Lettre d'Emmanuel Macron : qu'ont répondu les chefs des différents partis politiques ?
L'échange épistolaire se poursuit tant bien que mal. Après les avoir rencontrés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le 30 août, Emmanuel Macron a adressé une lettre aux responsables des différents partis politiques français. "Je vous soumets un projet afin de recueillir vos propositions de modification ou d'ajout d'ici dimanche soir si vous en êtes d'accord", écrivait le chef de l'Etat dans ce courrier daté du jeudi 7 septembre, avec la volonté d'organiser de nouvelles discussions à l'automne.
Plusieurs de ses destinataires ont répondu en temps et en heure, quand d'autres ont refusé de se plier à la date butoir voire à l'invitation à l'échange lancée par le président de la République. Sans grande surprise, chaque responsable reprend les principales revendications de son parti, du référendum sur les retraites pour La France insoumise aux thématiques de l'insécurité et de l'immigration pour Les Républicains. Franceinfo fait le point sur les réponses, peu enthousiastes, des responsables politiques à la lettre d'Emmanuel Macron.
Eric Ciotti demande un "calendrier précis"
Pour Eric Ciotti, "l'initiative politique d'ampleur" voulue par Emmanuel Macron est "relativement décevante" : le président des Républicains y voit surtout un "énième exercice de communication". Plutôt qu'un "compte-rendu" de réunion, le député des Alpes-Maritimes souhaite que le chef de l'Etat l'informe de "la suite qu'il va réserver" aux propositions présentées par son parti lors de la réunion, notamment à propos d'un référendum sur l'immigration.
Dans sa réponse, Eric Ciotti espère ainsi qu'Emmanuel Macron révèle un "calendrier précis" pour la suite des discussions. Le patron des Républicains en profite pour réitérer les quatre points "incontournables" défendus par son parti : le pouvoir d'achat, l'insécurité, l'immigration et "la libération de la presse et des médias de l'emprise de certains idéologues". Il conclut sa missive par un ironique "dans l'attente de votre (ré)action".
Manuel Bompard critique un "contournement du débat démocratique"
A l'instar d'Eric Ciotti, Manuel Bompard qualifie l'initiative d'Emmanuel Macron de "campagne de communication". Dans sa réponse au président, publiée sur la plateforme X (ex-Twitter), le coordinateur politique de La France insoumise réaffirme son opposition au "contournement du débat démocratique" que mènerait le chef de l'Etat avec ces discussions.
"Opposés à la monarchie présidentielle, nous considérons que les débats politiques indispensables pour faire face aux crises qui frappent notre pays doivent avoir lieu dans les Assemblées parlementaires."
Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumisedans son courrier à Emmanuel Macron
Quant à la participation à de futures discussions, "nous n'avons pas l'intention de vous accompagner dans cette évolution dangereuse et aveugle des urgences du pays", lance le député des Bouches-du-Rhône au chef de l'Etat.
Manuel Bompard déplore par ailleurs que "l'urgence sociale qui frappe le pays tout comme l'urgence climatique qui menace la survie de l'humanité" n'aient été abordées le 30 août que "par effraction après près de dix heures de discussion". Il demande également un référendum sur la réforme des retraites. "Nous ne nous sommes pas retrouvés autour de l'idée que le problème principal du pays était le manque de clarté et de lisibilité de l'action publique", écrit encore l'élu insoumis.
Marine Tondelier regrette la place de l'écologie
Comme Manuel Bompard, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts pointe dans son courrier "l'infime place accordée à l'écologie" avec "deux phrases sur six pages". "S'il y a des réunions où on peut parler d'écologie, j'y serai. Si c'est pour débattre pendant des heures d'un référendum sur l'immigration et assister à la lune de miel entre Macron et l'extrême droite, ça sera sans moi", prévient Marine Tondelier dans sa lettre, publiée sur X. La cheffe des écologistes demande également, comme ses alliés de la Nupes, un référendum sur la réforme des retraites. Elle appelle aussi, contrairement à La France insoumise, à l'instauration de la proportionnelle, notamment aux législatives.
Fabien Roussel réclame des "baisses de prix"
Il est celui qui a répondu en premier à la lettre d'Emmanuel Macron. Dans son courrier, révélé par un journaliste de franceinfo, Fabien Roussel ne dit pas s'il reviendra à la table des discussions, mais le secrétaire national du Parti communiste français critique le recours au 49.3 à l'Assemblée nationale et demande des "réponses inédites", dont une remise en cause des contraintes budgétaires européennes. Sur le plan économique, le député du Nord réclame une "baisse des prix alimentaires, de l'électricité, de gaz et de l'essence".
Stéphane Séjourné salue "un moment rare d'unité"
C'est logiquement la voix la plus laudative de cet aréopage politique. Dans sa réponse, envoyée samedi, le secrétaire général du parti présidentiel décrit les échanges de Saint-Denis comme "une respiration démocratique inédite, un moment rare d'unité et de dépassement politique". Sur la question d'un référendum sur l'immigration, qu'il juge "délicate", Stéphane Séjourné préconise de le faire "précéder d'une consultation plus large de la société civile" afin d'"intégrer dans toute leur acuité l'ensemble des opinions exprimées par nos compatriotes".
Ceux qui n'ont pas encore répondu
Jordan Bardella refuse de répondre. "Il attend des propositions concrètes", justifie l'entourage du président du Rassemblement national à franceinfo, alors que le patron du parti d'extrême droite avait proposé un référendum sur l'immigration. En revanche, Jordan Bardella sera là en cas de prochaine réunion, a assuré le vice-président du parti, Sébastien Chenu, sur Sud Radio.
Olivier Faure, lui, prend son temps. "Le président n'a pas à fixer de date butoir", estime le premier secrétaire du Parti socialiste auprès de franceinfo. "On consulte nos instances et on répondra après", fait savoir le député de Seine-et-Marne.
D'autres destinataires n'ont pas encore répondu à ce courrier. C'est le cas d'Hervé Marseille, le président de l'UDI, de François Bayrou, le président du MoDem, ou d'Edouard Philippe, le président d'Horizons, un autre parti de la majorité, mais aussi de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, et de Gérard Larcher, le président du Sénat.
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