François Bayrou est il en train de recréer l'UDF ?
La liste des soutiens qui rejoignent François Bayrou s'allonge au fur et à mesure que le candidat monte dans les sondages. Parmi eux, de nombreux anciens de l'UDF. Cela veut-il dire que le MoDem se repositionne à droite dans l'échiquier politique ?
A chaque jour, son ralliement !
Le retour des anciens UDF
Après Philippe Douste-Blazy, hier, c'est Didier Bariani, vice-président du parti radical, qui annonce aujourd'hui qu'il votera à titre personnel pour François Bayrou. Le sénateur Nouveau centre Yves Pozzo di Borgo plaide dans ce sens auprès de ses camarades du parti.
Ces noms s'ajoutent à une liste déjà longue depuis le mois de septembre: Anne-Marie Idrac, Bernard Bosson, Alain Lambert ou Jean Arthuis. Tous ont en commun d'avoir milité à l'UDF et d'avoir été un élu du parti centre-droit crée par Valéry Giscard d'Estaing en 1978.
L'UDF a explosé une première fois en 2002, quand une partie des ses rangs a rejoint l'UMP sous l'impulsion de M. Douste-Blazy entre autres. Puis, elle s'est scindée une seconde fois en 2007, quand Hervé Morin et la majorité des députés du parti ont créé le Nouveau centre.
Est-elle en train de se reconstituer ?
Certes, M. Bayrou a appelé autour de lui les hommes de bonne volonté et ne peut que se réjouir de nouveaux soutiens. Lui dont on moquait l'isolement, montre ainsi qu'il n'est plus seul. Mais ces ralliements ou soutiens posent trois questions.
Est-ce si favorable en termes d'image ? Cette reconstitution de ligue dissoute ferait-elle pencher la candidature du président du MoDem trop à droite ? Ce rassemblement est-il cohérent sur le plan des idées ?
Opportunisme
L'image tout d'abord. Ces ralliements peuvent apparaître comme opportunistes, au moment où M. Bayrou progresse dans les intentions de vote. C'est le cas pour Didier Bariani. Au printemps dernier, il ralliait Jean-Louis Borloo en étant assez critique sur le fonctionnement du MoDem. A l'époque, il déclarait néanmoins garder un attachement pour François Bayrou.
Les mêmes accusations peuvent être portées sur le soutien récent d'Arnaud Dassier. Il n'a pas reçu l'investiture de l'UMP aux législatives. Quelques jours après, il rejoint M. Bayrou. Un peu voyant peut-être?.
M. Douste-Blazy s'en défend. "La vie politique nationale est derrière moi, je ne demande rien, je n'attends rien. Ni poste ni circonscription", écrit t-il dans les colonnes du journal " Le Monde".
"Pendant dix ans, vous nous avez expliqué que Bayrou était un homme seul, et maintenant qu'il engrange des soutiens, vous allez nous dire qu'il fait de la politique politicienne", rétorque t-on dans l'entourage du candidat.
Cohérence
M. Dassier s'affirme libéral. Le libéralisme était l'une des composantes de l'UDF. Mais aujourd'hui, alors que M. Bayrou défend le produire français, cette étiquette ne lui correspond pas tout à fait.
De même, les positions sociétales de Christine Boutin qui n'écarte pas la possibilité de rejoindre M. Bayrou, sont en contradiction avec les aspirations d'une majorité de militants MoDem.
"Il y a dans une campagne électorale potentiellement de très nombreux soutiens qui viennent. C'est bien, ça prouve que la campagne marche. Mais ça ne doit pas changer d'un iota la cohérence de François Bayrou et ça ne la changera pas", assure Marielle de Sarnez, sa directrice de campagne, à l'AFP.
Jean-Luc Benhamias, vice-président du Modem, venu des Verts est sur le même créneau. "J'ai confiance en François pour ne pas bouger de ligne", déclare t-il au journal "Le Monde".
Droitisation
Ces ralliements s'expliquent enfin par le contexte politique. Aucune des candidatures de centre-droit aux côtés de Nicolas Sarkozy ne perce dans les sondages. Certes, M. Bayrou ne revendique pas cet espace politique de centre-droit, mais c'est celui qu'il occupe par défaut. Ou celui que ses nouveaux soutiens voudraient qu'il occupe.
" Bayrou c'est un rempart contre la gauche", explique sans ambages le sénateur Pozzo di Borgo.
Pas vraiment le crédo ni gauche ni droite avancé par M. Bayrou.
"Ce n'est pas à nous de dire à ceux qui nous rejoignent ce qu'ils doivent penser. Il faut leur donner confiance en eux-mêmes et leur expliquer que nous appelons au dépassement du clivage droite/gauche et non au ralliement à l'un ou l'autre camp" explique t-on dans l'entourage du candidat.
Il n'en faut pas plus à l'UMP pour considérer que le troisième homme de 2007 a déjà fait son choix pour le deuxième tour. "Je suis convaincu que M. Bayrou ne se trompera pas de famille le moment venu", a déclaré Alain Juppé cet après-midi. Cet argument est un élément de langage de l'UMP depuis le mois de novembre, mais aujourd'hui, il prend un peu plus de réalité à leur yeux.
Côté gauche, le MoDem note le retour dans ses rangs de Jean Peyrelevade qui a hésité à soutenir François Hollande. Mais on reconnaît qu'avec un candidat socialiste haut placé, ce sera dur d'attirer du monde.
On place plus d'espoir dans la mouvance écologiste ou certains déçus par la campagne d'Eva Joly pourraient rejoindre au MoDem, Jean-Luc Benhamias ou Yann Werhling, anciens responsables des Verts.
"On aura des soutiens qui viendront de tous les horizons", promet Mme de Sarnez.
Le dernier en date pourrait être l'acteur François Cluzet qui triomphe dans le film "Intouchables".
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