Étienne Bousquet-Cassagne : à peine diplômé, déjà député ?
Pour les téléspectateurs
et les suiveurs occasionnels de la chose politique, Étienne Bousquet-Cassagne
est apparu sur les radars dimanche dernier. Aux différents micros qui se
tendent vers lui après sa qualification pour le deuxième tour de l'élection
législative partielle dans la troisième circonscription du Lot-et-Garonne, le
jeune homme de 23 ans parle de "changement, d'espoir, de l'espérance, et
ça nous sommes les seuls à l'incarner au Front national ". Dans sa bouche,
l'expression favorite du FN version Marine Le Pen : "UMPS ".
La "leçon" est
bien apprise, la ligne du parti restituée dans ses moindres contours. Mais Étienne
Bousquet-Cassagne n'est pourtant pas apparu du jour au lendemain.
Jean-Marie Le Pen, un modèle
À 23 ans à peine, un BTS de commerce en poche depuis quelques semaines, Étienne
Bousquet-Cassagne dispose déjà d'une expérience politique notable. Fils d'agriculteurs,
habitant à Tonneins, il se revendique, sur le site Internet de la fédération
départementale du FN en Lot-et-Garonne, comme porteur de "deux identités
fortes ", le Sud-Ouest par son père, Serge, président de la Chambre d'Agriculture,
et l'Algérie française par sa mère.
Il n'a pas encore 18 ans
quand il adhère au Front national, pour l'élection présidentielle de 2007.
Jean-Marie Le Pen, son candidat, représente pour lui "un des plus grands
hommes politiques de ces cinquante dernières années, si ce n'est le plus grand ".
Dès 2009, le jeune homme
devient responsable du FN Jeunesse dans la région. Il participe aux élections européennes, puis régionales en soutien à la liste menée par Jacques Colombier.
Marine Le Pen, le pied à l'étrier
En 2011, Étienne Bousquet-Cassagne est très engagé dans la campagne interne, celle qui doit trouver un successeur à Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national. Co-responsable du comité de soutien à Marine Le Pen en Aquitaine, il voit sa favorite triompher lors du congrès de Tours, le 16 janvier 2011. C'est sous sa présidence qu'il va véritablement se lancer en politique.
Suivant le mouvement impulsé par la nouvelle présidente, qui place aux postes-clés de jeunes visages, pour la plupart méconnus du grand public, Étienne Bousquet-Cassagne devient secrétaire départemental de la fédération FN du Lot-et-Garonne. Il rate de très peu la qualification pour le second tour des élections cantonales dans sa ville de Tonneins.
En juin dernier, il frôle les 18 % lors des élections législatives, mais là aussi il ne réussit pas à atteindre le second tour. Un an plus tard, avec 26,04 % des voix obtenues dimanche dernier, l'affront est effacé.
L'effet Cahuzac
Pendant la campagne législative, Étienne Bousquet-Cassagne a joué la carte du jeune homme du coin, au courant des préoccupations de ses concitoyens. Il faut dire que le terrain était fertile dans l'ancienne circonscription de Jérôme Cahuzac, devenu le symbole rêvé pour le Front national de la corruption des élus "traditionnels", ceux issus des grands partis, par opposition à un FN qui se pose comme une alternative salvatrice.
Dans une circonscription rurale, le schéma de vote contestataire a joué à plein. Beaucoup d'électeurs de gauche ont choisi de sanctionner les dérives de leurs politiques.
Mais les réticences, dans une terre traditionnellement ancrée à gauche, n'ont pas disparu du jour au lendemain. Pour preuve, l'arrivée d'Étienne Bousquet-Cassagne en mairie de Villeneuve-sur-Lot dimanche soir, sous les huées de certains habitants.
L'enjeu pour le FN
Pour le Front national, l'élection législative partielle dans la troisième circonscription du Lot-et-Garonne revêt une importance capitale. Si Étienne Bousquet-Cassagne l'emportait dimanche, il deviendrait le troisième député FN à s'installer sur les bancs de l'Assemblée nationale, où l'attendent Gilbert Collard et Marion Maréchal Le Pen, de deux mois sa cadette.
Une revanche pour le FN qui avait raté de peu un gros coup en mars dernier dans la deuxième circonscription de l'Oise : la candidate frontiste Florence Italiani avait échoué à 48,4 % au second tour. Le parti d'extrême droite a, quoi qu'il en soit, augmenté son score dans le Lot-et-Garonne ; 26,04 % et qualification au second tour, contre 15,7 % et une élimination en juin 2012.
Quoi qu'il se passe dimanche, Étienne Bousquet-Cassagne, qui confesse sur sa page Facebook des goûts aussi éclectiques que Serge Gainsbourg et David Guetta, mais qui a aussi "liké" le groupe "Tous avec Bachar al-Assad", a déjà gagné son pari. Jouant sur le rejet de la classe politique au niveau local, il a imposé son visage dans le paysage politique, au service de la stratégie de Marine Le Pen : jouer la carte de la jeunesse pour mieux dénoncer les dérives des "castes " que représentent à ses yeux le PS et l'UMP.
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