe plus" depuis déjà quelques semaines, pour les médias européens. Et les derniers développements de l'affaire Fillon n'ont pas arrangé l'image du candidat chez nos voisins.
Le "moment Trump" de Fillon
Pour le journal belge Le Soir (article payant), François Fillon, "en bafouant l'Etat de droit, se disqualifie". Le choix du candidat des Républicains de s'en remettre aux électeurs en maintenant sa candidature "fait de lui désormais un homme dangereux pour la démocratie", estime le quotidien. François Fillon s'est ainsi "mis dans le sillage des populistes à la Trump, Le Pen, Wilders, Kaczynski et autres Orban", considère Le Soir.
Pour le quotidien Die Welt, en Allemagne, "la seule différence avec Marine Le Pen, c'est qu'il accepte de répondre aux juges le 15 mars". La conférence de presse de François Fillon a été un "moment Trump", analyse en outre le journal : "Fillon s’est présenté devant les médias comme un partisan de la théorie du complot."
D’ordinaire, les politiques appellent au calme. En 2017 en France, ils veulent que la rue les protège de la justice
Xavier AlonsoLa Tribune de Genève
Le correspondant à Paris de la Tribune de Genève, qui rappelle d'abord que François Fillon bénéficie toujours de la présomption d’innocence, estime que "la présidentielle 2017 est d’ores et déjà abîmée. Et François Fillon, comme Marine Le Pen, en porte une lourde responsabilité." Pour le Telegraph (en anglais) aussi, "le scandale François Fillon conduit la politique française dans le caniveau".
De son côté, The Independent (en anglais) voit dans les choix de François Fillon un cadeau à Marine Le Pen : "Si la présidente du Front national voulait un symbole de la décadence de l'élite politique française, elle pouvait difficilement en convoquer un plus frappant que son opposant."
"Fillon à l'Elysée, Penelope devant le juge"
Le quotidien britannique The Guardian (en anglais) analyse : "En accusant l’État français de tentative d''assassinat' politique pas seulement contre lui, mais aussi contre le processus démocratique lui-même, Fillon a joué son dernier atout." Une analyse partagée par Le Temps, pour qui François Fillon "a choisi de tout risquer : son avenir bien sûr, mais aussi celui de sa famille politique et, quelque part, celui de la cohésion républicaine dans une France où les juges et les médias sont désormais devenus des cibles pour les prétendants à la fonction suprême".
Le quotidien néerlandais De Volkskrant souligne un détail inédit : "Si Fillon est élu, il bénéficiera de l’immunité pendant la durée de sa présidence. Cela ne vaut pas pour Penelope. Ce qui pourrait donner lieu à une situation bien curieuse : Fillon à l’Élysée, Penelope devant le juge." À présent, "l'élection présidentielle française se situe quelque part entre un roman de Balzac et une série télé : un peu Comédie humaine, un peu House of Cards", imagine le Corriere della Sera (en italien).
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