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Quatre signes qui montrent que le PS commence à avoir peur de Macron

Après sa démonstration de force, samedi dernier à Paris, Emmanuel Macron a marqué des points. Au point de commencer à susciter des inquiétudes au sein du Parti socialiste.

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Emmanuel Macron, en déplacement à Talence (Gironde) le 14 décembre 2016 (UGO AMEZ/SIPA / SIPA)

"Le problème, aujourd'hui, c'est Macron !" Un ministre, soutien de Manuel Valls, ne cache pas à franceinfo son souci du moment. Enjambant la primaire, ce membre du gouvernement se projette déjà en février. Et son inquiétude porte un nom : Emmanuel Macron. Depuis sa démonstration de force, lors d'un meeting à Paris samedi 10 décembre, le candidat d'En Marche ! sème le doute au sein du Parti socialiste. France info vous explique pourquoi.

1Il s'installe dans les sondages

La popularité d'Emmanuel Macron ne se dément pas. Certes, aucun sondage ne le voit, aujourd'hui, au second tour de la présidentielle. Mais selon le baromètre Viavoice de décembre pour Libération, 41% des sondés estiment que le fondateur d'En Marche ! ferait "un bon président de la République", soit une progression de 8 points en un mois. S'il est derrière François Fillon (44%), il devance nettement Manuel Valls (33%). 

Dans cette autre enquête du Cevipof pour Le Monde, qui évalue les intentions de vote, Emmanuel Macron devance le candidat socialiste, quel qu'il soit. Et dispute la troisième place à Jean-Luc Mélenchon. "S'il se maintient à cette hauteur dans les sondages, on est morts", souffle un ministre. Pour se rendre compte du changement de perception des socialistes à l'égard du candidat d'En Marche, il n'y a qu'à comparer les propos de certains ministres. Il y a deux semaines, ce membre du gouvernement, non aligné dans la primaire, qualifiait Emmanuel Macron d'"anecdotique", de "bulle", de "fake" qui n'a "pas de vérité sociologique ni programmatique".

Aujourd'hui, il analyse ainsi la dynamique d'Emmanuel Macron : "Plus la primaire tourne au combat de mecs dans un tunnel, plus cela renforce ceux qui n'y sont pas. Plus ils parlent de rassemblement et moins on en voit un capable de rassembler. Ce spectacle consternant favorise l'effet renouveau de Macron, son côté neuf, sympa, souriant, dynamique." D'autant que François Bayrou n'a toujours pas déclaré sa candidature, laissant, pour l'heure, le champ libre à Emmanuel Macron sur le créneau du centre. 

2Il fait le plein lors de ses réunions

Sa démonstration de force à Paris, samedi 10 décembre, a impressionné. "Plus de 10 000 personnes, c'est considérable", reconnaît un ministre. Surtout comparé aux 2 000 militants péniblement réunis pour la "grande convention de la Belle alliance populaire", organisée par le PS une semaine avant à Paris.

En province également, Emmanuel Macron fait le plein. Environ 500 personnes dans une salle de Bordeaux, autant en dehors, faute de place. Ses comités locaux essaiment dans toute la France (le mouvement en revendique plus de 2 600). Et son passage dans "Vie politique", l'émission de TF1, le 11 décembre, a permis à la chaîne de réaliser un record d'audience.

"Les uns et les autres se rendent compte que nous existons réellement", constate, placide, le député socialiste Richard Ferrand, numéro 2 du mouvement. "Il se passe quelque chose", admet un haut dirigeant du PS. "Il attire de nouveaux électeurs. Il prend des voix à Marine Le Pen. C'est vrai qu'il suscite l'envie, il est fort, mais ce n'est pas un président", veut croire Arnaud Montebourg, qui qualifie Emmanuel Macron de "phénomène transitoire". Jusqu'à quand ?

3Il séduit des personnalités du PS

Lors du meeting du 10 décembre, Jean-Pierre Mignard avait pris place dans le carré des invités, devant la scène. L'avocat, ami personnel de François Hollande et de Ségolène Royal, a apporté son soutien à Emmanuel Macron dès la renonciation du président. A ses côtés, le communiquant Robert Zarader, lui aussi hollandais passé macroniste. Et un peu plus loin, l'ancien président de la région Ile-de-France, le socialiste Jean-Paul Huchon, pourtant proche de Manuel Valls.

Ségolène Royal, elle-même, n'a pas exclu de soutenir Emmanuel Macron, dont elle a dit sur C8 qu'il "amène de l'air à la vie politique". En privé, elle ne tarit pas d'éloge. Elle trouve même des excuses à sa "trahison", estimant qu'il "a tellement été humilié par Valls". D'autres fidèles du président s'interrogent, à l'image de François Rebsamen, "tenté" par l'aventure Macron, d'après son entourage.

Tout dépendra, en fait, de l'issue de la primaire de la gauche, à la fin janvier. Si Arnaud Montebourg ou un autre candidat de la gauche du parti devait l'emporter, de nombreux socialistes réformistes iraient sans doute se réfugier chez Emmanuel Macron. Quitte à précipiter l'éclatement du PS.

4Le PS a décidé d'investir ses soutiens pour les législatives

Richard Ferrand, député du Finistère et délégué général d'En Marche, Corinne Erhel, députée des Côtes-d'Armor, ou encore Christophe Castaner, député des Alpes-de-Haute-Provence, voilà quelques-uns des parlementaires macronistes qui briguent tous l'investiture socialiste pour les législatives de juin 2017. Après un vote des militants dans leur circonscription respective, la semaine dernière, ils doivent être investis officiellement, samedi 17 décembre, par la convention nationale du PS.

Est-ce le signe que le PS ne souhaite pas entrer dans un rapport de force avec En Marche ? Solferino devait leur envoyer une lettre rappelant la consigne : bénéficier de l'investiture socialiste, c'est s'engager à soutenir le candidat issu de la primaire de la gauche. La menace aurait suffi à dissuader de nombreux parlementaires, assure un dirigeant. Mais pas question de sévir aujourd'hui contre ceux qui s'affichent aux côtés d'Emmanuel Macron. Vont-ils être exclus ? "On verra où on en est à la fin janvier", se contente-t-on de répondre rue de Solferino.

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