"Les solutions de Marine Le Pen ne sont pas opérantes" : deux évêques se positionnent pour la présidentielle
La Conférence des évêques de France a refusé, dimanche 23 avril, de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Deux d'entre eux ont pris position à titre "personnel".
"C'est du prêchi-prêcha." Le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a vivement dénoncé jeudi 27 avril sur CNews la position de l'Eglise catholique, qui n'appelle pas à voter pour l'un ou l'autre candidat au second tour de la présidentielle. Dans un communiqué, elle se contente de redire "l’importance du vote" et, contactée par franceinfo, refuse même d'expliquer cette position. "Moi, je préfère l'Eglise de 2002, qui a eu le courage de nommer, de dénoncer l'extrême droite", a martelé le député PS de Seine-Saint-Denis.
Le propos de Claude Bartolone n'est pas tout à fait exact. "En 2002, le communiqué de l'épiscopat n'était guère différent", rappelle La Croix. "Dans la période qui s’ouvre, nous devrons tous faire appel à l’intelligence plutôt qu’à l’instinct, au discernement plutôt qu’à la seule spontanéité, à la sérénité plutôt qu’à la peur", avait déclaré le 22 avril le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Jean-Pierre Ricard, sans mentionner le Front national ou Jean-Marie Le Pen.
Deux évêques prennent position
Mais le président de l'Assemblée nationale a raison sur un point : les évêques sont bien moins nombreux à se positionner publiquement contre le parti de Marine Le Pen cette année. En 2002, ils étaient 25, selon le décompte de La Croix. Cette année, ils ne sont, pour le moment, que deux à s'être exprimés : Marc Stenger, évêque de Troyes, et Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers. Le premier appelle à ne pas choisir le bulletin "de la peur, de la haine" sur Twitter, quand le second signe une tribune dans La Croix où il annonce qu'il ne "voter[a] pas Marine Le Pen".
Le 7 mai, quel bulletin de vote ?#Presidentielles2017 1/2
— Marc Stenger (@MarcStenger) 26 avril 2017
- Pas celui de la peur, de la haine, du rejet, du mensonge, de l'exclusion, du repli : c'est l'opposé de l'Evangile #Presidentielles2017 2/2
— Marc Stenger (@MarcStenger) 26 avril 2017
"Je ne vois pas pourquoi un responsable religieux ne s'exprimerait pas"
Contacté par franceinfo, Marc Stenger ne veut pas donner plus de précisions. "Je ne veux nommer personne. Pour moi, c'est suffisamment clair. Il suffit de regarder les discours et les programmes", appuie-t-il. Le second, Pascal Wintzer, est plus prolixe. "Nous sommes dans une situation politique difficile (...) Je ne vois pas pourquoi un responsable religieux ne s'exprimerait pas", explique à franceinfo l'archevêque de Poitiers. Il souligne que son choix, "personnel", "n'engage pas l'Eglise catholique" et ne signifie pas qu'il est "pro-Macron". "Je dis quel est mon choix, je ne dis pas que ceux qui auraient un autre choix sont de mauvais catholiques", ajoute-t-il.
S'il comprend le vote des électeurs du Front national – "Une bonne partie de la France n'est pas prise en compte (...), Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon font échos à cette souffrance." –, l'homme d'église estime que "les solutions que proposent Marine Le Pen ne sont pas opérantes. Il faut plutôt aider la France à s'intégrer dans le monde tel qu'il est, plutôt que de la renfermer au sein de ses frontières. Ce serait la paupérisation de la France."
Interrogé sur le silence de leurs homologues, les deux hommes insistent sur la sensibilité du sujet.
Pour nous, c’est très difficile. Nous devons respecter nos fidèles, dont un certain nombre voteront Marine Le Pen au second tour
Marc Stenger, évêque de Troyesà franceinfo
"Je comprends l'attitude de mes confrères qui ne veulent pas ajouter de la division à la division", abonde Pascal Wintzer. S'il n'a reçu que des messages d'approbation pour le moment, l'archevêque sait bien que son point de vue "ne sera pas partagé par tout le monde" dans son diocèse.
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