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Quatre questions sur la Convention citoyenne sur le climat, devant laquelle Emmanuel Macron s'est exprimé

Depuis octobre, les membres de la Convention se sont réunis pour faire une liste de propositions afin de "réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron lors d'un sommet du Conseil européen organisé le 13 décembre 2019 à Bruxelles (Belgique) pour évoquer la question du réchauffement climatique. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / AFP)

Nouveau grand oral pour Emmanuel Macron. Le président de la République a rencontré pour la première fois, vendredi 10 janvier, les membres de la Convention citoyenne sur le climat (CCC). Ses 150 membres, tirés au sort, veulent savoir ce qu'il fera de leurs futures propositions pour lutter contre le réchauffement.

>> "On n'est ni manipulés, ni dirigés" : des citoyens tirés au sort racontent les premiers mois de la Convention pour le climat

Franceinfo répond à quatre questions à ce sujet.

1 Comment fonctionne cette assemblée ?

Initiative inédite en France, la Convention citoyenne a été présentée par le chef de l'Etat comme l'une des réponses au "grand débat national" né de la crise des "gilets jaunes", qui a mis en évidence la profonde défiance envers la parole politique.

Depuis octobre, les membres de la CCC se sont réunis à trois reprises pour étudier cinq thèmes, en auditionnant des experts : se déplacer, se loger, se nourrir, produire et travailler, et consommer. Certains planchent aussi sur des questions transversales comme le financement ou l'opportunité d'une révision de la Constitution. Objectif : "réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990".

La session de ce week-end, qui débute vendredi, doit être consacrée à examiner les premières propositions avec l'objectif de les finaliser pour le début du mois d'avril.

2A quoi vont servir ses travaux ?

Emmanuel Macron devrait préciser ce soir "ce qu'il entend faire des conclusions" de la Convention, a indiqué mercredi Laurence Tubiana, coprésidente du comité de gouvernance de la CCC. Mais il est attendu au tournant : le 25 avril 2019, il s'était engagé à répercuter les propositions de la Convention "sans filtre" et avait évoqué trois pistes pour les appliquer : par règlement, vote par le Parlement ou référendum.

D'ores et déjà, certains élus de la majorité expriment leurs craintes que certaines propositions de la Convention ne soient trop radicales ou coûteuses, et donc difficiles à faire accepter et à mettre en œuvre.

Le député Matthieu Orphelin (ex-LREM, proche de Nicolas Hulot) a pour sa part salué cette semaine "l'ambition forte" des premières pistes de la Convention, notamment sur la lutte contre l'artificialisation des sols ou le renforcement de la rénovation énergétique. "Les citoyens l'ont mieux compris que bien des politiques : il faut faire beaucoup plus !" a-t-il souligné.

3Quelles sont les pistes envisagées ?

Pour l'instant, aucune proposition n'a été arrêtée. Mais les citoyens que nous avons interrogés nous ont confié quelques-unes des pistes de travail. Dans le groupe "Se nourrir", ils réfléchissent à réformer la Politique agricole commune, en arrêtant par exemple les aides à la surface pour privilégier d'autres critères. Dans le groupe "Se loger", un guichet unique pour encourager la rénovation énergétique est envisagé, tout comme des outils pour limiter l'étalement urbain et l'artificialisation des sols. Dans le groupe "Se déplacer", les citoyens planchent pour modifier l'utilisation de la voiture individuelle et réduire le transport de marchandises sur routes. Dans le groupe "Consommer", le retour de la consigne du verre est évoqué, tout comme l'indexation de la TVA sur la distance entre le lieu de production et le lieu de vente. Le groupe "Produire/Travailler" réfléchit à rendre obligatoire le recyclage de tous les objets en plastique d'ici 2025.

Enfin, un groupe transverse, baptisé "L'escouade", réfléchit à des termes transverses : faire évoluer la Constitution, la protection de la biodiversité ou encore la question du financement. En revanche, plusieurs participants ont rappelé leur opposition à un retour de la taxe carbone, élément déclencheur de la crise des "gilets jaunes". "Ce n'est pas possible, on ne peut pas mettre une taxe aux citoyens", estime Angela, 46 ans. "Nous avons beaucoup entendu parler de la taxe carbone, venant d'intervenants envoyés par la convention, cela ne nous plaît pas du tout", confirme Muriel, 47 ans.

4Que vient faire Emmanuel Macron devant cette instance ?

Le rendez-vous de vendredi se tient à la demande des membres de la Convention, qui veulent interroger le chef de l'Etat sur ses engagements en matière d'écologie. Attendu à 18h30 dans l'hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (Cese), le président prononcera quelques mots d'introduction avant "de répondre à des questions et de dialoguer librement avec l'ensemble de la Convention", ont indiqué les organisateurs. "L'objectif est d'échanger", souligne l'entourage du président, "pas d'influencer les travaux de la Convention".

Interrogée par franceinfo, Marie-Josée, une retraitée de 65 ans membre de la CCC, estime que la venue du chef de l'Etat est "une reconnaissance" du travail de cette instance un peu particulière. "Il vient pour nous donner encore plus de poids et faire parler un peu plus de la Convention". "C'est bien qu'Emmanuel Macron se déplace à mi-parcours de nos travaux", acquiesce Pierre Fraimbault, aide-soignant de 49 ans qui fait lui aussi partie des 150 citoyens tirés au sort. "Cela va médiatiser la Convention et donner un nouveau souffle à ce que l'on fait." 

J'espère que ça suivra, que nos mesures seront votées et appliquées.

Angela, membre de la CCC

à franceinfo

Certaines organisations sont toutefois plus dubitatives sur l'exercice. Vendredi matin, les associations écologistes Greenpeace, Réseau Action Climat, WWF ou encore France Nature Environnement ont tenu une conférence de presse, estimant que la venue d'Emmanuel Macron devant la CCC ne servait qu'à "tenter une nouvelle fois de donner l'illusion de l'action".

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