De "grandes leçons de morale" : le rédacteur en chef de Laurent Delahousse répond aux critiques après l'interview d'Emmanuel Macron
"Nous nous fichons comme d'une guigne des bons usages mondains d'une corporation qui fascine moins nos contemporains qu'elle ne les agace", a écrit Jean-Michel Carpentier dans une tribune publiée, mercredi, dans "Le Figaro".
"Ami, entends-tu cette étrange chasse aux sorcières qui ne présage rien de bon." Dans une tribune publiée dans Le Figaro, mercredi 20 décembre, Jean-Michel Carpentier, rédacteur en chef de Laurent Delahousse, répond aux critiques émises à la suite de l'interview d'Emmanuel Macron diffusée, dimanche 17 décembre, sur France 2.
"Dans la soirée de dimanche, tout le monde s'était entendu pour souligner le caractère original et riche de ce moment de télé, écrit Jean-Michel Carpentier. Et le lendemain, patatras, nous avons assisté à un déluge de ricanements, de dénigrement professionnel, d'insultes personnelles et de grandes leçons de morale", poursuit-il.
Le président ne savait "rien de cet exercice de déambulation"
Le journaliste affirme que le président de la République ne savait "rien de cet exercice de 'déambulation'". "Nous avons pris dix minutes pour le repérage et filmé un plan-séquence de quarante minutes, dont nous n'avons rien enlevé d'autre que des 'scories' techniques", détaille-t-il. Et de préciser : "Cette idée nous trottait dans la tête depuis longtemps, car Laurent Delahousse l'avait déjà proposée à Nicolas Sarkozy, puis à François Hollande. Sans suite."
"Fallait-il l'audace, voire l'arrogance, d'oser briser le sacro-saint totem, celui d'un journalisme assis à la table de son hôte, à son étiage en quelque sorte ?", fait mine de s'interroger Jean-Michel Carpentier.
"Jean-Luc Delahousse de la Flagornette", "le pire du journalisme français"
De nombreux journalistes ont dénoncé le ton de Laurent Delahousse qu'ils ont jugé complaisant. "En terme d'impertinence, on était un peu sur Laurent Weill interviewant Brad Pitt à Cannes", a critiqué Matthieu Noël sur Europe 1, évoquant un "Jean-Luc Delahousse de la Flagornette déambulant dans l'Elysée avec le président quasi main dans la main".
Michel Rose, le correspondant de l'agence Reuters à l'Elysée, a sévèrement tâclé la prestation de Laurent Delahousse. "L'une des questions les plus dures de cet entretien : 'L'arbre de Noël est dans la cour de l'Elysée. C'est la fin de l'année, que voulez-vous dire aux Français ? N'ayez pas peur ?' La déférence journalistique française à son pire niveau", a-t-il écrit sur Twitter.
One of most hard-hitting questions in Macron’s interview: "Here’s the Christmas tree in the courtyard. It’s the end of the year, what do you want to tell the French - don’t be afraid?". Deferential French journalism at its worst. #Macron20HWE pic.twitter.com/cG3yTw6ENf
— Michel Rose (@MichelReuters) 17 décembre 2017
Un journaliste de L'Obs a ironisé sur le ton de Laurent Delahousse.
Laurent Delahousse interviewant Emmanuel Macron : les moments essentiels. pic.twitter.com/gPTWktQbuh
— Pascal Riché (@pascalriche) 18 décembre 2017
"Quand on fait du journalisme, qu'est-ce qu'on fait ? On pose des questions précises et celui qui est en face, il doit y répondre !", s'est agacé Jean-Jacques Bourdin, de RMC et BFMTV.
"Quand on fait du journalisme, qu'est-ce qu'on fait ? On pose des questions précises et celui qui est en face, il doit y répondre !"
— RMC (@RMCinfo) 18 décembre 2017
➡ L'agacement de @JJBourdin_RMC quand @ericbrunet défend l'interview de #MacronJT20HWE #BourdinDirect pic.twitter.com/CgqXxrNA8j
Des critiques balayées par Jean-Michel Carpentier : "Nous nous fichons comme d'une guigne des bons usages mondains d'une corporation qui fascine moins nos contemporains qu'elle ne les agace", écrit-il, rappelant que Laurent Delahousse a interrogé de nombreux politiques, réalisé des documentaires sur des personnalités polémiques et a également donné la parole à de nombreux Français "qui souffrent et qu'on laisse s'exprimer au fil des reportages".
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