Légion d'honneur à des harkis : "Avec une loi de reconnaissance et de réparation, on pourra passer à autre chose"
Ahmed Mestar fait partie des 26 personnes promues dans l'ordre de la Légion d'honneur en tant qu'anciens combattants ou représentants d'associations.
Pour Ahmed Mestar, la décision d'Emmanuel Macron de décorer 26 anciens combattants ou représentants d'associations est une reconnaisance et une évidence. "L'histoire des harkis, c'est l'Histoire de France", dit-il. À 65 ans, Ahmed Mestar, un ancien gendarme, préside l'association vendéenne d'anciens combattants et rapatriés d'Algérie.
Quand on me remettra cette décoration, je penserai à mon père.
Ahmed Mestarà franceinfo
Comme une vingtaine d'autres harkis, il est promu au grade de chevalier de l'ordre national du mérite en tant que représentant de fédérations. Une distinction qui ravive des souvenirs, pas les meilleurs, notamment son arrivée en France, après la guerre. "On a été relégués dans des camps de transit avec des fils barbelés etc... Moi j'avais neuf ans en arrivant en France, on nous a amenés dans des camions bâchés jusqu'à Rivesaltes et là, il y avait un millier de tentes de l'armée où on nous a placés", raconte Ahmed Mestar.
On a passé notre premier hiver, en 1962-1963, dans ces tentes en subissant la tramontane et la neige. Des personnes âgées et des nouveaux nés sont d'ailleurs décédés.
Ahmed Mestarà franceinfo
Pour Ahmed Mestar, l'État devrait voter une loi de reconnaissance et de réparation. "Le 25 septembre 2016, François Hollande a reconnu officiellement la responsabilité de l'État dans l'abandon et la relégation dans des camps de ceux qui ont réussi à venir en France", explique-t-il. "Maintenant, ce qu'on voudrait du président de la République, c'est une loi de reconnaissance et de réparation. On voudrait que la première génération soit vraiment aidée parce qu'il n'en reste pas beaucoup, et avec une loi on passera enfin à autre chose", conclut Ahmed Mestar.
Vers un fond de réparation et de solidarité
Selon l'Office national des anciens combattants, il y aurait 7 000 harkis toujours en vie, 5 000 d'entre eux bénéficient actuellement d'allocations de reconnaissances, largement insuffisantes pour de nombreuses associations. Un rapport remis en juillet au gouvernement à la demande du président préconise la création d'un fond de réparation et de solidarité de 40 millions d'euros et la pleine reconnaissance par le Parlement des souffrances subies par les harkis et leur familles.
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