"Factieux", "décivilisation", soutien à Gérard Depardieu : retour sur les phrases polémiques d'Emmanuel Macron en 2023

Le président de la République a pris l'habitude de provoquer le débat par le choix de ses mots et de ses expressions, quitte à susciter l'indignation des oppositions. L'année 2023 n'a pas fait exception.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron, le 12 décembre 2023, à l'Elysée, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

"Il y a des petites phrases que j'assume totalement", expliquait Emmanuel Macron en avril dernier face à des lecteurs du Parisien. Le chef de l'Etat est un habitué des formules chocs qui provoquent des polémiques. En utilisant notamment des mots "factieux" ou encore "décivilisation", il a poursuivi cette stratégie en 2023. Retour sur ces petites phrases qui ont suscité la polémique.

"Qui aurait pu prédire la crise climatique ?"

Quelques heures avant le début de l'année, Emmanuel Macron crée une polémique sur le dossier du climat. "Qui aurait pu prédire (...) la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ?", lance le chef de l'Etat lors de ses vœux télévisés pour 2023, provoquant la colère de militants écologistes et de scientifiques.

Des experts rappellent alors que le premier rapport du Giec datait de 1990, sans compter les travaux antérieurs de nombreux chercheurs comme le vulcanologue Haroun Tazieff. "Allô Jupiter, ici la Terre : il fait 22°C à 22 heures, un 1er janvier", commente, laconique, le climatologue Christophe Cassou. Deux semaines plus tard, Emmanuel Macron s'explique sur sa formulation, assurant avoir été "mal compris" et avoir voulu délivrer "un message d'alerte écologique". Le chef de l'Etat termine d'ailleurs l'année avec une tribune publiée dans Le Monde pour rappeler que l'objectif de sortir des énergies fossiles n'est "pas négociable".

"Les factieux et les factions"

"On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions", lâche-t-il le 22 mars lors d'une interview sur TF1 et France 2, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites, des termes qu'il a déjà employé pendant la crise des "gilets jaunes". "Mépris", "arrogance", "déni" : plusieurs responsables politiques de gauche s'insurgent de cette expression, y voyant une comparaison entre des manifestants pacifiques et les émeutiers du Capitole américain et du Brésil.

"On ne peut accepter ni les factieux ni les factions", déclare Emmanuel Macron
"On ne peut accepter ni les factieux ni les factions", déclare Emmanuel Macron "On ne peut accepter ni les factieux ni les factions", déclare Emmanuel Macron (FRANCE 2)

Mi-avril, quelques jours après la promulgation de la loi, le président fait son retour sur le terrain après des mois de crise, accueilli au son des casseroles en Alsace. "Je ne crois pas qu'ils cherchent à parler, ils cherchent à faire du bruit.  (...) C'est pas des casseroles qui feront avancer la France", réagissait-il devant des journalistes. Il renchérit le lendemain, dans l'Hérault : "Les œufs et les casseroles, c'est pour faire la cuisine chez moi."

"Un processus de décivilisation" 

Emmanuel Macron déplore, le 24 mai, en Conseil des ministres, "un processus de décivilisation" de la société française face à la recrudescence des agressions contre des élus et des agents publics. A-t-il emprunté le terme polémique à l'idéologie d'extrême droite ? Oui, accuse la gauche qui crie à l'instrumentalisation. Non, rétorque l'exécutif, qui dément tout coup politique.

"Il faut s'atteler à reciviliser", réitère, le 23 août, le président après les émeutes du début de l'été. Tout en soulignant que "90%" des auteurs des émeutiers sont nés en France, il invoque "un problème d'intégration et de refondation de la nation". Fin juin, au cœur des violences, une autre phrase du chef de l'Etat a créé la controverse : "On a le sentiment que certains [émeutiers] vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués."

"Faire le tour du Vieux-Port pour trouver du travail" 

"Je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu'il y a dix offres d'emploi", assure Emmanuel Macron à la mère d'un demandeur d'emploi, le 26 juin, à Marseille. Une phrase qui rappelle, cinq ans auparavant, son fameux "Il n'y a qu'à traverser la rue" pour trouver du travail, lancé à un jeune horticulteur au chômage.

Macron à Marseille : "Quand j'étais jeune, je disais qu'il suffisait de traverser la rue" pour trouver du travail

Le président a déjà fait référence à cette phrase lors d'un déplacement à Dunkerque quelques semaines plus tôt : "Il y a quelques années, ça m'avait valu beaucoup d'ennuis, je disais qu'il suffisait de traverser la rue, là, il faut faire un mètre." Après ces nouvelles petites phrases, la gauche monte de nouveau au créneau, dénonçant le "mépris du peuple" du chef de l'Etat. 

Gérard Depardieu "rend fière la France" 

Gérard Depardieu "rend fière la France", déclare le président le 20 décembre sur le plateau de C à vous sur France 5, se disant un "grand admirateur" de l'acteur, visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle, et mis en examen dans l'un des deux cas. Emmanuel Macron dénonce une "chasse à l'homme" après la diffusion du numéro de "Complément d'enquête" sur l'artiste. Le chef de l'Etat suscite la colère des associations féministes et renforce une guerre interne sur le sujet dans le cinéma français.

Macron sur Depardieu

Invoquant "la présomption d'innocence", il désavoue sa ministre de la Culture. Quelques jours plus tôt, Rima Abdul Malak a estimé que les propos de l'acteur rapportés dans "Complément d'enquête" faisaient "honte à la France". Elle a annoncé qu'une "procédure disciplinaire" serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur à son encontre. "Il y a parfois des emballements sur des propos tenus", tacle le président, selon qui la Légion d'honneur "n'est pas là pour faire la morale".

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